Résultat de Recherche pour faune

Les 24h des zones humides du Bassin de l’Or

1re édition

Contexte
Au regard des enjeux patrimoniaux naturels exceptionnels du Bassin de l’Or, le Symbo renforce son animation territoriale relative à la préservation des zones humides, notamment au travers de la mise en œuvre d’un Plan de Gestion Stratégique des Zones Humides (PGSZH) du Bassin de l’Or (2022-2027). Cette stratégie vise à définir les priorités d’actions en termes de conservation et/ou de restauration des zones humides sur les territoires des EPCI composant le Symbo, à savoir la Communauté de communes Grand Pic Saint-Loup, la Métropole de Montpellier, les communautés d’agglomération Pays de l’Or et Lunel Agglo. Une centaine d’actions est inscrite à cette stratégie, dont certaines actions transversales, visant, entre autres, à développer la sensibilisation de différents publics aux enjeux de préservation des zones humides. Dans ce sens, le Symbo a souhaité tester en 2024, avec en appui l’association des Ecologistes de l’Euzière qu’il a mandatée pour l’occasion, une opération grand public dédiée aux zones humides du Bassin de l’Or, les 24h des zones humides.

Vendredi 5 et samedi 6 avril a eu lieu à Beaulieu la première édition des 24h des zones humides du Bassin de l’Or, organisée par le Syndicat Mixte du Bassin de l’Or (Symbo) et l’association des Ecologistes de l’Euzière, en partenariat avec les Communes de Beaulieu et Restinclières, notre association A.R.B.R.E. et soutenu financièrement par l’Agence de l’eau RMC et la Région Occitanie.

Sorties naturalistes, inventaires participatifs, stands animés, projection de film, exposition étaient ouverts à tous afin de découvrir les zones humides du territoire et la biodiversité associée. Au cours d’expéditions, les participants, près de 150 sur les deux journées, ont réalisé des inventaires de la faune et de la flore : 235 espèces végétales et animales ont été inventoriées, 150 pour la flore, 85 pour la faune. Cette restitution des observations a été présentée en clôture d’événement aux personnes présentes. Le Symbo établira un bilan plus détaillé dans les semaines à venir sur son site internet www.etang-de-l-or.com.

_____________________________________________
Eve Le Pommelet
Chargée de mission Biodiversité-Milieux aquatiques
Syndicat Mixte du Bassin de l'Or (Symbo)

Rejoignez les 95 autres abonnés

Conférence géologie

Changements climatiques – Extinctions
Ce que nous enseigne la géologie

Samedi 2 décembre 2023 avec Dominique Gayte

En parallèle à la COP 28 qui se tient à Dubaï aux Émirats arabes unis -coïncidence des calendriers-, l’association A.R.B.R.E a réuni une cinquantaine de personnes pour évoquer les changements climatiques et l’extinction d’espèces sous l’angle de la géologie.
Cette conférence fait suite à deux sorties sur le terrain conduites par Dominique Gayte.

A l’aide d’un diaporama il nous présente les grandes évolutions du climat et des espèces végétales et animales de – 4 milliards d’années à nos jours.
Il débute son propos avec une mise en perspective de l’apparition des différentes formes de vie sur la terre :

  • Dès 4 milliards d’années, apparition de la vie,
  • Il y a 2 milliards d’années, apparition de l’oxygène et des Eucaryotes,
  • 600 millions d’années : explosion cambrienne,
  • 500 millions d’années :  les vertébrés,
  • 400 millions d’années : sortie de l’eau,
  • 200 millions d’années : les mammifères
  • 160 millions d’années : les oiseaux
  • 2,5 millions d’années (?) : genre homo
  • Neandertal : 500 000 (?) 
  • Homosapiens :300 000 (?)

Une charte chrono stratigraphique a été élaborée à partir de la découverte des fossiles.

Une des premières choses que les géologues anciens ont découvert c’est qu’il y avait des renouvellements de faune/flore. Ils en ont déduit un découpage des temps géologiques. 

A partir de la bio stratigraphie (chronologie relative) on a élaboré des ères : primaire (le trilobite), secondaire (les dinosaures), tertiaire et quaternaire (espèce humaine), qui ont changé  de noms : paléozoïque, mésozoïque, cénozoïque (tertiaire et quaternaire)… et en bout de chaîne ce que nous appelons l’anthropocène (impact significatif de l’homme sur la planète que l’on peut faire remonter au néolithique avec les brûlis qui transformaient l’environnement).

