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Conférence géologie

Changements climatiques – Extinctions
Ce que nous enseigne la géologie

Samedi 2 décembre 2023 avec Dominique Gayte

En parallèle à la COP 28 qui se tient à Dubaï aux Émirats arabes unis -coïncidence des calendriers-, l’association A.R.B.R.E a réuni une cinquantaine de personnes pour évoquer les changements climatiques et l’extinction d’espèces sous l’angle de la géologie.
Cette conférence fait suite à deux sorties sur le terrain conduites par Dominique Gayte.

A l’aide d’un diaporama il nous présente les grandes évolutions du climat et des espèces végétales et animales de – 4 milliards d’années à nos jours.
Il débute son propos avec une mise en perspective de l’apparition des différentes formes de vie sur la terre :

  • Dès 4 milliards d’années, apparition de la vie,
  • Il y a 2 milliards d’années, apparition de l’oxygène et des Eucaryotes,
  • 600 millions d’années : explosion cambrienne,
  • 500 millions d’années :  les vertébrés,
  • 400 millions d’années : sortie de l’eau,
  • 200 millions d’années : les mammifères
  • 160 millions d’années : les oiseaux
  • 2,5 millions d’années (?) : genre homo
  • Neandertal : 500 000 (?) 
  • Homosapiens :300 000 (?)

Une charte chrono stratigraphique a été élaborée à partir de la découverte des fossiles.

Une des premières choses que les géologues anciens ont découvert c’est qu’il y avait des renouvellements de faune/flore. Ils en ont déduit un découpage des temps géologiques. 

A partir de la bio stratigraphie (chronologie relative) on a élaboré des ères : primaire (le trilobite), secondaire (les dinosaures), tertiaire et quaternaire (espèce humaine), qui ont changé  de noms : paléozoïque, mésozoïque, cénozoïque (tertiaire et quaternaire)… et en bout de chaîne ce que nous appelons l’anthropocène (impact significatif de l’homme sur la planète que l’on peut faire remonter au néolithique avec les brûlis qui transformaient l’environnement).

Parallèlement, le climat a évolué tout au long de la vie de notre planète . C’est ainsi que les anciens géologues se sont rendu compte que les collines de Lyon (Fourvière et la Croix Rousse) sont d’anciennes moraines (amas de débris rocheux poussés par les glaciers).  Il y avait donc des glaciers à Lyon, il n’y a pas si longtemps que cela (Riss : entre -300 000 et -130 000 ans ). 

Près de Beaulieu, à l’Eocène (40 Ma), on retrouve une faune de pays chaud (tropical) : crocodiles, ancêtres des hippopotames… La dérive des continents peut expliquer une partie de ces évolutions de température, mais pas tout ! Surtout que ces conditions se retrouvent parfois sur tout le globe.

On distingue cinq grandes extinctions La sixième est en cours. 

Mais il y a eu aussi beaucoup de « petites » crises. On parle également de crise écologique ou biologique. Dans tous les cas, on constate des durées relativement brèves, une répartition géographique mondiale et une importante chute de la biodiversité. Le bilan est à nuancer car nous n’avons qu’une vision parcellaire essentiellement liée aux fossiles. Or, il est difficile de retrouver des fossiles de champignons par exemple alors qu’ils sont constitués de beaucoup d’eau… 

On notera dès maintenant une grande dépendance entre l’extinction d’espèces et les changements climatiques.

Au début, si on remonte le temps (vertigineux chez les géologues…), la terre peut être vue comme une grosse boule de lave (– 4,6 milliards d’années) puis il y eut un énorme impact avec Théia, de la taille de la moitié de la Terre (60 millions d’années après le début). De cette collision est née la lune et peut-être les saisons à cause de l’inclinaison de la terre. Sur une période comprise entre 3,8 et 4 milliards d’années, la terre se refroidit, une croûte se forme, des bombardements intenses de météorites ont lieu.  Assez vite on aura l’apparition de la vie (- 3,8 à – 4 milliards d’années ?).Il y a un peu plus de 2 milliards d’années la terre a été recouverte d’une grande couche de glace. On l’appelle « terre boule de neige » et un fort albédo (le pouvoir réfléchissant d’une surface) augmente le refroidissement.

