Samedi 27 avril à 18 heures
Salle de l’Esplanade du Pic Saint-Loup – Beaulieu (34160)
Jardiner avec peu d’eau, un défi nécessaire ?
Samedi 27 avril, l’Association Restinclières Beaulieu pour le Respect de l’Environnement organisait sa 12e édition de « Regards croisés ».
Environ 90 personnes étaient présentes originaires de Beaulieu et des communes environnantes.
Jacqueline Taillandier, présidente d’A.R.B.R.E a rappelé les buts poursuivis par l’association créée en 2011 et reconnue d’intérêt général, notamment l’éducation à l’environnement des enfants des écoles des deux communes.

Elle présente les deux intervenants hautement qualifiés de la soirée venus traiter du thème « Jardiner avec peu d’eau, un défi nécessaire ? » à l’invitation d’Yves Caraglio, botaniste et chercheur au CIRAD , référent scientifique de l’association.
Véronique Mure, Botaniste et Ingénieur agronome, en charge des aménagements extérieurs du site du Pont du Gard de 1998 à 2002 et du Jardin des migrations à Marseille, propose de modifier notre regard du jardin méditerranéen en respectant les cycles des plantes. Ses trois maîtres mots sont « Capter, Conduire, Stocker » l’eau que ce soit pour la collectivité à l’échelle d’un territoire ou pour l’individu à l’échelle de son jardin. Elle n’hésite pas à remonter le temps pour citer des exemples fameux d’alimentation en eau de territoires comme la ville de Nîmes avec le Pont du Gard, la région de la Crau avec le canal de Craponne ou les palmeraies au Maroc.
Opposée aux techniques d’arrosage automatique qui éloignent du végétal, elle préconise un arrosage « juste » qui tient compte des besoins de chaque plante. L’essentiel est de tirer les racines vers le bas pour permettre à la plante d’être autonome et de pouvoir gérer les périodes de sécheresse. Pour cela elle propose de planter « petit », d’arroser manuellement, de mettre les plantes à l’abri des morsures du soleil et du vent et d’utiliser le paillage.
En conclusion, elle suggère de lier le jardin à son environnement.

Marc Dufumier, Agronome, professeur honoraire à AgroParisTech et Président de la Fondation René Dumont témoigne de sa longue expérience d’agroécologue dans plusieurs régions du monde. Pour lui, il convient de mettre en œuvre les techniques permettant de nourrir correctement et durablement une population mondiale de plus en plus nombreuse tout en assurant un revenu décent aux agriculteurs de manière à enrayer l’exode rural et sans préjudice pour le cadre de vie.
Dans un contexte de dérèglement climatique, de mondialisation croissante des échanges agricoles, du poids des oligopoles, de l’extension des villes et de la raréfaction des ressources naturelles non renouvelables, il convient de mettre fin aux errements du passé. C’est l’objet de l’agro-écologie.
Pour cela il préconise la mise en place d’une couverture végétale maximale, l’utilisation des rayons solaires -une énergie gratuite et renouvelable-, alliée à celle du gaz carbonique, l’association des cultures qui permet plusieurs récoltes, le stockage de l’eau dans le sol en supprimant les ruissellements. Il est favorable à la réimplantation de la culture des légumineuses en France, à l’association étroite de l’agriculture et de l’élevage et au développement des circuits courts. Du côté de l’eau il suggère d’utiliser au mieux les pluies saisonnières. Il faut retenir dans les nombreuses démonstrations issues des expériences vécues et étudiées par Marc Dufumier que l’avenir réside dans la préservation de la vie des sols.
Les deux intervenants se sont entendus que pour cultiver avec peu d’eau il faut arroser juste, utiliser au maximum les ressources naturelles du soleil et de la pluie pour respecter les stratégies des plantes.

Avec un public très nombreux, les échanges ont été fructueux et se sont poursuivis autour d’un repas partagé. Les deux conférenciers ont volontiers dédicacé quelques uns de leurs ouvrages disponibles à la vente.


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Régine Paris avec la relecture attentive d’Yves Caraglio.