Parallèlement, le climat a évolué tout au long de la vie de notre planète . C’est ainsi que les anciens géologues se sont rendu compte que les collines de Lyon (Fourvière et la Croix Rousse) sont d’anciennes moraines (amas de débris rocheux poussés par les glaciers).  Il y avait donc des glaciers à Lyon, il n’y a pas si longtemps que cela (Riss : entre -300 000 et -130 000 ans ). 

Près de Beaulieu, à l’Eocène (40 Ma), on retrouve une faune de pays chaud (tropical) : crocodiles, ancêtres des hippopotames… La dérive des continents peut expliquer une partie de ces évolutions de température, mais pas tout ! Surtout que ces conditions se retrouvent parfois sur tout le globe.

On distingue cinq grandes extinctions La sixième est en cours. 

Mais il y a eu aussi beaucoup de « petites » crises. On parle également de crise écologique ou biologique. Dans tous les cas, on constate des durées relativement brèves, une répartition géographique mondiale et une importante chute de la biodiversité. Le bilan est à nuancer car nous n’avons qu’une vision parcellaire essentiellement liée aux fossiles. Or, il est difficile de retrouver des fossiles de champignons par exemple alors qu’ils sont constitués de beaucoup d’eau… 

On notera dès maintenant une grande dépendance entre l’extinction d’espèces et les changements climatiques.

Au début, si on remonte le temps (vertigineux chez les géologues…), la terre peut être vue comme une grosse boule de lave (– 4,6 milliards d’années) puis il y eut un énorme impact avec Théia, de la taille de la moitié de la Terre (60 millions d’années après le début). De cette collision est née la lune et peut-être les saisons à cause de l’inclinaison de la terre. Sur une période comprise entre 3,8 et 4 milliards d’années, la terre se refroidit, une croûte se forme, des bombardements intenses de météorites ont lieu.  Assez vite on aura l’apparition de la vie (- 3,8 à – 4 milliards d’années ?).Il y a un peu plus de 2 milliards d’années la terre a été recouverte d’une grande couche de glace. On l’appelle « terre boule de neige » et un fort albédo (le pouvoir réfléchissant d’une surface) augmente le refroidissement.

Les gaz à effet de serre

Avec beaucoup de CO2 dans l’atmosphère on aurait dû avoir un effet de serre énorme mais le soleil n’était pas à pleine puissance (environ 70%). La vie autour de – 4 milliards d’années concernait des organismes unicellulaires qui absorbaient de l’oxygène et rejetaient du méthane. Ce gaz à effet de serre sont 25 fois plus puissants que le CO2. Les températures auraient dû exploser. Il y eut semble-t-il un brouillard d’hydrocarbures (du méthane) qui a assuré une protection. De fait il n’y a pas qu’une cause et qu’une conséquence. Il y a un peu plus de 2 milliards d’années, une énorme glaciation transforme la terre en une énorme boule de neige. Grace à la prolifération d’une nouvelle catégorie d’organismes utilisant la photosynthèse, l’oxygène apparaît. Cet oxygène est un poison pour les premières formes de vie.
C’est probablement la première extinction mais qui reste ignorée.
Il y a 750 millions d’années, la concentration atmosphérique de gaz à effet de serre baisse à tel point que la Terre a perdu environ 50 °C de température moyenne. La cause en est probablement : l’érosion… Les sédiments sont des puits à carbone qui captent le CO2. Plusieurs épisodes ont eu lieu jusqu’à – 600 millions d’années environ et on en est sorti grâce au volcanisme qui a rejeté du CO2…

On voit donc l’importance des gaz à effet de serre – CO2 – Méthane. 

Pendant toute cette phase de glaciation, la vie a continué sous forme d’abord d’organismes unicellulaires (bactéries, stromatolithes) puis des premiers organismes multicellulaires (algues rouges, gabaonites, éponges). A la fin de la glaciation du Cryogénien on note une explosion de la vie multicellulaire : faune d’Ediacara (du nom d’un site en Australie) il y a 630 millions d’années. 

