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Les fleurs près de chez vous

Samedi 21 avril 2018

Quartier du Bois du renard à Beaulieu

Compte rendu de la sortie découverte des fleurs sauvages

Vingt-six personnes se trouvaient au départ de cette sortie botanique proposée par l’ARBRE et animée par Yves Caraglio. Le choix du lieu n’était pas anodin, puisqu’il s’agit d’un environnement récemment urbanisé, où des espaces boisés et des clairières ont toutefois été préservés. Le comportement des plantes et leur floraison sont donc particulièrement intéressants à observer en pareil cas.

Les premières fleurs rencontrées n’étaient pas sauvages, puisque du romarin a été planté à l’orée des noues, permettant de retenir l’eau sans bétonner davantage. Le groupe a poursuivi son chemin sous les pins d’Alep et les chênes verts bordant un ancien chemin de carriers, bien visible au sol à l’usure des pierres par les roues métalliques des charrois. Premier arrêt pour observer les petites fleurs jaunes des buissons du genêt scorpion (genre Genista), avec leurs tiges hérissées de piquants bien acérés. Ils appartiennent à la famille des fabacées (fèves), puisque leurs fruits sont contenus dans un petit haricot. Yves nous en distribue quelques fleurs, pour nous montrer les parties mâles et femelles -étendard double, comme un petit casque sur le dessus et en-dessous, comme un petit bec, la carène. A quelque distance, on aperçoit un autre buisson à fleurs jaunes, la coronille, une autre fabacée mais dont les fleurs sont disposées en couronne.

1-coronille

Yves Caraglio décrit la coronille.

Un second arrêt devant une superbe euphorbe, la Characias ou grande Euphorbe, très répandue dans nos garrigues. Yves nous montre que sa tige contient un suc blanc épais, du latex (comme dans l’hévéa qui appartient à la même famille botanique) très corrosif. Les petites taches noires des fleurs sécrètent du liquide sucré attirant les insectes pollinisateurs et plus particulièrement les fourmis. Yves dessine la fleur, la partie femelle avec ses 3 loges qui contiendront les graines et à la base, la partie jaune (étamines) qui est la partie mâle.

2-Euphorbe-characias-ou-Grande-Euphorbe

Le groupe pénètre dans une pinède bordée de maisons sur la gauche et s’arrête pour examiner les petites fleurs mauves d’un parterre de trèfles – encore des fabacées, avec les fruits contenus dans des petites gousses avec une sorte de dent poilue à la base. On observe de près la fleur mauve, avec ses 5 pétales en corolle, qui disparaîtront plus tard, tandis que le calice (5 sépales), persistera.

A l’orée d’une clairière qui embaume le thym (Thymus Vulgaris), nouvel arrêt pour étudier la floraison de cette plante omniprésente dans le Midi. Nous observons les 4 lobes bien visibles de la petite fleur et apprenons qu’un cinquième est soudé à l’ensemble le tout formant un petit tube. Il existe une soixantaine d’espèces de thym en Europe, onze sont présentes en Sibérie (!). Il appartient à la famille des labiées ou lamiacées, des plantes dicotylédones. Chez le Thym, certains individus n’ont que des parties mâles, ou bien femelles. On observe le calice vert, soudé, en-dessous, tandis que la corolle, dessus, est colorée pour attirer les insectes.

Voici ensuite une belle orchidée sauvage, le limodore qui ressemble un peu à une grosse asperge violette. Yves explique que l’insecte pollinisateur qui visite une autre orchidée, la Barlia ou Himantoglosse vient chercher une récompense et il repart avec les pollinies (les parties mâles de la fleur). Il s’agit d’une récompense d’ordre gustatif (nectar), ou bien d’ordre sexuel, comme dans le cas de l’ophrys bécasse juste à côté (espèce d’orchidée), où le grand pétale (le labelle) mime la femelle de l’insecte. En l’absence de femelles, l’insecte mâle attiré par l’odeur de phéromone de la plante tente de s’accoupler avec le… labelle. Si aucun insecte ne vient visiter la fleur de l’ophrys les pollinies vont fléchir et féconder la fleur et la reproduction s’effectuera par autofécondation.

Plus loin, dans une autre clairière, le sol est tapissé de plantes à petites fleurs bleues – c’est l’aphyllante de Montpellier, un monocotylédone (liliacées) composé de tiges et de fleurs, sans feuilles apparentes. En fait, il existe bien une feuille, mais transparente – c’est la tige verte qui fait la photosynthèse. La fleur se compose de 3 pièces externes et 3 pièces internes toutes de la même forme et de la même couleur ; on parle ici de tépales plutôt que de calice et corolle.