Les gaz à effet de serre

Avec beaucoup de CO2 dans l’atmosphère on aurait dû avoir un effet de serre énorme mais le soleil n’était pas à pleine puissance (environ 70%). La vie autour de – 4 milliards d’années concernait des organismes unicellulaires qui absorbaient de l’oxygène et rejetaient du méthane. Ce gaz à effet de serre sont 25 fois plus puissants que le CO2. Les températures auraient dû exploser. Il y eut semble-t-il un brouillard d’hydrocarbures (du méthane) qui a assuré une protection. De fait il n’y a pas qu’une cause et qu’une conséquence. Il y a un peu plus de 2 milliards d’années, une énorme glaciation transforme la terre en une énorme boule de neige. Grace à la prolifération d’une nouvelle catégorie d’organismes utilisant la photosynthèse, l’oxygène apparaît. Cet oxygène est un poison pour les premières formes de vie.
C’est probablement la première extinction mais qui reste ignorée.
Il y a 750 millions d’années, la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre baisse à tel point que la Terre a perdu environ 50 °C de température moyenne. La cause en est probablement : l’érosion… Les sédiments sont des puits à carbone qui captent le CO2. Plusieurs épisodes ont eu lieu jusqu’à – 600 millions d’années environ et on en est sorti grâce au volcanisme qui a rejeté du CO2…

On voit donc l’importance des gaz à effet de serre – CO2 – Méthane. 

Pendant toute cette phase de glaciation, la vie a continué sous forme d’abord d’organismes unicellulaires (bactéries, stromatolithes) puis des premiers organismes multicellulaires (algues rouges, gabaonites, éponges). A la fin de la glaciation du Cryogénien on note une explosion de la vie multicellulaire : faune d’Ediacara (du nom d’un site en Australie) il y a 630 millions d’années. 

Il y a un peu plus de 500 millions d’années, extinction massive de la faune d’Ediacara et nouvelle explosion de vie ! Apparition de la plupart des embranchements actuels. Certains parlent de big bang zoologique. Une des causes pourrait être l’augmentation de la quantité d’oxygène dans l’eau.

Une nouvelle extinction appelée « Ordovicien-Silurien » il y a 445 millions d’années liée à une importante glaciation et à une grande phase de volcanisme  85 % des espèces ont disparu , recul de la mer sur des centaines de km détruisant les écosystèmes. Deux théories : à l’Ordovicien, colonisation de la terre ferme par les plantes non vasculaires dépourvues de racines, de tiges et de feuilles), altération des sols (silicate) qui a fixé le CO2 donc réduction de l’effet de serre et diminution drastique de la température. La seconde théorie met en avant l’abondance d’algues vertes qui ont piégé le CO2.

Extinction de la fin du Dévonien vers – 370 millions d’années, disparition de 75 % des espèces, surtout littorales, en 20 millions d’années (!) Variations répétées du niveau de la mer et du climat entraînant plusieurs extinctions successives. Apparition des plantes vasculaires (arbres) sur la terre ferme, génération des sols, altération des sols, lessivage de ces sols, matière organique entraînée dans les océans, en mer diminution de l’oxygène et fixation du CO2 (récifs, dépôts de sédiments calcaires). Et aussi volcanisme important, astéroïde…

Extinction du Permo-Trias il y a 252 millions d’années. 95 % des espèces marines et 70 % des vertébrés terrestres ont disparu ! Mais aussi disparition massive des plantes. Ce qui en fait la plus grande extinction identifiée. Ont notamment survécu les ancêtres des dinosaures, des crocodiles et des mammifères. Les causes sont encore troubles mais il y aurait plusieurs hypothèses : l’activité volcanique, le sulfure d’hydrogène (H2S), l’existence d’un continent unique : la Pangée, l’extrême accroissement de la température (50 à 60 °C sur les continents et proche de 40 °C à la surface des océans + d’importants dépôts d’évaporites (par exemple les mines de sels des Alpes : Hallstatt exploitée au Néolithique). 

