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Fête de la Pierre 2015

Sortie botanique et archéologique

Découverte des Carrières de Beaulieu

Dimanche 14 juin 2015 a eu lieu la Fête de la Pierre à Beaulieu.

Parmi les différentes animations initiées par la municipalité de Beaulieu sur le site du Théâtre des Carrières, il y a eu une promenade à trois voix avec Yves Caraglio, botaniste ; Pierre Michel, archéologue amateur  et Lisa Calixte chargée de l’Inventaire général du patrimoine culturel à la Région.


Yves informe le groupe de randonneurs que le pas du botaniste est lent par nature.

La garrigue, installée sur un fond marin datant de 15 à 20 millions d’années, soumise à des différences climatiques importantes avec un temps sec et chaud en été et froid en hiver produit une végétation très variée. La saisonnalité forte entraîne une grande rotation des plantes. C’est un espace naturel.

Le chêne vert qui atteint 3 à 4 m de hauteur y règne en maître.

Yves nous montre une plante à fleur bleue de la famille du haricot qui dégage une odeur de bitume quand on frotte les feuilles.

Chemin faisant, il nous invite à examiner un petit espace où coexistent en ce moment de la lavande sauvage ou aspic (nom local) dont l’arôme intéresse la parfumerie -à distinguer du lavandin mis en culture-, un genévrier, un chêne kermès, de l’immortelle jaune puis nous montre comment distinguer d’une part le chêne vert (blanchâtre sous la feuille) du chêne kermès -tous deux à feuillage persistant-, et d’autre part le genévrier (une bande blanche sous la feuille) du cade (deux bandes blanches).

Dans notre région soumise l’été à un fort risque d’incendie, il nous apprend que le chêne kermès -grâce à ses tiges souterraines- repousse rapidement et que le pin d’Alep est pyrophile et colonise beaucoup les espaces ouverts (ses cônes contenant les graines éclatent par grosse chaleur).

Bota / photo : Frédérique CARAGLIO-VINOTTI


Pierre Michel nous montre les traces d’activité humaine, de véritables saignées, qui correspondent au cheminement des charrettes transportant les pierres extraites des carrières alors en activité. Plus le chemin est vieux, plus il est creux. Quatre à huit chevaux en ligne tiraient les charrettes. Le chemin conduit obligatoirement à la carrière. On peut voir encore de nombreux fronts de taille.

Retour à la botanique avec l’euphorbe, de la famille de l’hévéa, le lichen qui s’étale quand il pleut et attaque le substrat minéral et organique.

L’exploitation des carrières a entrainé une modification du paysage. Au fur et à mesure de l’abandon de l’extraction, la végétation a recolonisé le sol d’où un intérêt floristique et faunistique.

Archeo / photo : Frédérique CARAGLIO-VINOTTI

Pierre Michel nous parle des outils d’extraction qui ont évolué au fil des siècles. Il évoque l’escoude, pioche qui à l’époque romaine avaient deux pointes alors qu’au Moyen-Age le pic était plat. Le site est difficile à appréhender. Lisa Calixte nous apprend que la réglementation de l’exploitation des carrières a été tardive. Les concessions communales datent de la Révolution française. Le code minier remonte à 1810 et il a fallu attendre 1880 pour l’enregistrement des premières déclarations d’exploitation. Il s’agissait alors d’entreprises familiales. Depuis 1970, une déclaration en préfecture est obligatoire. Depuis 1994, l’exploitant d’une carrière doit la remettre en état. Les fronts de taille ne peuvent dépasser 10 mètres. Il s’agit d’un calcaire coquillier poreux mais compact qui permet la purification de l’eau par une lente infiltration dans les ancienne carrières qui jouent alors le rôle de bassin de décantation. On dispose de beaucoup d’eau en sous-sol. Les rebuts (pierres extraites présentant des défauts) que l’on aperçoit en quantité étaient utilisés par les ouvriers pour construire leur maison, des clôtures ou des petits bâtiments ruraux.

Au lieu-dit « Les Fades », on découvre une ancienne tombe et Pierre Michel nous montre les restes d’un moulin à huile ( ?), un pressoir avec son bassin et un trou façonné pour la récupération du liquide. Ces traces d’aménagement humain n’ont pas été étudiées à ce jour.


Lisa Calixte évoque le dernier siècle d’exploitation de la pierre et l’évolution de l’outillage où on est passé après la deuxième guerre mondiale de l’escoude à la scie crocodile et à la haveuse venue de Charente. Le rendement a été ainsi démultiplié. L’entreprise du génie civil de Lens est venue extraire la pierre de Beaulieu qui a été utilisée pour construire les HLM de la Paillade. Cette carrière a été abandonnée dès les travaux terminés et seul le nom -Carrières du Génie- rappelle cet épisode. Puis la crise de 1970 et la généralisation du béton a entrainé un net recul de l’utilisation de la pierre comme matériau de construction.

Patrimoine /  photo : Frédérique CARAGLIO-VINOTTI

Cette balade à trois voix a été très agréable et instructive. 🙂

Merci à Yves de partager son savoir et promis… Nous n’irons plus aux carrières avec les mêmes yeux.


  Régine Paris
pour A.R.B.R.E.

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