Archives de Catégorie: Sorties découvertes

Sortie amphibiens

Samedi 23 mars 2024 

ARBRE et Aurélia Dubois 

  • Les carrières assoiffées… 

La sortie amphibiens programmée initialement le 9 mars a été reportée en raison d’une météo pluvieuse, très appréciée des grenouilles, mais un peu moins du public. Samedi 23 mars, Aurélia, technicienne en environnement, spécialisée en herpétologie (reptiles et amphibiens), nous accueille à 18h30 à l’ancien lagunage dans la plaine de Beaulieu, à proximité d’une mare naturelle et de la Gendarme, un modeste affluent de la Bénovie. Depuis quelques années, nous devons renoncer au site des carrières de Beaulieu, faute d’eau. Onze personnes sont présentes dont une fillette qui acceptera d’épauler Aurélia dans la recherche des petits habitants de la mare. Le vent contribue à rafraîchir l’atmosphère et hâtera notre balade autour de la mare et de la Gendarme.

La foire aux questions pour les curieux… 

Quelques éléments de vocabulaire ouvrent la soirée :  

  • Pourquoi parler des « amphibiens » plutôt que des « batraciens » ?
    Le vocabulaire évolue et le terme « batracien » est un peu ancien. Le terme « amphibien » exprime mieux la double vie aquatique et terrestre des espèces étudiées (amphi = double et bios = vie). 
    Toutefois, les deux termes continuent de s’employer.  
  • De quelles espèces allons-nous parler, demande Aurélia ?
    Les réponses fusent : des grenouilles, des rainettes, des salamandres, des tritons, des crapauds… Le cru de cette année est déjà bien expert !   
  • Qu’est-ce qui différencie les reptiles des amphibiens ?
    Réponse : la principale différence et la plus facile à reconnaître est d’observer leur peau ! Les reptiles possèdent des écailles tandis que les amphibiens possèdent une peau lisse ou granuleuse constellée de glandes.
    Attention ⚠ ne pas confondre les salamandres et les tritons avec les lézards ! Le critère de la peau est infaillible.
  • Et comment différencier les amphibiens ? 
    Aurélia précise que les amphibiens se divisent en deux groupes : les « anoures » (sans queue) comme les crapauds et les grenouilles et les « urodèles » (avec queue) comme les tritons et les salamandres. On peut les différencier par :  
    – La morphologie générale
    Une tête plus ou moins fine, la longueur des pattes, la largeur des flans. Le crapaud a de grosses glandes derrière les yeux et ses pupilles sont horizontales alors que celles de la  grenouille sont verticales.
    La taille
    Certaines espèces sont de grandes tailles et d’autres plus petites.
    – La peau
    Les pustules caractérisent les crapauds, les grenouilles ayant une peau plus lisse.
    – Le chant
    C’est un élément important de distinction. La couleur des sacs vocaux est un critère de distinction chez certaines espèces de grenouilles.
    – La coloration
    Un élément de distinction plus aléatoire, la même espèce pouvant revêtir  des colorations différentes.
    Les pontes
    Trace et indice intéressants permettant de différencier les espèces, ponte en chapelet, en amas ou encore sous une feuille.  
    Les têtards
    Non vus ici cela sera un élément précisé lors de la prochaine sortie.

1000 et une menaces…  

On aborde ensuite les dangers qui menacent la survie des amphibiens :

  • Les multiples prédateurs comme les poissons et larves de libellules sous forme de têtards.
  • La sécheresse accentue la diminution de l’eau dans les mares et perturbe la reproduction des amphibiens.  
  • L’urbanisation et les routes causent de véritables hécatombes. Pour lutter contre ce fléau, on aménage des passages, on ferme des routes la nuit et on invite les automobilistes à ralentir. 
  • La pollution avec notamment les pesticides qui causent une mortalité directe dans les mares. Les amphibiens ont une peau très fragile. On encourage les particuliers à ne pas utiliser de pesticides dans les jardins et à créer une mare.
  • La destruction directe par coup de pelle. Pour rappel, en France, les amphibiens et les reptiles sont protégés. Il est interdit de tuer un amphibien ou de perturber son développement.  

Et plouf dans la piscine … 

Pour les aider à sortir d’une piscine, on peut utiliser un morceau de tissu ou de bois qu’on laisse entre l’eau et le rebord de la piscine. En dernier recours, on peut prendre une épuisette désinfectée et récupérer l’animal sans le manipuler. Le disposer dans le fond du jardin vers une souche ou une grosse pierre.

Une biodiversité riche… 

Aurélia aborde ensuite les amphibiens présents dans notre région parmi les quelques 7 000 espèces recensées dans le monde :

  • La Rainette méridionale à distinguer de la Rainette verte, la première se caractérisant par une ligne noire qui s’arrête à mi-parcours ;
  • Le Pélodyte ponctué qui porte des tâches vert fluo et possède un petit chant caractéristique de boules de pétanque qui s’entrechoquent ;
  • Le Triton palmé identifiable par ses palmures aux pieds ;
  • Le Triton marbré avec ses belles marbrures vertes et noires et sa crête dorsale ;
  • Le Crapaud commun absent dans notre région et présent dans le Nord à la différence du Crapaud épineux. Ces deux espèces se différencient génétiquement ;  
  • Le Crapaud calamite est caractérisé par une ligne dorsale et des glandes parotoïdes qui produisent des sécrétions un peu blanches si l’animal est stressé ;
  • Le Pélobate cultripède présent dans d’autres communes. Il a un chant qui rappelle celui d’une poule. 

Il est équipé de petits couteaux sous les pattes qui lui permettent de creuser le sol.

Une double vie…  

Aurélia rappelle les deux phases de la vie d’un amphibien :

  • Aquatique pour la ponte des œufs deux fois par an dans notre région : printemps et automne.
  • Terrestre.

