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Sortie chauve-souris 

Samedi 26 août 2023

À l’occasion des Journées Internationales de la Chauve-Souris, l’association A.R.B.R.E a renouvelé son invitation à découvrir les us et coutumes de cet animal singulier présent dans notre environnement proche.

À 20h30, chemin des vignes À Beaulieu, 22 adultes et 7 enfants étaient présents. Les deux animateurs, Jules Teulières et Aurélia Dubois, avaient installé leur matériel, des photos, des ouvrages spécialisés et des peluches de chauve-souris sur deux tables de camping au point haut de la station de relevage.

Jules est un spécialiste au niveau national de la chauve-souris : un chiroptérologue. Il rappelle son cursus universitaire et précise qu’il travaille pour un bureau d’études basé à Pézenas. Aurélia qui avait animé le 24 mars la sortie Amphibiens est Chargée d’études naturaliste et Animatrice environnement. Ce soir elle sera l’assistante de Jules. Par le passé ils ont travaillé ensemble.

En introduction, Jules indique qu’il existe environ 2 000 espèces connues de chauves-souris dans le monde dont 36 en France. La plus grosse a une envergure de 60 cm et la plus petite en France -la pipistrelle pygmée– pèse 2 grammes. Chez nous elles sont toutes nocturnes ce qui n’est pas toujours le cas dans le reste du monde comme la roussette active qui est diurne. Elles appartiennent à la famille des chiroptères (traduire : mains et ailes). Leur population a été multipliée par dix ces cent dernières années en raison de la diminution de leurs prédateurs. Elles vivent en groupes, les mâles d’un côté, les femelles de l’autre, sauf pendant la période de reproduction. Chez nous elles sont plutôt monochromes oscillant entre le noir, le gris, le brun. Dans le reste du monde on peut en trouver de toutes les couleurs. 

Contrairement à une idée reçue elles voient très bien la nuit, comme le chat.

Plutôt que de démarrer la soirée par un exposé général, Jules propose des échanges interactifs.
C’est un mammifère ? Oui répond un enfant car elle nourrit ses petits.
Les chauves-souris sont sensibles à la pollution lumineuse. Dans le noir on passe de trois à dix espèces observées.   
Elles volent bas et sont donc sensibles au relief. Leurs prédateurs naturels sont les rapaces, les perruches à collier mais aussi les fouines et les martres.

Elles nichent dans les arbres, dans les greniers et sous les ponts. Elles occupent plusieurs habitats en fonction de leurs déplacements. Elles peuvent parcourir jusqu’à 50 km pour chasser. Pour les observer on les équipe de petits émetteurs. Le bagage ne se fait plus en France. Elles souffrent d’une fragilité cardiaque et leur étude récente depuis une cinquantaine d’années est très encadrée. Jules indique qu’il est en formation depuis trois ans pour apprendre à les capturer. Pour saisir une chauve-souris, il faut mettre des gants. Son cœur bat très vite et blessée elle saigne abondamment. Le centre de secours des chauve-souris se situe pour le département de l’Hérault à Villeveyrac, équipée de nombreuses éoliennes… 
On les trouve souvent la tête en bas en fonction de l’habitat mais ce n’est pas une règle.

Jules nous indique comment fabriquer un gîte à chauve-souris avec deux planches de bois non traité, des côtés qui ne doivent pa dépasser 2 cm et une zone pour leur permettre de s’accrocher et qui leur sert de piste d’atterrissage. On fixe le gîte sur un arbre ou un mur, à deux mètres de hauteur avec une orientation sud-est pour avoir de l’ombre. Il faut rechercher la stabilité et prévoir trois entrées : par-dessous, derrière et devant. Il faut trois ans pour qu’elles s’installent et elles changent de gîte chaque année. Souvent au sortir de l’hiver, en février, elles manquent de gîtes.

Elles se nourrissent principalement d’insectes (moustiques, sauterelles, criquets…) mais aussi de petits poissons à la surface de l’eau et peuvent absorber jusqu’à 3 000 moustiques en une nuit sauf les moustiques tigre qui dorment la nuit… La plus grande arrive à manger une mésange en plein vol… En réponse à une question, Jules précise qu’elles chassent seules. Un auditeur demande si elles ont souffert des campagnes de démoustication. Il précise que cela n’a pas été étudié. 

Leurs crottes -le guano- composées de paillettes qui s’effritent constitue un excellent engrais : une cuillère à café de guano dans un arrosoir garantit le plus beau jardin !

La reproduction a lieu en automne pour une naissance en mai. Compte tenu de l’hibernation, la gestation dure un ou deux mois. A la naissance, le bébé a la taille de la moitié de celle de sa mère. Aurélia fait circuler une photo d’une nurserie. Les bébés chauve-souris naissent nus et sans poils. Les adultes s’affairent autour d’eux et s’organisent pour les nourrir à tour de rôle. Leur durée de vie est estimée en moyenne à 15 ans même si on en a trouvé une âgée de 36 ans…

Elles émettent des ultra-sons -des cris sociaux-. Elles parlent entre elles pour défendre notamment leur territoire. Scientifiquement on transforme les sons pour les rendre audibles. Le premier appareil a été inventé par un horloger vendéen il y a 80 ans. Chaque chauve-souris a sa fréquence. Jules nous fait la démonstration. Il faut quand même avoir une bonne oreille. C’est l’écholocation qui leur permette d’identifier leur environnement. Une application grand public existe mais elle est d’une utilisation très compliquée.

