Dimanche 16 juin 2024, au parc de la Roselière
Le rendez-vous avec les familles avait été fixé au parc de la Roselière à Restinclières à 10 heures. 25 adultes et six enfants ont répondu présents.
Jacqueline Taillandier, présidente d’ARBRE, rappelle en quelques mots les objectifs de l’association et la nécessité d’entretenir les deux parcs créés il y a une dizaine d’années à l’occasion des naissances dans les deux villages, Beaulieu et Restinclières.
Le but de la promenade animée par Yves Caraglio, botaniste référent de l’association, est de montrer les relations qu’entretiennent les plantes et les insectes apparus il y a quelques 260-300 millions d’années (les plantes à fleurs ont seulement 150 millions d’années). Nous savons qu’ils sont indispensables pour assurer la pollinisation et la fécondation croisée d’une fleur à une autre.

Mais qu’est-ce qu’une fleur ?
Frédérique Caraglio en dessine une sur une tablette. Que voit-on ? Le public ne se fait pas prier : des pétales, une tige, le pistil qui est l’organe de reproduction femelle, les étamines …

A quoi ça sert une fleur ? Assurer la reproduction de la plante par le rapprochement des organes mâle/femelle et en attirant les insectes grâce à leur odeur et/ou à leur couleur.
La balade est rythmée de pauses pour faire le point sur quelques notions indispensables.
Les pétales sont des feuilles modifiées et colorées.
Cinq pièces plutôt vertes, les sépales constituent le calice.
Les pétales forment la corolle, sorte de petit entonnoir que va sentir l’insecte, qu’il va repérer de loin grâce à son odeur puis il passera en visuel, le dernier élément étant tactile pour finalement goûter au nectar.
Yves nous montre une fleur en forme de lèvres qui appartient à la famille de la sauge, du thym et de la sarriette. On découvre le calice avec un plan de symétrie qui contraint les insectes pour atteindre le nectar. Il s’agit du phlomis, ou sauge de Jérusalem. La corolle est tombée. La fructification est faite, il reste le calice.

Puis on remarque un ensemble de fleurs constituant ce que l’on appelle « inflorescence ». Cela facilite le parcours de l’insecte. Nous avons affaire à une plante très odorante. Les insectes aiment bien travailler là-dessus.
On voit un insecte de la famille des punaises qui n’est pas pollinisateur puis un coléoptère sur une fleur. Il s’agit d’un pollinisateur non spécialisé, il consomme le pollen et participe malgré lui à la pollinisation.

Nous observons des petites et des grandes fleurs sur le bord, les premières sont symétriques avec le bagage étamines et pistil et les secondes dissymétriques avec des sépales plus grandes qui s’ouvrent les premières. Il s’agit d’une scabieuse de la famille des chèvrefeuilles.

Pour mieux observer on peut utiliser des lunettes grossissantes. La binoculaire permet de voir une bonne centaine de fleurs qui constituent à proprement parler l’inflorescence mimant une fleur-type la marguerite) la fleur que l’insecte broute pour aller chercher le pollen. Le nectar constitue alors la récompense et la ressource alimentaire recherchée par l’insecte, c’est la récompense en échange de la pollinisation. L’échange génétique s’opère grâce à l’insecte vecteur.

Poursuivant notre chemin, on observe un insecte qui a du pollen sur ses pattes. Il appartient à la famille des abeilles. L’andrène est poilue c’est une abeille solitaire.

Les hyménoptères (dotées en général de deux paires d’ailes qui sont couplées par deux) ont une langue pour aller au fond de la corolle. On distingue deux groupes :
- les vespidés ont peu de poils et sont des insectes sociaux (guêpe, frelon) ou solitaire (guêpe maçonne par exemple),
- les apidés sont des insectes soit sociaux soit solitaires (comme les Xylocope ou abeille du bois). L’abeille en fait partie ainsi que les bourdons. Ces deux groupes prennent le pollen qu’ils mélangent à leur salive et en font des boules qu’ils se colle sur les pattes. Pendant leur vol, le pollen ne se décolle pas. Chez les abeilles sauvages solitaires, le pollen n’est pas collé il est simplement déposé sur les pattes ou sous l’abdomen, durant leur vol des grains de pollen se détachent et vont polliniser des fleurs au passage. Ils font des pelotes de pollen sans le coller et sont efficaces en ce qui concerne la transmission.

Au passage, clin d’œil au liseron qui constitue une seule fleur de forme circulaire (la corolle forme un entonnoir amenant l’insecte vers le nectar sur les 5 étamines).

Durant l’évolution des organismes vivants, les insectes sont arrivés très tôt, les plantes ont réagi aux attaques des insectes par la mise en place de défenses chimiques (latex, résine…) puis il y eut les ruminants. Pour éviter que ces derniers n’en fassent qu’une bouchée, certaines plantes ont développées des épines. Une autre protection en réponse aux gros herbivores c’est de repousser comme avec les graminées qui ressortent toujours de terre (c’est pour cela que le gazon supporte la tondeuse !). Face à une contrainte, il y a toujours plusieurs solutions qui existent.
Le nectar n’a pas de production en continu, les insectes butineurs font alors leur parcours de fleur en fleur selon les horaires de sécrétion du nectar. Si on observe le millepertuis, les petites feuilles ont des petits trous. C’est translucide. La fleur simple possède une poche à huile.