Les crapauds sont plus terrestres que les grenouilles.

Les pontes 

Le vent qui souffle ce soir est défavorable aux déplacements des amphibiens.

Aurélia nous fait un jeu sur les pontes des amphibiens. Elle nous montre des photos d’œufs d’amphibiens et demande aux personnes présentes d’essayer de les identifier. L’exercice est difficile pour les néophytes mais il y aura quelques bonnes réponses :

  • Un œuf de Triton palmé sur une feuille,
  • Un chapelet/collier d’œufs en grande quantité pour le Crapaud épineux, – les œufs de Pélodyte ponctué autour d’une brindille, – entre 10 et 30 œufs de Rainette sur des brindilles.

Aurélia fait remarquer que la taille du têtard ne détermine pas sa taille adulte, comme le têtard du Pélobate cultripède.  Elle nous montre une réplique de Grenouille verte, de la Salamandre et d’une dendrobate tropicale bleue… magnifique !

Déambulation…  

Pendant toutes ces explications le Petit Duc scop nous a accompagnés de son chant caractéristique. La fraîcheur du soir nous invite à nous déplacer pour tenter de découvrir le petit peuple des mares. Seule Aurélia est équipée pour s’approcher doucement de la mare accompagnée de sa petite assistante qui porte un aquarium de fortune destiné à recevoir très temporairement quelques échantillons. La pêche ne sera pas très riche à la différence des années précédentes.  

Aurélia identifie un triton palmé et quelques têtards de Pélodyte que l’on peut admirer. On se déplace ensuite au bord de la Gendarme où l’on pourra admirer plusieurs Grenouilles rieuses caractérisée par une ligne verte sur le dos, de grandes pattes et une tête fine. Après avoir joué la star elle nous quitte vers d’autres lieux connus d’elle seule.

Nous revenons au camp de base et avant de nous dire au revoir, Aurélia nous redit son goût et son admiration pour ces animaux du soir. Elle nous fait écouter un enregistrement du chant du Pélodyte ponctué qui fait penser au bruit de deux boules de pétanque qui s’entrechoquent. Nous lui souhaitons aussi bonne chance pour le concours qu’elle s’apprête à passer.


Régine Paris avec la relecture précieuse d’Aurélia.

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Sortie champignons

Samedi 3 février 2024 à 14h30

Cette sortie inaugurée l’an dernier avec une cueillette suivie d’une conférence en salle est organisée cette année dans la truffière de Jean-Pierre et Yolande Braye qui nous accueillent très gentiment sur site. 
Le rendez-vous était fixé au parking du gymnase à Beaulieu à 14h30 pour se rendre ensuite à pied sur site. Le beau temps est de la partie. Une vingtaine de personnes ont répondu présentes.
Franck Richard, professeur à l’Université de Montpellier dans le département Biologie, Ecologie et Évolution nous accompagne dans cette sortie ainsi qu’Yves Caraglio, botaniste et référent scientifique de l’association A.R.B.R.E.  

1 – Généralités

Par truffe, on parle de la fructification d’un champignon souterrain (ascomycète hypogé) qui se développe en symbiose avec un arbre dit truffier – chênes, noisetiers, tilleuls… – souvent dans un sol calcaire. La truffe est très recherchée des gourmets pour ses arômes complexes et exceptionnels. On recense des dizaines de variétés de truffes dans le monde (certains parlent de 250 variétés, mais pas toutes comestibles), dont une vingtaine poussent en France. On les reconnaît à l’odeur.
La plus connue est la truffe noire ou truffe du Périgord (Tuber mélasnoporum), originaire de la Drôme, du Vaucluse, et du sud-ouest.  Elle est noire avec de fines nervures blanches. Elle se récolte en hiver. Les professionnels se servent de chiens truffiers ou de cochons pour les trouver, puis on les déterre délicatement (on les cave, du nom de l’outil le cavadou). Elle est considérée comme le saint Graal des amateurs de cuisine. Sa saveur intense et sa texture moelleuse en font un atout majeur dans de nombreux plats gastronomiques. Son parfum puissant rappelle celui du chocolat et du sous-bois. 

La tuber brumale ressemble à la truffe noire, de petite taille (noix, œuf). La chair est gris noire marbrée de veines blanches. Son parfum est musqué, assez puissant. Elle se récolte également en hiver.

La Tuber borchii

C’est la cousine de la truffe d’Alba (la truffe blanche d’Italie, Tuber magnatum). C’est une truffe de petite taille (1 à 7 cm pouvant atteindre 10 cm). Sa consistance est charnue et son goût intense. Son odeur est aussi puissante, très aillée.
Elle se développe sous les chênes verts et les chênes kermès mais aussi sous les pins sylvestres, un peu partout en Europe. Elle est donc moins rare que la truffe d’Alba. Elle possède des qualités et des saveurs proches de la truffe d’Alba mais à des prix moindres. La période de maturité de la tuber borchii se situe de mi-janvier à fin avril. C’est la truffe la plus courante dans les produits à base de truffes blanches.

Pinus halepensis mycolactaire.

La truffe mesentérique (Tuber mesentericum) : Petit fruit noir doté d’une belle fossette, la mésentérique cache la chair marron, tendance cacao, veinée de micro-sillons blancs. Coupée, elle dégage un arôme puissant, parfois qualifié de médicamenteux, ce qui n’est pas sans lui jouer des tours. “ Son parfum est si fort qu’il décourage certains cuisiniers ”. 

Le terroir doit présenter les caractéristiques suivantes :

  • un sol calcaire : Afin de développer leurs aromes, les truffes ont besoin d’un sol riche en calcaire.
  • un climat tempéré : Les truffières prospèrent dans des climats modérés avec des étés chauds et des hivers froids.
  • l’aération du sol : Il est important que l’air circule facilement dans le sol pour permettre aux spores de se propager.