Grâce à la caméra thermique, on peut deviner sur l’écran de la tablette le passage de plusieurs chauves-souris.

Une auditrice demande si l’on connaît la population de chauves-souris à Beaulieu ? C’est difficile à évaluer mais ce qui est sûr c’est que la population globale diminue en raison de la chaleur néfaste faute de gîte idéal, des éoliennes, des voitures, de la pollution lumineuse… Les éoliennes créent de la pression qui font exploser les chauves-souris de l’intérieur. Des études ont été menées pour savoir quand elles sont présentes. On coupe alors les éoliennes. Ça marche bien. Pour décider de leur installation, on tient compte de leur impact sur les colonies de chauve-souris. Idem pour les oiseaux. Les fermes solaires les intriguent : elles les confondent avec un plan d’eau. Cela crée une petite perturbation sans les blesser.

En conclusion, Jules rappelle que la chauve-souris est souvent ressentie comme inquiétante et susceptible de transmettre des maladies. Elle peut en effet être porteuse de la rage et la transmettre en mordant d’où le port des gants pour la saisir. Mais dans certains pays elle est considérée comme un animal sacré. 

Elle fait peur : un peu vampire ! Il existe bien quatre espèces de vampires mais qui ne prélèvent qu’une cuillerée à café de sang en une nuit… donc pas de quoi s’affoler. 

Un enfant demande à Jules quelle est sa chauve-souris préférée ? C’est la sérotine bicolore !

Au début de la séance Jules avait fait allusion à une légende qui remonte au moyen-âge selon laquelle les chauves-souris aimaient s’emmêler dans les cheveux et qui était destinée à effrayer les jeunes filles. Heureusement il n’en est rien.

Il nous conseille de regarder le film intitulé « Une Vie de Grand Rhinolof [1] » tourné en Camargue en 2014 par Tanguy Stoecklé (durée : 49 mn) et récompensé par plusieurs prix prestigieux. On peut voir naître les bébés chauve-souris. A visionner gratuitement sur Youtube.

À 22 heures chacun.e a pu regagner ses pénates en scrutant le ciel dans l’espoir d’y deviner le vol d’une chauve-souris.

Compte-rendu fait par Régine Paris, secrétaire de l'A.R.B.R.E

[1] Il y a au cœur de la Camargue une fabuleuse colonie de Grand Rhinolophe. Cette espèce de chauve-souris est l’une des plus étonnantes. Véritable petit clown doté des toutes dernières technologies biologiques, le Grand Rhinolophe est aussi rare que mystérieux. « Une vie de Grand Rhinolophe » vous invite à partager la vie d’une jeune femelle et de sa mère, pour le meilleur et pour le pire… 

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À l’écoute des chauves-souris

Pipistrelles de Kuhl (wikipedia.org)
Samedi 27 août 2022

Dans le cadre de la nuit des chauves-souris, l’association A.R.B.R.E  organisait une soirée d’observation et d’écoute de ces petits mammifères.

Samedi soir à partir de 20h30, 26 personnes étaient présentes au rendez-vous fixé à l’ancien quai de décharge à Beaulieu. Cette sortie était animée par Aurélia Dubois, naturaliste, et Jules Teulières, chiroptérologue.

L’observation directe des chauves–souris étant très difficile, Aurélia et Jules avaient amené le matériel approprié soit une caméra thermique permettant d’observer les trajectoires de vol et un micro permettant d’écouter et d’analyser les sons des chauves-souris. 

Image de la caméra thermique.
Écoute et analyse des sons de chauves-souris

L’animation a débuté par un échange avec les participants portant sur la perception que l’on peut avoir des ces animaux : les chauves-souris suceuses de sang, s’accrochant aux cheveux et autres représentations négatives de ces mammifères.

Les explications passionnantes nous ont permis de mieux connaitre le monde des chauves-souris.

Voici quelques exemples :

  • L’étymologie d’abord
    Le terme chiroptère signifie « mains ailées », la chauve-souris est seul mammifère à vol actif.
  • Ouïe et écholocation
    Pour l’écholocation le fonctionnement est identique à celui d’un sonar, la chauvesouris produit des cris en ultrasons et capte en retour l’écho renvoyé par les obstacles. Cet écho leur permet de localiser avec une précision extraordinaire les objets (taille et mouvement) et leurs proies (moucherons, moustiques, papillons).

Les chauves-souris européennes sont essentiellement insectivores. De plus, la chauve-souris a une bonne vision nocturne.

Au cours de la soirée Aurélia fait observer les chauves-souris à la caméra thermique tandis que Jules a identifié les espèces présentes grâce au micro enregistreur car chaque espèce produit des ultrasons à des fréquences différentes.

Sur le site de Beaulieu, 6 espèces étaient présentes : Pipistrelles de Kuhl, Pipistrelle commune, Pipistrelle pygmée, Vespère de savi, Sérotine commune et Noctule de Leisler.

Ont été abordés les problèmes de déclin des populations de chauves-souris, déclin principalement dû aux activités humaines (pesticides donc raréfaction de la nourriture, pollution lumineuse, prédateurs comme les chats, la fragmentation des habitats par les routes par exemple …)

Maintenant toutes les espèces de chauves-souris sont protégées et des plans de restauration et de protection sont mis en place.

La soirée s’est terminée à 22h30, les participants enthousiastes remercient chaleureusement Aurélia et Jules pour toutes ces explications.

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Compte-rendu rédigé par Jean-Paul Taillandier.

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