L’immense activité volcanique durant 1 million d’années a donné les trapps de Sibérie – 2 millions de km² recouverts actuellement, probablement 7 millions à l’époque (en comparaison de la superficie de la France de l’ordre de 550 000 km² et 10 millions de km² pour l’Europe), et jusqu’à 4 km d’épaisseur ▪ Libération de CO2 dans l’atmosphère. 

Le sulfure d’hydrogène – le gaz qui sent mauvais (œuf pourri) et qui est toxique- aurait été massivement libéré dans l’atmosphère suite au réchauffement ; Il est aussi impliqué dans la destruction de la couche d’ozone avec des conséquences néfastes pour les espèces. 

La Pangée :  super continent ayant regroupé quasiment toutes les terres émergées.  Il a donc limité les surfaces de contact terre/mer propices à la vie. Il y a probablement eu de grands bouleversements au niveau des courants marins et aériens qui ont profondément modifié le climat et donc la vie. 

Extinction Crétacé-Paléogène (ou crétacé–tertiaire) il y a 66 millions d’années, la plus proche de nous, donc la mieux connue. Elle a été immortalisée par de nombreux films sur l’extinction des dinosaures (!). Elle a permis notamment l’expansion des mammifères. Deux causes majeures sont évoquées : l’impact d’une météorite avec des traces d’iridium et le volcanisme. Les deux ont contribué à cette extinction massive.

La météorite de Chicxulub au large de la péninsule du Yucatan (Mexique) a laissé un cratère d’impact. L’astéroïde aurait eu une taille de 10 à 80 km de diamètre. On a retrouvé les couches qui illustrent cet évènement dans le Dakota du nord (Tanis) : trace d’un tsunami, mélange d’animaux d’eau douce et marins, dinosaures dans la couche -pas au-dessus-, poissons avec des tectites (billes de verre) dans les branchies. Cet évènement a créé un hiver nucléaire avec la diminution de la lumière solaire, la disparition de nombreuses plantes et de la chaîne alimentaire au-dessus. Le froid aurait éliminé les animaux à sang froid.

Trapps du Deccan formés à la suite d’importantes coulées de lave de plus de 2 000 m d’épaisseur sur 1,5 à 2 million de km², entre 30 000 ans et 1 million d’années,  à l’époque où la plaque Indienne, qui avait quitté le sud de l’Afrique, se trouvait au niveau de la Réunion actuelle.

Les évolutions récentes du climat 
Nous avons des données plus précises avec les carottes glaciaires russes. Le climat évolue régulièrement avec une alternance de phases de glaciation et de réchauffement. Les causes seraient à trouver notamment dans les relations soleil/ terre :

  • Excentricité de l’orbite terrestre (période de 100 000 ans)
  • Oscillation de l’axe de rotation propre de la Terre (inclinaison de l’Écliptique) (40 000 ans)
  • Précessions (axe des équinoxes) (25 000 ans)
  • Cycles d’activité du soleil (11 ans).

Actuellement nous connaissons une phase de réchauffement stable que montrent les courbes Epica et Vostok. Le taux de CO2 a un impact direct sur l’accroissement de la température. Cet accroissement colossal est lié à l’activité humaine.

Et encore plus récemment 

  • Petit âge glaciaire (PAG), période climatique froide qui a touché l’ensemble du globe. 
  • En 1693 et 1694, près de 1,7 millions de Français meurent, autant que durant la Première guerre mondiale. 
  • Retraite de Russie de Napoléon, 1812…

Le Gulf Stream
C’est un courant océanique qui remonte les eaux chaudes des tropiques. Il est responsable d’une relative douceur des côtes bretonnes. Le Gulf Stream peut-il s’arrêter ? Un arrêt a eu lieu en – 6 200 à la suite du déversement d’une énorme quantité d’eau douce dans l’Atlantique nord (lac Agassiz). Cela aurait engendré une baisse de température de 5 °C en Europe pour plusieurs siècles.

Et les extinctions récentes…
Les extinctions ont continué durant le tertiaire et le quaternaire. Les plus récentes sont celles de la mégafaune du Pléistocène. En Eurasie avant la fin de la dernière grande glaciation, on avait une faune de « gros » animaux – Mammouth, ours des cavernes, lion des cavernes, paresseux géant… qui disparait il y a une dizaine de milliers d’années.

