Plantes à manipuler avec précaution
Fiche mise à jour le 15/12/2020
FRAGILES OU TOXIQUES ?
À QUOI RECONNAÎT-ON UNE PLANTE À MANIPULER AVEC PRÉCAUTION ?
Comme l’indique le panneau sur le chemin de découverte des Carrières, difficile de voir le danger face à La Morelle noire, la rue, ou bien encore le cornouiller sanguin. Et pourtant ces plantes sont à manipuler avec précaution, bien qu’elles présentent aussi des vertus en homéopathie, phytothérapie et aromathérapie !
Les plantes toxiques n’ont donc pas de caractéristiques qui permettent de les classer comme telles. Il faut alors connaître le nom précis de chaque plante. Ce nom vous permettra d’interroger le Centre Antipoisons quant à sa toxicité ou de faire les recherches nécessaires.
Certaines plantes peuvent êtres toxiques, d’autres entraînent parfois un risque d’allergie ou de sensibilisation au soleil.
La liste suivante est incomplète : Berce géante – Bois-joli – Cytise faux-ébénier – Digitale pourpre – Etoile de Noël – Euphorbes – Glycine – Gui – Houx – If (taxus) – Laurier rose – Muguet – Narcisse – Primevères – Rhododendron
Les symptômes les plus communs sont des troubles digestifs – douleurs abdominales, nausées, vomissements, diarrhée – pouvant être graves pour certaines plantes comme les coloquintes.
Certaines plantes provoquent également des symptômes plus graves, cardiaques ou neurologiques pouvant aller jusqu’au décès. Il s’agit par exemple, de la vérâtre confondue avec la gentiane, de la belladone confondue avec du raisin, ou encore de la digitale confondue avec la consoude.
PRÈS DU COEUR, LOIN DES YEUX
Le printemps nous invite à rempoter, bouturer, soigner nos plantes d’appartement et de jardin. En travaillant, porter les mains aux yeux ou au visage peut réserver de désagréables surprises. Saviez-vous que la sève de certaines plantes contient assez de substance active pour qu’un simple contact avec l‘œil entraîne une dilatation de la pupille ? Enfiler des gants de jardinage et porter des lunettes de protection sont également à conseiller pour manipuler les plantes dont la sève est particulièrement irritante.
Les plantes du genre Datura ou Brugmansia se caractérisent par de longues fleurs en trompette, verticales chez le Datura, tombantes chez le Brugmansia. Toutes les parties de ces plantes sont riches en alcaloïdes et leur toxicité en cas d’ingestion est bien connue.
On sait moins qu’un simple contact avec l’œil peut dilater la pupille : les substances actives sont des atropiniques qui agissent comme les gouttes utilisées par les ophtalmologues pour un examen du fond d’œil. Cette dilatation de la pupille persiste plusieurs jours et s’accompagne de vue trouble et d’une hypersensibilité à la lumière. Elle survient sans irritation de l’œil et il n’est pas toujours évident de faire le lien avec un contact fortuit avec la plante. Poser la question lorsqu’une personne en bonne santé présente une dilatation d’une pupille sans autre signe associé permet d’éviter beaucoup d’inquiétude et d’examens inutiles.
Le contact avec la sève des euphorbe ne risque pas de passer inaperçu: le latex qui s’écoule de euphorbes comme l’épine du Christ ou l’euphorbe laiteuse est extrêmement irritant et peut provoquer de sérieuses lésions de l’œil en cas de projection directe ou de contact avec les doigts souillés. Le Dieffenbachia et la glycine appartiennent aussi à la catégorie des plantes dont la sève est irritante.
ATTENTION, DES FAUX AMIS !
Les notions de botanique sont parfois simples et sont une aide précieuse pour reconnaitre et distinguer des plantes toxiques.
Les Lauriers
Dans le vocabulaire usuel, on utilise le terme Laurier pour désigner plusieurs plantes dont certaines sont très toxiques alors que d’autres ne le sont pas voire sont utilisées en cuisine.
• Le laurier sauce ou laurier noble (Laurus nobilis, Lauraceae) est une plante aromatique dont on utilise les feuilles séchées pour parfumer des sauces et des ragouts. Cette plante présente des feuilles disposées le long de la tige en une spirale. En botanique on appelle cela une insertion alterne spiralée des feuilles.