Il y a un peu plus de 500 millions d’années, extinction massive de la faune d’Ediacara et nouvelle explosion de vie ! Apparition de la plupart des embranchements actuels. Certains parlent de big bang zoologique. Une des causes pourrait être l’augmentation de la quantité d’oxygène dans l’eau.

Une nouvelle extinction appelée « Ordovicien-Silurien » il y a 445 millions d’années liée à une importante glaciation et à une grande phase de volcanisme  85 % des espèces ont disparu , recul de la mer sur des centaines de km détruisant les écosystèmes. Deux théories : à l’Ordovicien, colonisation de la terre ferme par les plantes non vasculaires dépourvues de racines, de tiges et de feuilles), altération des sols (silicate) qui a fixé le CO2 donc réduction de l’effet de serre et diminution drastique de la température. La seconde théorie met en avant l’abondance d’algues vertes qui ont piégé le CO2.

Extinction de la fin du Dévonien vers – 370 millions d’années, disparition de 75 % des espèces, surtout littorales, en 20 millions d’années (!) Variations répétées du niveau de la mer et du climat entraînant plusieurs extinctions successives. Apparition des plantes vasculaires (arbres) sur la terre ferme, génération des sols, altération des sols, lessivage de ces sols, matière organique entraînée dans les océans, en mer diminution de l’oxygène et fixation du CO2 (récifs, dépôts de sédiments calcaires). Et aussi volcanisme important, astéroïde…

Extinction du Permo-Trias il y a 252 millions d’années. 95 % des espèces marines et 70 % des vertébrés terrestres ont disparu ! Mais aussi disparition massive des plantes. Ce qui en fait la plus grande extinction identifiée. Ont notamment survécu les ancêtres des dinosaures, des crocodiles et des mammifères. Les causes sont encore troubles mais il y aurait plusieurs hypothèses : l’activité volcanique, le sulfure d’hydrogène (H2S), l’existence d’un continent unique : la Pangée, l’extrême accroissement de la température (50 à 60 °C sur les continents et proche de 40 °C à la surface des océans + d’importants dépôts d’évaporites (par exemple les mines de sels des Alpes : Hallstatt exploitée au Néolithique). 

L’immense activité volcanique durant 1 million d’années a donné les trapps de Sibérie – 2 millions de km² recouverts actuellement, probablement 7 millions à l’époque (en comparaison de la superficie de la France de l’ordre de 550 000 km² et 10 millions de km² pour l’Europe), et jusqu’à 4 km d’épaisseur ▪ Libération de CO2 dans l’atmosphère. 

Le sulfure d’hydrogène – le gaz qui sent mauvais (œuf pourri) et qui est toxique- aurait été massivement libéré dans l’atmosphère suite au réchauffement ; Il est aussi impliqué dans la destruction de la couche d’ozone avec des conséquences néfastes pour les espèces. 

La Pangée :  super continent ayant regroupé quasiment toutes les terres émergées.  Il a donc limité les surfaces de contact terre/mer propices à la vie. Il y a probablement eu de grands bouleversements au niveau des courants marins et aériens qui ont profondément modifié le climat et donc la vie. 

Extinction Crétacé-Paléogène (ou crétacé–tertiaire) il y a 66 millions d’années, la plus proche de nous, donc la mieux connue. Elle a été immortalisée par de nombreux films sur l’extinction des dinosaures (!). Elle a permis notamment l’expansion des mammifères. Deux causes majeures sont évoquées : l’impact d’une météorite avec des traces d’iridium et le volcanisme. Les deux ont contribué à cette extinction massive.

La météorite de Chicxulub au large de la péninsule du Yucatan (Mexique) a laissé un cratère d’impact. L’astéroïde aurait eu une taille de 10 à 80 km de diamètre. On a retrouvé les couches qui illustrent cet évènement dans le Dakota du nord (Tanis) : trace d’un tsunami, mélange d’animaux d’eau douce et marins, dinosaures dans la couche -pas au-dessus-, poissons avec des tectites (billes de verre) dans les branchies. Cet évènement a créé un hiver nucléaire avec la diminution de la lumière solaire, la disparition de nombreuses plantes et de la chaîne alimentaire au-dessus. Le froid aurait éliminé les animaux à sang froid.