Conclusions
La géologie nous enseigne que le climat n’a cessé de varier, entraînant des catastrophes au niveau de la vie. Mais le climat est aussi le moteur des apparitions de nouvelles formes de vie.
Le climat évolue notamment sous l’influence des gaz à effet de serre (volcanisme – vie – et l’Homme a un impact notable sur l’augmentation de leur concentration-). 
La vie dépend aussi de conditions extra-climatiques (composition chimique du milieu, le soleil, la couche d’ozone, la réduction des écosystèmes (et l’Homme a un impact notable sur la réduction de certains écosystèmes).
L’homme est-il en danger ? Non, il est assez résilient pour survivre. C’est sans doute notre civilisation qui est menacée. Pour le géologue la boucle de rétroaction fera qu’il y aura moins d’humains donc moins de gaz à effet de serre et une baisse de la température.
Il existe une étroite interdépendance entre la vie et le climat. 
La planète a connu des évènements catastrophiques, mais la vie a toujours pris le dessus. Sans ces évènements, nous ne serions probablement pas là.

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Synthèse de Régine Paris à partir du diaporama de Dominique Gayte.

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L’eau et la géologie à Beaulieu

Conférence du samedi 29 février 2020

Passionné de géologie Dominique Gayte a une nouvelle fois animé une conférence en lien avec le thème annuel choisi par l’A.R.B.R.E cette année, l’eau.

Ce fut là encore un bon prétexte pour découvrir la géologie locale sous l’angle de l’eau : l’eau dans le sol, les nappes phréatiques, les sources, les puits communaux (au nombre de 15 à Beaulieu), l’eau et la formation des roches, l’eau et l’érosion des roches.

L’équipe de l’A.R.B.R.E. n’a pas été en mesure de fournir un compte-rendu cette année, ni pour la sortie qui a suivie le 7 mars 2020, dommage.

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Sortie géologie à Beaulieu

Dimanche 13 octobre 2019, Dominique Gayte avait donné rendez-vous aux connaisseurs et aux néophytes en début d’après-midi pour une balade géologique afin d’illustrer les connaissances acquises lors de sa conférence du 14 septembre dernier sur la naissance de la Méditerranée. La déambulation commence sur la partie haute du village pour s’acheminer progressivement vers la plaine.

Une trentaine d’adultes, trois enfants et deux chiens étaient au rendez-vous à la chapelle N.D. de la Pitié pour une initiation sur le terrain. L’animateur équipé d’un grand tableau blanc rappelle quelques notions de base comme l’origine grecque du mot « géologie » : discours sur les pierres. Le géologue nous propose de « faire parler les pierres ». Il nous dévoile une vieille carte géologique de la France et un extrait de la carte géologique de Sommières au 1/50 000ème. La géologie régionale est impactée par la géologie mondiale. Sur cette carte chaque couleur symbolise l’âge et la nature de la roche :

  • En gris, nous sommes 130 millions d’années en arrière avec les dinosaures sur les continents et les ammonites dans les mers.
  • En orange, il y a 40 millions d’années
  • En rose, entre 25 et 30 millions années.
  • et en jaune entre 15 et 20 millions d’années.
    Dominique Gayte rappelle les trois premières ères géologiques :
  • Primaire avec à la fin de la période le carbonifère. On assiste à l’extinction de certaines espèces.
  • Secondaire avec l’apparition des dinosaures et des ammonites dans la mer puis survient une grande rupture au niveau de la faune et de la flore et la disparition des dinosaures.
  • Tertiaire, période plus récente qui remonte à quelques dizaines de millions d’années. Des marnes se sont formées ainsi que des calcaires lacustres. On était continental. Une mer s’était retirée, une autre arrivait : la Méditerranée.