La mycorhization, c’est-à-dire l’association symbiotique entre les racines d’un arbre et un champignon, est essentielle à la formation des truffes. Cette alliance donne naissance à un réseau complexe qui favorise l’échange de nutriments entre les deux organismes. 

Pour la récolte, historiquement, on utilisait des cochons pour découvrir les précieuses truffes. Ces animaux sont dotés d’un odorat très développé qui leur permet de dénicher les champignons sous plusieurs centimètres de terre.
Aujourd’hui, c’est le chien truffier, plus facile à maîtriser que le cochon, qui est privilégié. Qu’il soit Lagotto Romagnolo ou autre race, le chien est dressé dès son plus jeune âge pour la recherche de ce met si particulier. Les bâtards font aussi l’affaire nous précise Jean-Pierre Braye.

La truffe se fait rare et son prix flambe. Éprouvé par des étés de plus en plus secs, le précieux champignon risque de disparaître. L’INRAE coordonne un programme de recherche participative pour comprendre et contrecarrer les effets néfastes du changement climatique sur la production de truffes. L’institut a publié en 1999 un ouvrage intitulé : « La truffe, la terre, la vie » par G. Callot, P. Byé, M.Raymond, Diana Fernandez, J.C. Pargney, A. Parguez-Leduc, M.C. Janex-Favre, Roger Moussa , Loic L. Pagès.

2 – Visite de la truffière de Yolande et Jean-Pierre Braye 

Nous sommes à proximité d’une nouvelle plantation de chênes mycorhizés à 80 % en pépinière créée il y a cinq ans. C’était à l’origine un bois avec des fourrés. Il a fallu embaucher une équipe de coupeurs et dépierrer d ‘où la construction à la suite de murets en pierres sèches par Yolande pour qui c’est une vraie passion. 

Il faut compter 6/7 ans avant de récolter des truffes et permettre au système racinaire de se mettre en place. La durée de vie d’une truffière est courte : en moyenne 22 ans pour une quinzaine d’années de production. Elle peut subir les assauts des sangliers et l’aphyllanthe de Montpellier pose problème.

Les champignons pionniers sont remplacés par d’autres. Il faut un milieu ouvert. Les chênes peuvent aussi changer de partenaires mycorhiziens. Le mycelium présent à 20 cm dans le sol brûle les plantes, prélève le phosphore, l’azote et les transfère. Il y a des terroirs à truffes. 

Autrefois la plaine de Beaulieu offrait une terre profonde sans pierres propice aux sols truffiers. On pouvait récolter des truffes très rondes.

A côté du terrain cultivé, il faut toujours garder un terrain témoin afin de conserver une diversité de champignons. 

La récolte a lieu entre fin novembre et fin février pour laisser les spores préparer la récolte prochaine.

Jean-Pierre Braye rappelle qu’il faut un bon terrain, de l’eau et de la patience et se méfier de ce que disent les gens. Il faut rajouter des spores à partir des truffes récoltées sur le terrain et non commercialisables.

Les pièges à truffes favorisent la production, la colonisation et la mycorhisation. Il rappelle que Gabriel Callot, un des auteurs de l’ouvrage cité ci-dessus, spécialiste des truffes se rendait sur place dans les truffières. 

Il existe aussi la truffe d’été qui bénéficie des pluies de l’hiver et se récolte en mai-juin. Elle est vendue aux alentours de 200€ le kilo au lieu de 1 000€. Elle est moins consistante en arôme.

Il précise qu’il faut éviter des erreurs de gestion entre les arbres qui nourrissent et les arbres qui produisent.

3 – Conférence de Franck Richard

A la suite de la visite de la truffière, les participants sont invités à découvrir une approche scientifique de la truffe dans une des salles du gymnase à Beaulieu en compagnie de Franck Richard et Yves Caraglio.
La truffe est un champignon de mieux en mieux connu. Les apports récents du Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier ont été présentés par Franck Richard  le 21 janvier 2024 au salon de la truffe de Jarnac (Charente) en présence de 250 personnes, avec pour thème : Biologie et Ecologie – l’art de vivre avec les autres . Le conférencier nous présente une partie de ce diaporama.

Nous vivons une époque compliquée avec le manque d’eau dans certaines régions, situation illustrée par une truffière naturelle à Perpignan privée de pluie depuis 18 mois.
Il existe des truffières naturelles avec des chênes âgés de 150 ans. Quatre générations ont cultivé des truffes. 
Aujourd’hui avec des étés de plus en plus chauds et secs, le problème de l’eau se fait sentir cruellement. Il y a un effet boule de neige si on peut s’exprimer ainsi. 
La science peut-elle aider à faire face à ce phénomène ?
L’économie de la truffe est de mieux en mieux comprise et source d’innovations culturales pour demain.
80 % des « brulés » (zone sans plantes conséquence de la présence de la truffe) fournissent du mycelium dans le sol qui rencontre des racines et les colonise. Il s’agit de filaments très fins interconnectés. Il y a une interaction étroite entre la truffe noire et ses « plantes compagnes » à l’origine du brûlé.
Dans chaque truffe souterraine et odorante des millions de spores résistent à tout même au tube digestif des animaux.
De nombreuses espèces produisent des truffes comme le genévrier dans la truffière naturelle de Perpignan. Dans les laboratoires on organise des mises en scène expérimentales dans des bacs avec des « compagnes » différentes. Le mycelium est cultivé par les plantes « compagnes, » le chêne profite de l’apport du phosphore et de l’azote. Le mycélium permet aussi d’aller capter l’eau dans des parties du sol inaccessibles aux racines de la plante.