Un trèfle : c’est comme un épi de blé avec des parties roses qui sont les fleurs. Il appartient à la famille des « fabacées ». Toutes les plantes de cette famille des Légumes (fève, haricot, petit pois, lentille…) ont des feuilles composées et on observe des « stipules » à la base de la feuille (elles ressemblent à deux petites feuilles).
Sur du genêt on voit de grosses abeilles noires, des xylocopes. La femelle est plus grosse que le mâle. Elles piquent si on les embête vraiment. Elles ont des territoires et se battent pour les défendre. Les fleurs du genêt de loin ressemblent à celles du phlomis. Mais la fleur du genêt montre une configuration qui ressemble sur le dessus à un casque et en dessous à une piste d’atterrissage.

Son fruit est comme celui de la fève, typique de cette famille. Les gros insectes fréquentent cette plante. Le calendrier journalier des visites aux fleurs correspond aux périodes de sécrétion. Il y a des stratégies d’évitement pour certains insectes : au lieu de passer par le centre de la fleur, ils passent en-dessous pour récupérer le nectar (par « effraction ».
On observe un papillon sur une scabieuse. On voit sa trompe qui s’enroule et se déroule et les ailes sont repliées. Il s’agit d’un zygène qui se déplace de fleur en fleur. Ce sont des papillons toxiques. Ils ont des couleurs très visibles. Ils sont équipés de quatre ailes avec sur le dessus des écailles colorées. Il est conseillé de ne pas les toucher ou les attraper par les ailes car on va enlever de la poussière qu’il y a sur les ailles (très fines écailles emboitées comme des tuiles) et ils ont alors du mal à se reconnaitre car il n’y a plus les couleurs ni les dessins des ailes. Ils hibernent en hiver. Des pontes commencent. Ils vivent entre un et deux ans.
Un petit rappel concernant les cigales qui vivent sous terre entre deux et quatre ans à l’état de larve fixée sur une racine pour manger et seulement quelques mois à l’air libre à l’état adulte. Elles attendent la chaleur pour sortir et n’aiment pas l’humidité.

Nous observons des euphorbes. Ce sont des fleurs discrètes et complexes. Le sphynx de l’euphorbe est un papillon rosé. L’animal se déplace à la différence de la plante d’où un intérêt plus important du public pour ce qui bouge.

Les étamines transformées en glandes (orange sur la photo) sécrète le nectar au centre. L’euphorbe est une grosse structure en trois parties : on trouve la fleur femelle et la fleur mâle à la périphérie. Une fleur femelle et des fleurs mâles forment une étamine. On a affaire à une inflorescence.

Toutes les plantes du genre euphorbia ont une structure de « fleur » identique quelle que soit la région du monde. Le latex protège la plante. La pollinisation s’opère par des mouches équipées d’une langue particulière : on parle de « lécheurs ». L’appareil buccal fonctionne comme le système de la paille. La trompe va se déployer. Les mêmes pièces se sont développées différemment. En regardant les pièces de la bouche on sait ce qu’elles mangent.
Les céréales sont pollinisées par le vent.
Les insectes se caractérisent par six pattes, des antennes, deux paires d’ailes, un corps en trois parties (tête, thorax, abdomen). On observe une symétrie bilatérale. Tout est porté par le thorax. L’oeil est une grosse structure qui occupe la moitié de la tête.
Ce sont des organismes segmentés. Ils respirent par des petits trous -des stigmates- en contractant et décontractant.
La nervation des ailes permet de savoir quand est apparue l’espèce, moins ils ont de nervures et plus ils sont récents. Ils ne naissent pas « insectes » mais sont d’abord des larves avant de changer de forme.
La guêpe se nourrit de nectar. Elle pollinise un peu. Mais c’est aussi une prédatrice, elle fait des boulettes avec ses proies pour nourrir ses larves.
Depuis la naissance de l’insecte, on observe des changements de régime alimentaire (nectar pour la guêpe/larve carnivore, de lieu de vie (eau pour la larve de libellule/air pour l’adulte), de forme (la chenille/le papillon). Pour le passage à la forme adulte, l’organisme se dissous. On refait complètement l’organisme cellulaire et on assiste à de grosses transformations : les mues.
Exemple : les petites punaises n’ont pas d’ailes mais elles ont leur forme dès le départ.
Ainsi le degré de transformation n’est pas le même pour toutes les espèces. Certains secrètent du nectar : la propolis pour les abeilles.
Nous arrivons à la fin de cette exploration dans le parc de la roselière et ses nombreux habitants.
Quelques ouvrages peuvent nous aider à approfondir nos connaissances :
- Intimités de Liliane Delattre avec 1 000 plantes dans son jardin.
- Plantes et insectes, une histoire d’amour édité par les Ecologistes de l’Euzière.
- La collection des petits zécolos : A la rencontre des petites bêtes du célèbre naturaliste Jean-Henri Fabre.
On peut aussi suivre l’inventaire de la biodiversité métropolitaine qui concerne toutes les espèces en consultant iNaturalist.
Pour terminer on observe dans un angle du préau un nid primaire de frelons qui ont migré vers un nid secondaire.
Notre sortie prend fin vers 11h30.
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Régine Paris avec la relecture scientifique d’Yves Caraglio et les photos de Frédérique Caraglio.







