Nous faisons une première pause à la table d’orientation qui domine la plaine de Beaulieu et les Cévennes. Devant ce beau panorama on cherche les Cévennes constituées de granit dur-lave qui s’est refroidie en profondeur et qui est composée de cristaux-. Lorsque la lave s’est refroidie rapidement à la surface de la terre, elle forme la lave des volcans et donne le basalte que l’on peut observer à Montferrier, Agde, Saint-Thibéry où l’on peut traverser le volcan… Actuellement aux Comores un volcan est en formation à 2300 m sous l’eau. Cette activité a été révélée par des petits tremblements de terre. Les Comores sont issues de ce mouvement en profondeur.

La faille des Cévennes a séparé la masse de granit des marnes qui ont formé la plaine. Les failles résultent soit d’une compression quand ça pousse, soit d’une distension quand ça tire. La faille la plus importante près de chez nous est celle de Nîmes qui rejoint Lunel et Montpellier. Selon le niveau de compression on assiste à de petits tremblements de terre. Ainsi on a pu observer quelques 4 000 mètres de sédiments de l’autre côté de la faille de Nîmes formés par des alluvions.

A Beaulieu nous sommes entre les deux failles.

Au nord nous trouvons la pierre dite de Beaulieu qui est un calcaire avec une position en relief. La plaine est constituée de marnes saumonées composées de calcaire et d’argile. On trouve aussi des galets issus de l’érosion d’une chaîne de montagne située au sud. On suppose l’existence de ruisseaux torrentiels qui charriaient des galets : au sud ils sont gros et plus on remonte vers le nord plus les galets sont petits. Ainsi il y a quelques 30 millions d’années il y avait une grande chaîne de montagnes calcaires et des ruisseaux. La montagne existe toujours mais n’est plus au même endroit. Nous l’évoquerons plus tard avec le déplacement de la Corse et de la Sardaigne. 

Aujourd’hui on cultive dans les marnes, les bois poussent sur les cailloux (chênes verts). Pour mieux se rendre compte de la réalité géologique de notre région on va partir d’en haut pour descendre dans la plaine.

Un peu à l’écart de la table d’orientation, Dominique Gayte nous fait découvrir les fameux cailloux ronds qui n’ont rien à voir avec la pierre de Beaulieu. On avait alors une plage de galets. C’est à ce moment qu’est née la Méditerranée. L’eau était peu profonde. La mer du miocène est montée jusqu’à Lyon. Les vagues/ le courant ont broyé les coquilles des animaux marins. Il y a une double explication à ce phénomène : soit le niveau de l’eau a monté, soit le fond de la mer a baissé. Là où nous sommes, la pierre a une épaisseur de 40 cm. La mer est arrivée sur les galets et a déposé dessus des apports calcaires sans cailloux.

Il s’est passé ensuite une phase importante d’érosion marine avec des courants très forts qui ont creusé un chenal. A la sortie de Boisseron, sur la route départementale 610 qui mène à Sommières, on voit très bien les enchevêtrements.  

Aussi l’Hortus qui dialogue depuis si longtemps avec le Pic Saint-Loup est une immense dune sous-marine née il y a quelques 150 millions d’années et  formée de sables coquillés très fins. On trouve aussi du corail autour de l’Hortus. Il s’est donc passé un évènement très important, comme un typhon, au niveau de la barrière de corail qui s’étendait de Narbonne à Béziers.

Sur la photo ci-dessous on voit bien les galets puis au-dessus le calcaire de Beaulieu plus épais que celui vu précédemment. Nous avons affaire à des blocs percés de trous. C’est ce que l’on appelle un « tombant » quand on pratique la plongée. Les trous ont été faits par des oursins ou des animaux lithophages. La phase d’érosion a buté sur ce calcaire : il y a eu ainsi une inversion du relief.

Nous sommes dans l’oligocène. Les cailloux ronds érodés charriés par l’eau ne viennent pas de loin. De véritables conglomérats se sont constitués sous la poussée d’un courant fort. 

Depuis la fin du XVIIIᵉ siècle le principe de la superposition est établi à savoir que les roches supérieures sont les plus jeunes même si cela peut parfois être contredit.