Quelles perspectives pour la culture ?

L’hôte et la strate herbacée sont les deux jambes d’une économie complexe de l’espèce. « L’herbe » profite à la truffe et à l’hôte.
Pour la reproduction on utilise des pièges à truffes (cf. Truffière Patrick Savary) contenant des spores, du terreau, de la terre et de l’épandage. La fructification s’effectue en limite du sol.
L’ensemencement, une technique pour améliorer la production, a lieu depuis plus d’un siècle. Un livre écrit en 1904 en parle : Les truffières et la trufficulture.
On utilise aussi les pièges pour comprendre la reproduction. Sur 11 sites on a observé 9 924 pièges avec une part variable de la production. Les explications :

  • l’effet coup de pioche (aération du sol)
  • l’apport de spores (diversification)

On sollicite la combinaison des deux. 
Environ 59 à 87 % des truffes sont « oubliées » par les chiens truffiers. Pour trois sites observés et selon les pièges utilisés on obtient les résultats suivants en pourcentages :

site 1site 2 site 3
Pièges inoculés5027,820,8
Pièges non inoculés66,733,3 11,1

Le coup de pioche dynamise le mycelium. Il a un effet inoculant et favorise la colonisation du sol. 
Le piège constitue un microsite qui intensifie la production des arbres.

Aujourd’hui on peut procéder au séquençage du génome pour comprendre les forces et les limites de la truffe. Il s’avère ainsi que la truffe Tuber melanosporum est incompétente pour dégrader la matière organique.

On revient aux perspectives de la culture de la truffe en France.
Les matières organiques profitent aux champignons concurrents de la truffe. L’arrosage sous l’arbre permet aux concurrents d’asseoir leur supériorité catabolique sur la truffe car il faut des enzymes pour digérer la matière organique, enzymes que ne possède pas la truffe.
La plante a besoin de voisins et de collectif.

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A l’issue de cette présentation, nous remercions Yolande et Jean-Pierre Braye pour leur accueil sur site et leur témoignage vivant de la culture de la truffe ainsi que Franck Richard pour son apport scientifique toujours très précieux. 

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Régine Paris avec la relecture attentive d’Yves Caraglio

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Sortie nature dans les Carrières de Beaulieu

Re-colonisation végétale naturelle d’un lieu modifié par l’homme

Dimanche 17 septembre 2023 dans les carrières de Beaulieu

À l’occasion des Journées européennes du Patrimoine (JEP) l’association A.R.B.R.E a proposé une balade dans les carrières de Beaulieu sur le thème de la re-colonisation végétale naturelle d’un lieu modifié par l’homme.
Une vingtaine de personnes ont répondu présentes pour participer à cette sortie animée par Yves Caraglio, botaniste, chercheur au CIRAD et bénévole de l’association A.R.B.R.E. Le rendez-vous a été fixé à 16 heures au parking du parc des carrières à Beaulieu.

Rendez-vous devant le parc des Carrières de Beaulieu.

En introduction, Yves rappelle l’origine très ancienne de la formation du vaste dépôt de pierre calcaire qui s’étend sur cinq communes -Beaulieu, Restinclières, Castries, Saint-Géniès-des-Mourgues et Sussargues- et qui se prolonge jusqu’au Pont du Gard -la commune de Vers-Pont-du-Gard d’un côté et Juvignac de l’autre côté.
Deux carrières sont toujours en exploitation sur la commune de Beaulieu -les entreprises Farrusseng et Proroch-.
L’exploitation des carrières a commencé à l’époque romaine et s’est poursuivie au Moyen-Âge jusqu’à nos jours. Au fil des siècles on a creusé partout. L’eau a contribué à dissoudre le calcaire et des micro-organismes ont attaqué la pierre. Il s’agit d’une roche tendre et poreuse. On parle de calcaire coquiller. La pluie va former, par érosion souterraine, un karst avec des rivières souterraines. Ça percole un peu partout !
L’utilisation jusque dans les années 1950 de charrettes aux roues cerclées de fer et tirées par des chevaux ferrés va laisser des traces sous la forme de dépressions encore visibles dans le sol. 

Nous cheminons le long du chemin des prés. Yves Caraglio attire notre attention sur la partie gauche -une zone abaissée et affleurante-.  Les carriers se déplaçaient en fonction de la qualité du sédiment. A droite du chemin nous avons à l’inverse un endroit naturel. L’érosion a occasionné des fissures dans la roche. Des champignons et des bactéries ont fabriqué un terreau puis un sol sur lequel vont se développer des plantes en absorbant les éléments minéraux. 

Une fissure dans la roche.

Ainsi en fonction de la micro topographie, des plantes essaient de s’installer. Yves rappelle que sur 1 000 graines de pin d’Alep par exemple, une seule permettra de donner un nouvel arbre…

Nous sommes à la fois dans une zone d’extraction et dans une zone de pâturage d’où la présence en contrebas à gauche d’un puits couvert dit de Thérond et d’un abreuvoir pour les moutons alimentés par le ruissellement de l’eau. Nous sommes dans un dépôt de carrière qui a été recolonisé par les végétaux.

Le puits de Thérond

Yves nous montre de la sarriette. Même si les tiges extérieures peuvent paraître mortes, la plante survit au niveau des racines. 

La sarriette.

On voit aussi du thym dans le creux laissé par une roue et qui a été comblé par des matériaux. Ici on ne parierait pas pour planter … peu de graines germent. Des plantes peuvent même disparaître en fonction du régime des pluies.

Yves nous montre un minuscule chêne vert : de petits interstices suffisent pour l’accueillir.
Au passage, on peut dater les fonds d’extraction en fonction des traces laissées par les outils de l’époque.