Trapps du Deccan formés à la suite d’importantes coulées de lave de plus de 2 000 m d’épaisseur sur 1,5 à 2 million de km², entre 30 000 ans et 1 million d’années,  à l’époque où la plaque Indienne, qui avait quitté le sud de l’Afrique, se trouvait au niveau de la Réunion actuelle.

Les évolutions récentes du climat 
Nous avons des données plus précises avec les carottes glaciaires russes. Le climat évolue régulièrement avec une alternance de phases de glaciation et de réchauffement. Les causes seraient à trouver notamment dans les relations soleil/ terre :

  • Excentricité de l’orbite terrestre (période de 100 000 ans)
  • Oscillation de l’axe de rotation propre de la Terre (inclinaison de l’Écliptique) (40 000 ans)
  • Précessions (axe des équinoxes) (25 000 ans)
  • Cycles d’activité du soleil (11 ans).

Actuellement nous connaissons une phase de réchauffement stable que montrent les courbes Epica et Vostok. Le taux de CO2 a un impact direct sur l’accroissement de la température. Cet accroissement colossal est lié à l’activité humaine.

Et encore plus récemment 

  • Petit âge glaciaire (PAG), période climatique froide qui a touché l’ensemble du globe. 
  • En 1693 et 1694, près de 1,7 millions de Français meurent, autant que durant la Première guerre mondiale. 
  • Retraite de Russie de Napoléon, 1812…

Le Gulf Stream
C’est un courant océanique qui remonte les eaux chaudes des tropiques. Il est responsable d’une relative douceur des côtes bretonnes. Le Gulf Stream peut-il s’arrêter ? Un arrêt a eu lieu en – 6 200 à la suite du déversement d’une énorme quantité d’eau douce dans l’Atlantique nord (lac Agassiz). Cela aurait engendré une baisse de température de 5 °C en Europe pour plusieurs siècles.

Et les extinctions récentes…
Les extinctions ont continué durant le tertiaire et le quaternaire. Les plus récentes sont celles de la mégafaune du Pléistocène. En Eurasie avant la fin de la dernière grande glaciation, on avait une faune de « gros » animaux – Mammouth, ours des cavernes, lion des cavernes, paresseux géant… qui disparait il y a une dizaine de milliers d’années.

Conclusions
La géologie nous enseigne que le climat n’a cessé de varier, entraînant des catastrophes au niveau de la vie. Mais le climat est aussi le moteur des apparitions de nouvelles formes de vie.
Le climat évolue notamment sous l’influence des gaz à effet de serre (volcanisme – vie – et l’Homme a un impact notable sur l’augmentation de leur concentration-). 
La vie dépend aussi de conditions extra-climatiques (composition chimique du milieu, le soleil, la couche d’ozone, la réduction des écosystèmes (et l’Homme a un impact notable sur la réduction de certains écosystèmes).
L’homme est-il en danger ? Non, il est assez résilient pour survivre. C’est sans doute notre civilisation qui est menacée. Pour le géologue la boucle de rétroaction fera qu’il y aura moins d’humains donc moins de gaz à effet de serre et une baisse de la température.
Il existe une étroite interdépendance entre la vie et le climat. 
La planète a connu des évènements catastrophiques, mais la vie a toujours pris le dessus. Sans ces évènements, nous ne serions probablement pas là.

————————————————————————————————————————————————————————————————————————
Synthèse de Régine Paris à partir du diaporama de Dominique Gayte.

Rejoignez les 95 autres abonnés

Regards croisés 2022

Samedi 22 octobre 2022 à 18h – Salle du Pic Saint-Loup à Beaulieu (34160)

L’Humanité face au déclin de la biodiversité

La salle du Pic Saint-Loup, mise à disposition par la commune, accueille une cinquantaine de personnes.  

En introduction, Jacqueline Taillandier, présidente de l’association, rappelle brièvement l’historique, les objectifs et les activités poursuivis depuis dix ans par l’ARBRE : animations par des spécialistes dans les écoles des deux communes, sorties botaniques, géologiques, ornithologiques et batraciens, plantations d’espèces méditerranéennes dans les deux parcs botaniques à l’occasion des naissances, création d’un sentier botanique dans les carrières de Beaulieu, conférences-débats, déplacements doux. 