Nous arrivons dans la plaine aux abords du bois du Peillou, face à une belle faille. Nous avons affaire à du calcaire miroitant. Le récent incendie du 15 juillet dernier a eu pour effet de dégager les abords de la faille qui est spectaculaire. On peut s’interroger sur le mode de déplacement : vertical ou horizontal ? Les stries nous permettent d’avoir la solution. Il s’agit d’un déplacement vertical. On peut même savoir dans quel sens ça s’est passé. Cette roche est de la même époque que l’Hortus, constitué de petits grains avec de la matière organique, il y a quelques 130 millions d’années.

Cette roche a été formée sous l’eau. 

Dominique Gayte souhaite nous donner son point de vue sur la formation du Pic Saint-Loup et de l’Hortus, séparés par des marnes. Le jurassique s’est déposé puis il y a eu une poussée nord-sud au moment de la formation des Pyrénées. Au début les roches se plissent. L’Hortus n’a pas bougé. Ça pousse encore et ça craque puis ça se couche. Le Pic Saint-Loup est relevé à la verticale car il ne voulait pas bouger non plus. Cette mer s’est réduite dans un mouvement comparable à celui de la grande barrière de corail. A la fin du secondaire on était continental. On assiste alors à l’ouverture de l’Atlantique. L’Afrique se sépare de l’Amérique du sud et se rapproche du nord. Les plaques correspondant à l’Espagne et à l’Italie d’aujourd’hui ont été poussées vers le nord. Une chaine de montagne globalement orientée ouest-est s’est formée, dans le prolongement des Pyrénées.  Elle intègre la Sardaigne et la Corse. Ces dernières ont ensuite pivoté vers le sud.

Le vide a été comblé par l’eau de l’Atlantique qui s’est répandue entre la plaque ibérique et l’Afrique. La création de la Méditerranée est liée au mouvement de ces plaques

Il y a de grosses quantités de sel au fond de la Méditerranée. Si on l’asséchait on aurait 80 mètres de sel. On a pu situer la période d’ouverture massive de l’Atlantique au niveau du détroit de Gilbratar à quelques 4,6 millions d’années. La Méditerranée a été remplie en 10 ans. La dernière glaciation remonte à 10 000 ans. L’homme l’a connue.

Revenant vers la route de Saint-Drézery, Dominique Gayte nous montre des cailloux blancs qui portent des traces de limnées, de planorbes et d’escargots d’eau douce. Des participants vont à leur recherche.

Vers 17h30, d’un commun accord on décide d’arrêter la balade et d’en programmer une seconde pour terminer cette découverte à deux pas de chez nous.

Nous remercions chaleureusement Dominique Gayte pour ses longues explications teintées d’humour et sa disponibilité pour répondre aux nombreuses questions qui lui ont été posées et nous lui promettons de regarder autrement les paysages qui nous entourent.  Merci aussi à la Méditerranée d’être restée à nos côtés tout ce temps.


Régine Paris avec l’aimable relecture de Dominique Gayte

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La géologie de Beaulieu

La formation de la mer Méditerranée

C’est en passionné de Géologie que Dominique Gayte a animé la conférence sur la naissance de la Méditerranée le samedi 21 septembre dernier, un excellent prétexte pour découvrir la géologie locale.

Aussi l’A.R.B.R.E. vous en propose un court compte-rendu pour se préparer à la sortie sur le terrain qui va suivre, et qui sera bien évidement conduite par Dominique Gayte qui a articulé son partage de savoir en ces quelques points :

À partir de 4 cailloux, Dominique Gayte a démontrer comment la science de la géologie raconte l’histoire de la naissance de la mer Méditerranée : passionnant !
Il a démarré par quelques révisions qui portaient sur :
la chronologie de la Terre et la vie
• Les ères, périodes, époques et étages
• Les types de roches
• Les outils du géologues

Avec des exemples photos du Bois du Pilou, des Causses de Pompigan et d’autres encore, Dominique a abordé le contexte local :
• Les affleurements
• La carte géologique de Lunel
• Le Valanginien (crétacé)
• Les calcaires miroitants

C’est ainsi que l’études de la roche a permis d’en arriver aux déductions suivantes : Milieu marin – Relativement profond – Soumis à d’importants courants localisés – Dépôt de débris organiques là où le courant est le plus fort – Dépôts de marnes là où le courant est le plus faible – Plateforme peu profonde vers l’ouest (coraux).