La végétation est menacée par l’incendie et la prédation des animaux (insectes, mammifères…). Certaines plantes se protègent : l’euphorbe produit du latex, le chêne kermès est piquant : il a beaucoup de réserves dans ses graines et ses racines s’enfoncent profondément dans le sol. Les plantes piquantes se protègent des mammifères. Les arbres avec des petites feuilles chauffent moins (les asperges).

On voit des pins de haute taille qui abritent sous leur couvert des petits chênes qui poussent plus lentement mais qui leur survivront ! La zone méditerranéenne offre ainsi une grande diversité de plantes.

Nous continuons sur le chemin des prés et nous rapprochons du pont dit « manqué » sans rivière au-dessous. C’était la voie qu’empruntaient les charrettes transportant le bois et les pierres jusqu’à Sète d’où ils étaient exportés vers l’Algérie pendant la période coloniale.

Nous empruntons un sentier sur la droite. Yves nous montre des zones avec des déséquilibres. Il parle d’une « zone bloquée » envahie par la salsepareille et dans laquelle très peu d’autres plantes arrivent à s’installer, l’asperge y survit, mais aucun arbre. On peut observer une interaction entre les organismes. Une structure bloquante n’est pas très diversifiée. Il en est ainsi de certaines zones à lianes sous les tropiques. Mais des animaux et des plantes y trouvent leur compte : des animaux peuvent se cacher comme les couleuvres.

Yves a une intention particulière pour la mousse qui constitue au cours du temps de la matière organique et offre ainsi un lieu accueillant pour la germination des graines de petites plantes.

Il a plu. Les feuilles gardent l’humidité. Les bactéries ont moins d’activité que dans d’autres régions car tout l’été est sec. Yves nous montre le chêne kermès qui bloque tout un espace. Il rend hommage à cet arbuste qui résiste à l’incendie grâce à ses tiges souterraines. Après le feu, elles repartent bien protégées dans le sol.

Zone de chêne kermès.

Dans une zone en terrain naturel, un chêne s’est implanté dans les fissures d’une roche. De bonne taille, il trône toujours sur son caillou.

Un chêne s’est implanté dans les fissures d’une roche.

On arrive dans une zone dite « ouverte ». Ce sont les carrières du Génie en souvenir du Génie civil chargé d’exploiter la pierre au lieu-dit « les Fades »  (les Fées, d’où vient le terme commun de Fada) dans les années 1960 pour construire des immeubles à Montpellier dans le quartier de la Paillade. Les pierres de Beaulieu ont aussi été utilisées récemment pour la réhabilitation de l’ancien hôpital Saint-Charles. Au printemps, quand il a bien plu, on peut voir des tritons dans les trous des carrières (les zones d’extraction) remplis d’eau. C’est une zone où il reste de l’activité.

Les carrières du Génie.

Yves attire notre attention sur la colonisation par des peupliers, un pistachier térébinthe dans la fissure d’une roche et au sol du plantain.
Des orchidées sauvages poussent dans de petites anfractuosités de la roche. 

Dans les années 1990, on a décidé de combler les excavations laissées par l’exploitation de la pierre avec des matériaux appelés « des inertes ». On peut ainsi distinguer des zones plates et des zones colonisées.

L’association A.R.B.R.E a entrepris il y a dix ans de réhabiliter une zone violemment dégradée, devenue une décharge à ciel ouvert, en la transformant en un parc consacré aux espèces méditerranéennes. Après 10 années d’activités, les plantations sont terminées. Nous continuons à l’entretenir et à l’embellir.

Nous sommes maintenant dans un nouveau projet consistant à créer à côté du parc des carrières un jardin potager et d’agrément « en sec », sur un mode participatif, dans le but d’échanger des savoirs. On essaiera aussi d’acclimater des plantes venues d’ailleurs.
Nous avons fait appel à deux étudiantes de l’Ecole nationale supérieure du paysage de Versailles-Marseille pour élaborer le schéma du futur jardin, qui s’inscrira dans le relief artificiel laissé par l’exploitation de la pierre. Le but est aussi d’économiser au maximum l’eau en choisissant des espèces peu gourmandes.

Un panneau d’information du public va être installé prochainement, il a été présenté aux participants de l’opération annuelle « Nettoyons la nature » le dimanche 8 octobre dernier à Beaulieu. 

Pour mener à bien ce projet nous disposons d’un financement pour les deux premières années fourni par la Fondation du roi Baudouin avec l’aide des Fonds Renner Energies. Nous recherchons d’autres mécènes pour assurer la pérennité du projet.

Ce projet s’inscrit dans une zone de turbulence climatique dont nous ignorons à ce jour la durée ni l’intensité.

Le groupe devant le futur jardin sec/potager de démonstration.

La promenade botanique s’achève à 17h30.

Régine Paris avec la relecture d’Yves Caraglio

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Sortie chauve-souris 

Samedi 26 août 2023

À l’occasion des Journées Internationales de la Chauve-Souris, l’association A.R.B.R.E a renouvelé son invitation à découvrir les us et coutumes de cet animal singulier présent dans notre environnement proche.

À 20h30, chemin des vignes À Beaulieu, 22 adultes et 7 enfants étaient présents. Les deux animateurs, Jules Teulières et Aurélia Dubois, avaient installé leur matériel, des photos, des ouvrages spécialisés et des peluches de chauve-souris sur deux tables de camping au point haut de la station de relevage.

Jules est un spécialiste au niveau national de la chauve-souris : un chiroptérologue. Il rappelle son cursus universitaire et précise qu’il travaille pour un bureau d’études basé à Pézenas. Aurélia qui avait animé le 24 mars la sortie Amphibiens est Chargée d’études naturaliste et Animatrice environnement. Ce soir elle sera l’assistante de Jules. Par le passé ils ont travaillé ensemble.