Yves Caraglio, botaniste et chercheur au CIRAD, référent scientifique de l’association, présente les deux intervenants de la soirée : Mickael HEDDE, Directeur de Recherche à l’INRAe[1] et Alix Cosquer, chercheuse du CNRS[2] au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier.


Mickael Hedde a centré son propos sur la vie du sol à travers un diaporama disponible sur le site Internet d’ARBRE : Présentation de Mickael Hedde.pdf

Les premières images nous sensibilisent sur la notion de sol qui à première vue se présente comme une surface plate, uniforme et artificialisée. Quand on décape les premiers centimètres on découvre un volume complexe et très diversifié, organisé en horizon : dans 90 % des cas un sol c’est ça avec une formation sur des milliers d’années. Les deux photos suivantes montrent un ours blanc, un loup, un éléphant, un papillon… perçus par le plus grand nombre comme la biodiversité terrestre alors que dans 99,9 % elle est constituée d’algues, amibes, mille pattes, tardigrades, vers de terre, bactéries et champignons… Ainsi un quart des espèces vit dans le sol. Elles sont de tailles diverses, de la mégafaune à la microfaune.

A partir des années 1970 les scientifiques ont décrit les organismes du sol. Mais l’intervenant rappelle que Darwin à la fin du 18ème siècle passait plus de temps à observer les vers de terre qu’à construire sa théorie de l’évolution.

L’objectif était de repérer toutes les espèces de vers de terre. Au fil des années on en a dénombré une centaine dans la région de Montpellier mais seulement 22 en Guyane avant 2010 et 144 depuis ce qui fait un total de 166 espèces pour ce seul département ultramarin. Plus c’est petit, moins on connaît. Un graphique montre les espèces connues et les espèces probables à découvrir en fonction de la taille des organismes. 20 nouvelles espèces ont été décrites en France depuis 2019.


[1]    Institut National de la Recherche Agronomique et Ecologique[2]    Centre National de la Recherche Scientifique

Au début des années 1970, un chercheur montpelliérain, Marcel Boucher, a parcouru la France avec un camping-car pour faire des repérages de vers de terre qu’il notait sur une carte (1400 points au total). Ce serait intéressant de revenir sur ses pas pour voir ce qu’il en est cinquante ans plus tard. Les changements de pluviométrie en forêt ont des effets sur les vers de terre. Le climat a modifié leurs communautés qui doivent s’acclimater. Ainsi dans le Massif Central, entre 1972 et 2022 des espèces sont remontées en altitude. On constate aussi des invasions biologiques avec des espèces non indigènes.

A la suite des grandes glaciations anciennes, l’Amérique du Nord était dépourvue de vers de terre. Ils sont arrivés plus tard par les bateaux lestés avec du sol ce qui a entraîné des modifications au niveau des cultures et la volonté des américains, à la différence des européens, de tuer les vers de terre…

La biodiversité est menacée par le travail du sol et l’utilisation de pesticides qui modifient les réseaux trophiques des sols agricoles.

Avec l’urgence de l’anthropocène on continue à découvrir de nouvelles espèces de collemboles dans les névés des Pyrénées mais les névés vont disparaître…

Un dessin montre les facteurs d’appauvrissement des sols: changement d’affectation des terres, espèces envahissantes, perte de la biodiversité de surface, pratiques non durables de la gestion des sols, pollution, changement climatique, imperméabilisation des sols et urbanisation, feu sauvage, dégradation des sols.

Il est difficile de dire quand le système commence à s’écrouler. Il y a un capital à conserver pour ce que l’on connaît et ce que l’on ne connaît pas. Il faut repenser l’agriculture, faire un pas de côté, limiter les intrants et pour arrêter cette érosion, sensibiliser, plaider pour la biodiversité cachée, gérer durablement.

On peut consulter sur le diaporama des documents produits par la FAO[1] sur les causes d’appauvrissement des sols et les remèdes proposés ainsi qu’une vidéo.

En complément Mickael Hedde évoque une étude menée en Allemagne sur une durée de 50 à 70 ans concernant la perte des insectes (nombre et fonction). Aujourd’hui on a identifié environ 4 000 espèces de vers de terre connues. Il y en aurait 6 000 à 10 000. Pour cela on fait appel à la modélisation. Jusqu’ici on sacrifiait des animaux pour les identifier. On dispose aujourd’hui des méthodes moins invasives (scanners et signatures génétiques).