Est arrivé le temps d’aborder, d’après des fossiles, le Valanginien supérieur, puis le Lutécien (éocène). Nouvelle déduction du géologue : Étendue d’eau douce (milieu continental) – Calme – Peu d’apport détritiques (calcaire purs, apport argile) – beaucoup de fossiles de vertébrés a proximité de Beaulieu (faunes chaudes de 6 à 7° plus élevée : crocodiles, tortues, palmiers).

Autres observations faites sur l’Oligocène d’après la carte géologique de Lunel, et des photos exemples telle celle du nouveau rond-point de Restinclières en plein oligocène : présence d’argile, de conglomérats, de dépôt continentaux jusqu’à 3000 m d’épaisseur). Donc autres déductions : Galets bien arrondis (donc transportés) – Donc érosion d’un relief – Constitués de calcaires – Donc transportés pas trop longtemps (le calcaire s’use vite !) -Plus grossiers au sud, plus fins au nord – Donc le relief érodé était au sud – Epaisseur importante – Donc érosion importante d’un relief significatif.

Dominique Gayte aborde aussi le Miocène (Burdigalien) avec à l’appui des photographies de roches à Beaulieu et Boisseron : La pierre de Beaulieu utilisée pour la construction – Calcaire constitué de débris organiques – Coquillages : Pecten et Chlamys – Oursins – Donc origine marine – Grande transgression du Miocène.
À la base de ces calcaires ont observe des galets. Et ce que l’on peut en déduire c’est : Arrivée de la mer (transgression) – Au début reprise des galets de l’oligocène. C’est la trace de la formation de la méditerranée – Amas de débris de coquillages – Courant, vagues.

Synthèse de l’étude des roches affleurant à Beaulieu
Au valanginien mer assez profonde, calcaires et marnes provenant d’un continent assez proche, vers l’ouest. La mer s’est retirée progressivement. La fin du Crétacé et le début de l’ère tertiaire ont été continentaux. Une phase d’érosion d’un relief significatif au sud a eu lieu à l’oligocène. Retour de la mer avec la transgression Miocène.

-> Mais comment expliquer cela ?
Tectonique, un exemple de mondialisation…
Dominique Gayte a ici parlé de plis, de failles (document « hors conférence » : faille de Nîmes et des Cévennes).

La tectonique des plaques au Valenginien transforme la Terre. S’ensuit la formation des Pyrénées, des Alpes, et l’ouverture de la Méditerranée : la Corse et la Sardaigne pivotent – Créant un vide au sud de Beaulieu. Les failles NE-SW jouent en distension afin de combler le vide – Faille des cévennes – Faille de Nîmes – La mer, alimentée par l’atlantique, envahie ces dépressions.
À Beaulieu, nous constatons l’arrivée de  la mer avec la plage de galets repris de l’oligocène.

Retrait de la méditerranée : à la fin du miocène, la Méditerranée se retire (Importante phase d’érosion). Il y aura même des phases de quasi assèchement au cœur de la méditerranée – Importantes couches de sel déposées à ce moment (jusqu’à 2 500 m d’épaisseur) – Fermeture du détroit de Gibraltar, donc plus d’alimentation en eau de l’atlantique – Mais réouvertures temporaires – L’assèchement de la Méditerranée actuelle donnerait quelques dizaines de mètres de sel !

Il y aurait eu un évènement cataclysmique ayant réouvert le détroit il y a 5 millions d’années : Débit estimé à 100 millions de mètres cube par heure – Le niveau de l’eau augmentait jusqu’à 10 mètres par jour – La Méditerranée a été remplie en seulement quelques mois.
https://www.notre-planete.info/actualites/2226-mediterranee_inondation


Et tout cela n’est qu’un aperçu ! Alors rendez-vous dimanche 13 octobre à 14 h 30 à la Chapelle Notre Dame-de-Pitié. Munissez-vous de bonnes chaussures de marche car la balade va se faire sur le bois du Peillou et le chemin de Sussargues.
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