En introduction, Jules indique qu’il existe environ 2 000 espèces connues de chauves-souris dans le monde dont 36 en France. La plus grosse a une envergure de 60 cm et la plus petite en France -la pipistrelle pygmée– pèse 2 grammes. Chez nous elles sont toutes nocturnes ce qui n’est pas toujours le cas dans le reste du monde comme la roussette active qui est diurne. Elles appartiennent à la famille des chiroptères (traduire : mains et ailes). Leur population a été multipliée par dix ces cent dernières années en raison de la diminution de leurs prédateurs. Elles vivent en groupes, les mâles d’un côté, les femelles de l’autre, sauf pendant la période de reproduction. Chez nous elles sont plutôt monochromes oscillant entre le noir, le gris, le brun. Dans le reste du monde on peut en trouver de toutes les couleurs. 

Contrairement à une idée reçue elles voient très bien la nuit, comme le chat.

Plutôt que de démarrer la soirée par un exposé général, Jules propose des échanges interactifs.
C’est un mammifère ? Oui répond un enfant car elle nourrit ses petits.
Les chauves-souris sont sensibles à la pollution lumineuse. Dans le noir on passe de trois à dix espèces observées.   
Elles volent bas et sont donc sensibles au relief. Leurs prédateurs naturels sont les rapaces, les perruches à collier mais aussi les fouines et les martres.

Elles nichent dans les arbres, dans les greniers et sous les ponts. Elles occupent plusieurs habitats en fonction de leurs déplacements. Elles peuvent parcourir jusqu’à 50 km pour chasser. Pour les observer on les équipe de petits émetteurs. Le bagage ne se fait plus en France. Elles souffrent d’une fragilité cardiaque et leur étude récente depuis une cinquantaine d’années est très encadrée. Jules indique qu’il est en formation depuis trois ans pour apprendre à les capturer. Pour saisir une chauve-souris, il faut mettre des gants. Son cœur bat très vite et blessée elle saigne abondamment. Le centre de secours des chauve-souris se situe pour le département de l’Hérault à Villeveyrac, équipée de nombreuses éoliennes… 
On les trouve souvent la tête en bas en fonction de l’habitat mais ce n’est pas une règle.

Jules nous indique comment fabriquer un gîte à chauve-souris avec deux planches de bois non traité, des côtés qui ne doivent pa dépasser 2 cm et une zone pour leur permettre de s’accrocher et qui leur sert de piste d’atterrissage. On fixe le gîte sur un arbre ou un mur, à deux mètres de hauteur avec une orientation sud-est pour avoir de l’ombre. Il faut rechercher la stabilité et prévoir trois entrées : par-dessous, derrière et devant. Il faut trois ans pour qu’elles s’installent et elles changent de gîte chaque année. Souvent au sortir de l’hiver, en février, elles manquent de gîtes.

Elles se nourrissent principalement d’insectes (moustiques, sauterelles, criquets…) mais aussi de petits poissons à la surface de l’eau et peuvent absorber jusqu’à 3 000 moustiques en une nuit sauf les moustiques tigre qui dorment la nuit… La plus grande arrive à manger une mésange en plein vol… En réponse à une question, Jules précise qu’elles chassent seules. Un auditeur demande si elles ont souffert des campagnes de démoustication. Il précise que cela n’a pas été étudié. 

Leurs crottes -le guano- composées de paillettes qui s’effritent constitue un excellent engrais : une cuillère à café de guano dans un arrosoir garantit le plus beau jardin !

La reproduction a lieu en automne pour une naissance en mai. Compte tenu de l’hibernation, la gestation dure un ou deux mois. A la naissance, le bébé a la taille de la moitié de celle de sa mère. Aurélia fait circuler une photo d’une nurserie. Les bébés chauve-souris naissent nus et sans poils. Les adultes s’affairent autour d’eux et s’organisent pour les nourrir à tour de rôle. Leur durée de vie est estimée en moyenne à 15 ans même si on en a trouvé une âgée de 36 ans…

Elles émettent des ultra-sons -des cris sociaux-. Elles parlent entre elles pour défendre notamment leur territoire. Scientifiquement on transforme les sons pour les rendre audibles. Le premier appareil a été inventé par un horloger vendéen il y a 80 ans. Chaque chauve-souris a sa fréquence. Jules nous fait la démonstration. Il faut quand même avoir une bonne oreille. C’est l’écholocation qui leur permette d’identifier leur environnement. Une application grand public existe mais elle est d’une utilisation très compliquée.

Grâce à la caméra thermique, on peut deviner sur l’écran de la tablette le passage de plusieurs chauves-souris.

Une auditrice demande si l’on connaît la population de chauves-souris à Beaulieu ? C’est difficile à évaluer mais ce qui est sûr c’est que la population globale diminue en raison de la chaleur néfaste faute de gîte idéal, des éoliennes, des voitures, de la pollution lumineuse… Les éoliennes créent de la pression qui font exploser les chauves-souris de l’intérieur. Des études ont été menées pour savoir quand elles sont présentes. On coupe alors les éoliennes. Ça marche bien. Pour décider de leur installation, on tient compte de leur impact sur les colonies de chauve-souris. Idem pour les oiseaux. Les fermes solaires les intriguent : elles les confondent avec un plan d’eau. Cela crée une petite perturbation sans les blesser.

En conclusion, Jules rappelle que la chauve-souris est souvent ressentie comme inquiétante et susceptible de transmettre des maladies. Elle peut en effet être porteuse de la rage et la transmettre en mordant d’où le port des gants pour la saisir. Mais dans certains pays elle est considérée comme un animal sacré. 

Elle fait peur : un peu vampire ! Il existe bien quatre espèces de vampires mais qui ne prélèvent qu’une cuillerée à café de sang en une nuit… donc pas de quoi s’affoler. 