Un petit garçon demande des précisions sur les classifications botaniques, souvent difficiles à comprendre pour les profanes. Yves explique que l’être humain aime classifier et répertorier ce qui l’entoure mais les critères peuvent changer avec le temps et le degré de connaissances.  La classification dite « classique » en botanique est celle de Linné, un naturaliste suédois né en 1707. Pour la petite histoire, l’aphyllante est dite « de Montpellier » car Linné recevait bon nombre d’échantillons de plantes des universitaires montpelliérains, renommés pour leur excellent niveau, notamment en botanique.

La fumeterre, rencontré au bord d’un sentier, appartient à la famille des papavéracées (pavot, coquelicot), même si à première vue, il ressemblerait à une fabacée. Mais c’est son éperon à l’arrière de la fleur qui le distingue. Les fleurs poussent en grappe, et la plante possède des vertus médicinales. Le groupe s’arrête ensuite autour de plantes à jolies fleurs roses – des vrais géraniums sauvages, et non des pélargoniums, comme les prétendus géraniums qu’on achète en pots. Celui-ci, dit géranium de Robert, n’a pas une odeur très agréable. La feuille comporte des nervures partant d’un seul point ; certaines espèces sont très découpées (Erodium).

Des petites fleurs d’un jaune très lumineux tapissent le sol d’une partie de la clairière ; c’est la potentille, une rosacée comme le fraisier et l’abricotier. La fleur comporte 5 pièces disposées en cœur, avec en son milieu – plein d’étamines. Comme le fraisier, la potentille est une plante rampante.

Yves propose à ceux que cela intéresse de faire des inventaires, c’est-à-dire des herbiers, des plantes séchées dans les pages d’un annuaire, par exemple, afin de vérifier les cycles de vie des plantes d’une année à l’autre, en milieu ouvert (ici, par la construction du lotissement).

Sur le chemin du retour, on découvre de beaux buissons d’aubépine à fleurs blanches (même famille que le pommier et l’églantier). C’est un Crataegus monogyne (une seule pointe au centre), proche de l’azérolier (la pommette) ou le rosier, très épineux.

Le bord du sentier est tapissé de pâquerettes, des astéracées portant des fleurs qui naissent sur une inflorescence appelée capitule. Les fleurs du pourtour ne sont pas des pétales mais des fleurs en forme de languette. Celles du centre, jaunes, appelées fleurs tubuleuses, parce que leur corolle forme un tube, sont hermaphrodites. Ainsi, ce qu’on considère ordinairement comme une fleur de pâquerette n’est pas, du point de vue botanique, une fleur unique mais un capitule portant de très nombreuses fleurs.

La plante à fleurs blanches qu’on découvre ensuite est la fausse roquette (Diplotaxis Erucoides), de la famille des crucifères avec leurs pétales blancs disposés en forme de croix, c’est la famille du chou que l’on nomme maintenant la famille des Brassicacées.

Nous atteignons la fin du parcours en boucle, un bassin de rétention (la plupart du temps, totalement sec), aménagé pour partie en amphithéâtre pour des spectacles ou, comme aujourd’hui, un cours de botanique… Les participants s’assoient en demi-cercle autour d’Yves pour un récapitulatif sur les fleurs rencontrées en chemin.

8-fin-sortie-botanique

Il nous dessine la tige, le pédoncule, le réceptacle des pièces de la fleur. Les plus externes sont les sépales formant le calice ; leur nombre varie de 3 pour les monocotylédones, à 5 voire 6. A l’intérieur, les pétales et au centre, l’ovaire avec un style. Autour de l’ovaire, les étamines et le pollen dans les anthères. Certaines ont un réceptacle plus évasé, avec sépales, pétales, étamines, et l’ovaire en-dessous, au fond du réceptacle.

L’ovaire peut être infère (en dessous) ou supère (au dessus de la fleur), le développement du fruit le montre bien. Exemple : la courgette, c’est l’ovaire (graines à l’intérieur), et les pièces colorées de la fleur sont au sommet.

L’observation des fleurs aurait été différente dans les carrières, où la pierre a été extraite pendant longtemps. Après cette perturbation à long terme, le terrain a cependant été recolonisé peu à peu par de nombreuses espèces de plantes.

Les trois phases de la botanique peuvent se réaliser dans des sorties plus poussées : reconnaissance (détermination), inventaire, puis classification. Certains participants aimeraient en faire ultérieurement un essai. A suivre, donc…

Merci à Yves pour cette promenade instructive (et parfumée), en cet après-midi ensoleillé d’avril, propice aux découvertes botaniques.

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Louise Achard
avec la relecture de Yves Caraglio

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