[1]    Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

A la fin de ce premier exposé, Yves Caraglio assure l’intermède avec la seconde intervenante en observant que nous marchons sur le sol en ignorant sa composition alors que tout le système est peut-être en train de s’effondrer.


Alix Cosquer prend la parole pour parler des aspects humains et environnementaux suite aux bouleversements climatiques et de dégradation de la biodiversité. Son diaporama est également disponible sur le site Internet d’ARBRE : Présentation de Alix Cosquer.pdf

Elle propose de penser notre lien à la nature. Il va falloir changer nos manières de vivre avec des actions rapides et de grande envergure (cf. le rapport du GIEC[1] de juin 2021).

Elle déplore une forte inertie face aux enjeux environnementaux. Cette détérioration serait due à la diminution du contact avec la nature, un éloignement physique et psychique. Elle s’interroge sur les relations que nous entretenons avec le vivant compte tenu des transformations sociales (sédentarité, transports, urbanisation, multiplication des écrans…). La nature serait de moins en moins présente dans notre vie. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et en France cette proportion atteint les trois quarts. L’expérience serait de plus en plus indirecte et procurerait moins d’émotion. Elle évoque une amnésie générationnelle environnementale.

Elle tempère son propos en constatant que les enjeux environnementaux sont mieux connus surtout par les jeunes. On a pu constater pendant l’épidémie de Covid un phénomène d’attrait maintenu pour la nature et l’émergence d’un mouvement de fond avec le désir pour une partie de la population de s’installer ailleurs que dans les villes.

Il faut aussi s’interroger sur les effets de la nature sur notre santé et le bien être humain. Des études très documentées ont émergé ces dix dernières années. On relève un grand nombre d’effets positifs :

  • un effet physiologique bienfaisant sur l’activité cérébrale, la diminution du stress et des troubles anxieux,
  • une amélioration de l’humeur, de l’attention, de la mémoire et de la créativité,
  • des bénéfices sociaux avec une baisse des inégalités sociales, de santé.

La sylvothérapie permet une expérience multisensorielle et une meilleure connaissance des arbres. 


Le public prend la parole.

En milieu scolaire il y a un réaménagement des cours d’école. Alix Cosquer a constaté que les enfants avaient des relations plus faciles avec les insectes qu’avec les végétaux.

Des auditeurs questionnent : Il faudrait peut-être commencer par s’interroger sur ce que c’est que la nature ? Fait-on partie de la nature ?  La nature parle à tout le monde mais il faudrait apprendre aux jeunes comment une graine pousse.

Les discussions se poursuivent autour d’un apéritif dînatoire offert par l’association.


[1]    Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

___________
Régine Paris
avec la relecture d’Yves Caraglio

Rejoignez les 95 autres abonnés

Regards croisés 2022

Samedi 22 octobre 2022

L’humanité face au déclin de la biodiversité

L’Association Restinclière Beaulieu pour le Respect de l’Environnement vous propose la 10e édition de Regards croisés « L’humanité face au déclin de la biodiversité » dans le cadre de la thématique annuelle 2022 sur la Biodiversité.

Nous recevrons Mickaël Hedde, directeur de recherche en écologie des sols à l’Inrae dans l’Unité Mixte de Recherche Eco&Sols à Montpellier. Il est spécialisé dans la macrofaune du sol, de ses interactions avec d’autres organismes et sur les conséquences sur la vie du sol.

L’autre partie de la soirée consistera à confronter la perception de la biodiversité, sa perte et ses impacts sur notre quotidien. La présentation de la biodiversité du sol, une diversité cachée sera un thème privilégié pour ces échanges avec Alix Cosquer qui est chercheuse en psychologie environnementale et psychologie de la conservation au Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive (CEFE, CNRS), à Montpellier.  Elle est spécialiste des interactions entre individus et environnements naturels.

Le rendez-vous est donné le samedi 22 octobre à 18 h dans la salle municipale de l’esplanade du Pic Saint Loup à Beaulieu.

Rejoignez les 95 autres abonnés

Sortie dans les vignes

Samedi 9 avril 2022

Dans le but de démarrer le projet d’élaboration d’un atlas de la biodiversité pour les communes de Beaulieu et Restinclières, présenté et approuvé lors de son assemblée générale du 28 janvier 2022, l’association A.R.B.R.E a invité toutes les personnes volontaires à participer à une sortie printanière dans les vignes de Beaulieu.