Un enfant demande à Jules quelle est sa chauve-souris préférée ? C’est la sérotine bicolore !

Au début de la séance Jules avait fait allusion à une légende qui remonte au moyen-âge selon laquelle les chauves-souris aimaient s’emmêler dans les cheveux et qui était destinée à effrayer les jeunes filles. Heureusement il n’en est rien.

Il nous conseille de regarder le film intitulé « Une Vie de Grand Rhinolof [1] » tourné en Camargue en 2014 par Tanguy Stoecklé (durée : 49 mn) et récompensé par plusieurs prix prestigieux. On peut voir naître les bébés chauve-souris. A visionner gratuitement sur Youtube.

À 22 heures chacun.e a pu regagner ses pénates en scrutant le ciel dans l’espoir d’y deviner le vol d’une chauve-souris.

Compte-rendu fait par Régine Paris, secrétaire de l'A.R.B.R.E

[1] Il y a au cœur de la Camargue une fabuleuse colonie de Grand Rhinolophe. Cette espèce de chauve-souris est l’une des plus étonnantes. Véritable petit clown doté des toutes dernières technologies biologiques, le Grand Rhinolophe est aussi rare que mystérieux. « Une vie de Grand Rhinolophe » vous invite à partager la vie d’une jeune femelle et de sa mère, pour le meilleur et pour le pire… 

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Sortie ornithologique

Compte-rendu de la sortie oiseaux du 17 juin 2023

Il est 7 h ce samedi matin. 23 personnes dont 2 fillettes sont présentes au quai de dépose pour la sortie ornithologique annuelle. C’est Lucie Frison, chargée de projets environnementaux et spécialiste en ornithologie qui va nous emmener dans la plaine à la découverte des oiseaux.

Comment identifions-nous les oiseaux : à l’écoute, à la vue ? En effet, nous les entendons, mais les verrons-nous ?

La reconnaissance est complexe, le plumage varie selon le sexe, selon l’âge, selon les saisons. Le chant peut aussi varier en fonction de la localisation géographique de l’oiseau.

Avant de nous mettre en route, Lucie distribue des schémas d’un oiseau avec du vocabulaire pouvant faciliter l’utilisation d’un guide. 

Nous percevons un sifflement, c’est celui d’une Fauvette à tête noire (calotte noire), petit oiseau qui vit dans les arbres et qu’il est difficile de voir. Nous entendons aussi les Rossignols philomèles, très peu visibles et dont le chant nous est familier, puis au loin perché au sommet d’une branche, un Faucon crécerelle. Ce sont le comportement, la longueur de la queue par rapport aux ailes, la forme et les dernières plumes des ailes, la couleur (parfois modifiée par le soleil) qui permettent d’identifier les rapaces.

Faucon crécerelle

Nous pouvons voir des Martinets noirs, leur vol est rapide, leurs ailes sont longues par rapport à leur taille et pointues au bout ; ce sont des oiseaux qui ne se posent quasiment jamais (difficulté pour s’envoler depuis le sol) ils se perchent haut (nidification cavernicole et rupestre entre 1 et 2 mois dans l’année pour la reproduction.

Passage de Corneilles noires gros oiseaux noirs ainsi que d’un petit oiseau marron qui se réfugie dans un champ, c’est la Cisticole des joncs.  On entend une Fauvette mélanocéphale cachée dans le lierre à la base d’un frêne. Aperçu fugace d’un Loriot d’Europe difficile à voir malgré son plumage jaune mais que l’on entend très bien.

Voilà un Héron garde-boeuf qui s’envole. 7 autres suivront. Quel est ce son qui grince ? C’est le Bruant proyer qui est perché en haut d’un arbre.

Bruant proyer

En continuant notre chemin, nous entendons le cri d’un Pinson des arbres, un Busard passe et plonge au loin. Dans ce champ retourné vont et viennent des Mouettes rieuses qui se régalent parmi lesquelles se trouve un Goéland leucophée et pas loin de là, ce sont des Etourneaux sansonnet que l’on voit et qu’on entend. Passe un  Rollier d’Europe puis un autre et un Milan noir.  Deux personnes ont vu un couple d’Outardes canepetières.  

Héron garde-boeuf

Avant de rejoindre notre point de départ, nous entendons comme un bruit de moteur qui a du mal à démarrer, c’est l’Hypolaïs polyglotte caché dans un arbre.

Il est 9 h 45. Nous nous séparons la tête pleine de chants d’oiseaux. Merci à Lucie pour ses intéressantes explications

P.S. Un site de chants d’oiseaux : oiseaux-nat.fr

Durant la sortie : rencontre avec un Echiquier ibérique !
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CR de Jacqueline Taillandier, présidente de l'A.R.B.R.E

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Découverte des amphibiens 

Compte-rendu sortie nature du 24 mars 2023

Notre rendez-vous annuel a pu être honoré à 18h45 au lieu-dit « le lagunage » dans la plaine de Beaulieu, en l’absence d’eau dans la carrière du Génie où nous nous rendons habituellement.16 personnes dont deux enfants ont participé à cette sortie-découverte animée par Aurélia Dubois, naturaliste spécialisée en herpétologie (étude des reptiles et des amphibiens).  

Déroulé de l’animation

L’animation s’est déroulée en 3 étapes : 

  • un rappel général sur les amphibiens (cycle de vie, espèces, menaces, …) sous forme de jeux
  • un recherche auditive et visuelle des amphibiens (prospection terrestre et aquatique)
  • un bilan et une foire aux questions

Une histoire d’amphibien…

Avant de passer aux travaux pratiques, Aurélia rappelle quelques notions de base :


Il existe 39 espèces d’amphibiens en France dont 15 dans l’Hérault, tous protégés.

Le groupe des amphibiens se divise en deux catégories :

  • les « anoures » (sans queue) comme les crapauds et les grenouilles,
  • les « urodèles » (avec queue) comme les tritons et les salamandres.

Pour différencier les crapauds des grenouilles c’est facile. Il faut regarder :

  • la texture de la peau (lisse chez les grenouilles et granuleux chez les crapauds), 
  • la pupille (verticale chez les grenouilles et horizontale chez les crapauds)
  • taille des pattes (grande chez les grenouilles et petite chez les crapauds)
  • présence de glande derrière les yeux (absente chez les grenouilles et présente chez les crapauds)

Les amphibiens ont une vie en deux phases, à la fois aquatique et terrestre.

L’accouplement et la ponte s’effectuent généralement dans l’eau.
La ponte est annuelle, voir biannuelle dans notre région méditerranéenne (ponte de printemps et d’automne). Les œufs se transforment ensuite en têtard ou larve, puis une métamorphose s’opère jusqu’au stade adulte. On distingue plusieurs stades en fonction de la métamorphose. Ainsi les têtards qui n’ont pas de pattes au départ en acquièrent au stade 4, ce qui leur permettra une fois adultes de mener une vie terrestre.

Voici quelques espèces que l’on peut retrouver dans notre région :

  • le Pélobate cultripède qui possède de grands yeux et un chant très doux ressemblant à une poule. Cette espèce est en danger.
  • le Pélodyte ponctué avec ses pupilles en forme de gouttes d’eau et caractérisé par des petites taches vertes avec son chant caractéristique « deux boules de pétanques qui s’entrechoquent ». 
  • la Rainette méridionale différente de la Rainette verte qui possède un liseré noir s’arrêtant au milieu du flanc. Attention sa coloration est variable. Elle est généralement verte mais peut être brune ou exceptionnellement rose ou bleue.
  • le Crapaud calamite se différencie facilement du Crapaud épineux par sa ligne dorsale claire, sa pupille verte, ses grosses taches vertes et ses petites taches rouges. 
  • le Crapaud épineux, avec ses pupilles orangées et sa coloration beige marron. A ne pas confondre avec le Crapaud commun que l’on retrouve dans le nord de la France.
  • la Grenouille verte, espèce que l’on entend facilement en plein jour, qui peuple les fossés, les cours d’eau, les mares et les étangs. 
  • le Triton palmé. Le triton possède des branchies extérieures en phase larvaire. La femelle pond un œuf sur une feuille qu’elle replie dans un milieu aquatique (mare). On le différencie facilement des autres tritons par sa couleur beige/brune et ses palmures aux pattes.  

Photographies de quelques espèces : 

Nous ne verrons malheureusement pas de Salamandres
car c’est une espèce plutôt de milieu forestier et humide.
Animal mythique, le roi François Ier en avait fait son symbole.
Elle secrète une substance sur la peau qui ne présente pas de danger pour l’Homme.

Un petit jeu…

Aurélia propose à Pierre (7 ans) de participer à un petit jeu : il s’agit de repérer sur un tableau les différents stades de développement des amphibiens. Nous avons juste le temps de faire le cycle des Anoures que le vent se lève ! Les éléments du puzzle s’envolent… Nous bifurquons vite sur la prospection nocturne en espérant que le vent ne freine pas la sortie des crapauds et des grenouilles.

Des batrachologues en herbe…

Avec la nuit et le vent, la fraîcheur tombe. Aurélia propose de se rendre autour de la mare en prospectant les chemins et les abords de fossés pour repérer les anoures en vadrouille. Aux abords de la mare, le silence est recommandé ainsi qu’un minimum de lumière pour écouter les amphibiens. Après la prospection des abords de la mare, il est temps de regarder ce qu’il se cache à l’intérieur. 

Rappel : il ne faut pas toucher les batraciens
(peau fragile et transmission possible de maladie).

Munie de cuissardes, Aurélia entre doucement dans la mare pour déranger le moins possible le petit peuple de l’eau. Elle a proposé à Pierre d’être son assistant, ce qu’il accepte volontiers, pendant que son petit frère et les autres participants scrutent les abords de la mare. 

Nous découvrirons des Tritons palmés charmants, une Grenouille rieuse qui joue la star, et une centaine de têtards à différents stades de développement. Il s’agit des têtards de Pélodyte ponctué âgés au stade 2 et 3… Aurélia recueille quelques spécimens dans le petit aquarium de circonstance pour que nous puissions les voir de près sans les manipuler. Ils seront vite remis dans la mare pour continuer leur petite vie tranquille à l’abri des prédateurs. 

Après les têtards, nous partons à la recherche des « parents » dans les alentours proches. Nous entendons le chant caractéristique du Pélodyte ponctué qui évoque deux boules de pétanque qui s’entrechoquent ainsi que le chant de la Rainette méridionale. Le Petit-Duc, un rapace nocturne, n’est pas en reste non plus.

Fin des festivités

La prospection autour de la mare et le long de la Gendarme sera vaine au grand regret d’Aurélia et des participant.es. Concernant le Pélodyte, Aurélia nous indique qu’il est de petite taille, beige avec des tâches vert vif et que la plupart du temps on l’entend plus qu’on ne le voit. Bien caché sous une pierre, dans un tas de feuilles ou sur un arbre, il se fait discret. Pour nous consoler, de retour aux voitures, elle nous montre des photos du Pélodyte ponctué et de la Rainette méridionale et nous recommande deux ouvrages grand public pour poursuivre cette découverte. Il est 21 heures et le chant des Pélodytes et des Rainettes continuent encore. 

Un grand merci à Aurélia pour ce partage.

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Régine Paris avec la relecture d’Aurélia Dubois

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