Cette sortie fait suite à une première escapade le 20 mars dernier en milieu urbain dans les rues de Restinclières. D’autres sorties sont programmées dans la garrigue, les bois et en milieu humide.

28 personnes étaient au rendez-vous de la Chapelle à Beaulieu. A 16 heures, le groupe chemine en direction de la plaine de Beaulieu, au lieu-dit Les Piochs.

Photo : Patrick Paris

Pour cette sortie particulière qui sera suivie, le vendredi 22 avril à 19h, d’un atelier d’initiation à la fabrication d’un herbier, Yves Caraglio a invité Caroline Loup, responsable de l’herbier de Montpellier, l’un des trois plus beaux herbiers de France. Cette spécialiste donne des conseils pour la cueillette des échantillons de plantes, à déposer soigneusement dans des sachets avec l’indication de la date et de l’endroit de la récolte. 14 personnes s’inscrivent pour l’atelier du 22 avril.

Photo : Patrick Paris

Il a été demandé au préalable aux participants de télécharger l’application Pl@ntNet pour commencer la collecte photographique et la géolocalisation des arbres et des plantes de leur choix. Tout au long de la promenade, il était possible de solliciter une aide pour se familiariser avec l’application et transmettre les photos au groupe ARBRE34160 constitué à cet effet dans l’application.

Nous sommes dans une vigne en culture conventionnelle qui va passer prochainement en culture biologique et à proximité d’une petite parcelle cultivée en bio.

Photo : Patrick Paris

Une vingtaine de personnes ont contribué à la collecte photographique des plantes présentes dans la vigne et à ses abords et un premier inventaire a pu commencer : thym commun, ophrys, euphorbe, coronille, véronique des champs, chêne kermès, cytise de Galiano, poirier à feuilles d’amandier, genêt scorpion… Yves invite les promeneurs à poursuivre la collecte lors de leurs sorties personnelles pour obtenir le maximum de données qui feront ensuite l’objet d’une cartographie partagée.

À l’occasion de ces sorties, nous avons mis en place un compte Instagram, ARBRE34160, pour permettre d’échanger et de rendre compte de l’avancée de l’inventaire ainsi que d’annoncer des sorties « inventaires » spontanées.

Le beau temps et la bonne humeur étaient aussi au rendez-vous de cette activité ludique en plein air.


Régine Paris avec la relecture d’Yves Caraglio

Rejoignez les 95 autres abonnés

Les plantes dans la ville !

Compte-rendu de sortie en milieu urbain

Dimanche 20 mars 2022

La sortie de ce dimanche était focalisée sur deux actions : les plantes rudérales et les premiers pas dans l’utilisation de l’application Pl@ntNet dans le cadre du projet d’atlas de la biodiversité communale entrepris par l’association.

Malheureusement pour la sortie, mais pas pour la nature, la pluie était au rendez-vous ! Les sept botanistes en herbes présents ont arpenté les trottoirs des rues de Restinclières à la recherche de fissures dans le béton, d’interstices aux bords des plaques du pluvial, toutes zones propices à capturer des graines, conserver de l’humidité et de la matière organique : une bénédiction pour tout un cortège de plantes que l’on nomme des rudérales. Ces plantes sont capables de germer et se développer dans les moindres petits espaces entre béton et asphalte.

Chacun des participants, armé de son téléphone mobile et de l’application Pl@ntNet, a pu dénicher et identifier plus ou moins sûrement une vingtaine d’espèces sur quelques mètres linéaires de trottoir. La diversité sur ces zones a priori ingrates surprend toujours.

Nous en avons profité pour bien donner les rudiments de l’utilisation de l’application. Nous avons créé un groupe « ARBRE_34160 » dans Pl@ntNEt afin de pouvoir échanger les observations et avoir une rapide cartographie des lieux et espèces observées.

Nous referons une initiation à l’application d’identification des plantes à chacune des sorties pour les nouveaux venus.

Prochaine sortie : samedi 26 mars à 18h30 au parking des Carrières pour l’écoute et observations des Batraciens. 

___________________________
Texte et photos : Yves Caraglio

Rejoignez les 95 autres abonnés