• Le Laurier Tin ou Viorne Tin (Viburnum Tinus, Adoxaceae) est très présent dans la garrigue mais il est aussi employé fréquemment pour confectionner des haies. Il n’est ni toxique ni comestible, mais ses petits fruits d’un beau bleu métallique sont appréciés par les oiseaux à l’automne. Chez lui les feuilles sont disposées deux par deux le long de la tige, en botanique cela s’appelle une insertion des feuilles opposée décussée.

• Le Laurier rose (Nerium oleander), natif du pourtour méditerranéen et abondamment utilisé en ornement, appartient à une famille botanique extrêmement toxique : les Apocynacées. Il se distingue des autres plantes appleées Laurier par des feuilles disposées par trois le long de la tige. C’est une disposition verticillée par trois. Sa toxicité bien connue du centre anti poison est due à la présence d’hétérosides cardiotoxiques dans toutes les parties de la plante.

• Le Laurier cerise ou laurier amande (Prunus laurus cerasus) fait partie de la grande famille des Rosacées à laquelle appartiennent grand nombre de fruits délicieux (abricot, cerise, pêche, pomme, fraise…). Pourtant cet arbuste très utilisé dans la confection des haies possède un taux élevé d’hétérosides cyanogènes dans les feuilles et les fruits qui rend très dangereux toute ingestion par l’homme.

La manière dont sont disposées les feuilles le long de la tige (phyllotaxie) est suffisante pour distinguer les quatre plantes que l’on nomme « laurier ».
Cette observation de la disposition des feuilles sur la tige, permet aussi de distinguer la grande gentiane (Gentiana lutea, Gentianaceae) du vératre (Veratrum album, Solanaceae). La gentiane récoltée pour faire des macérations présente des feuilles oppposées décussées. Le vératre, plante toxique de la famille des solanacées qui pousse dans les mêmes endroits a des feuilles alternes spiralées.
Autre exemple de confusion possible entre une plante comestible, l’ail des ours (Allium ursinum) et des plantes toxiques. L’ail des ours est une plante sauvage très proche de l’ail utilisé couramment en cuisine. Les feuilles de l’ail des ours dégagent un puissant parfum d’ail et sont comestibles. Les feuilles d’ail des ours trouvent de nombreuses utilisations en cuisine notamment dans les marinades, les potages, les salades ou en pesto. Cette plante est peu cultivé, elle est récoltée principalement dans son milieu naturel.
En début de saison, avant l’éclosion des fleurs, les feuilles d’ail des ours sont parfois confondues avec celles d’autres plantes notamment le muguet (Convallaria majalis) et le colchique (Colchicum autumnale), deux espèces très toxiques qui poussent parfois au même endroit.
Le colchique est une plante que l’on trouve partout en Europe. Elle contient de la colchicine, une substance très toxique et même mortelle. Le muguet contient également des substances toxiques dont la majaline ayant une action sur le cœur. L’ail des ours, tout comme le muguet, aime les endroits ombragés et boisés. Le colchique pousse surtout dans les praires mais on peut aussi le trouver dans des endroit semi-ombragés, à la lisière des bois. C’est là que le risque de confusion avec l’ail des ours est le plus grand.
L’ail des ours, le muguet et le colchique ont des feuilles d’une forme elliptique assez semblable qui est à l’origine des confusions. Il est donc important de savoir faire la différence entre l’ail des ours et ces deux plantes toxiques. Les jeunes feuilles de l’ail des ours sont plates, molles et odorantes, les jeunes feuilles du muguet et du colchique sont enroulées sur elles-mêmes, sans odeur et rigides.
UNE PLANTE TOXIQUE POUR L’HOMME L’EST-ELLE AUSSI POUR L’ANIMAL DOMESTIQUE ?
Les plantes toxiques pour l’homme le sont aussi pour les animaux domestiques. Les animaux peuvent même avoir une sensibilité particulière : les lys peuvent par exemple provoquer des lésions du rein chez le chat après ingestion de fleurs, de feuilles ou de pollen.
Ne comptez pas sur l’instinct des animaux pour éviter les intoxications par les plantes : chaque année des intoxications mortelles surviennent par ingestion de déchets de taille de haie jetés dans les pâtures.
Mais les animaux dans leur milieu se prémunissent très largement de ce souci. Les chevaux refusent les euphorbes dans les pâtures.
Tous les animaux n’ont pas forcément la même sensibilité à une plante toxique. La cigüe par exemple n’affecte ni les chevaux ni les oiseaux mais en revanche est mortelle pour l’homme et le lapin.
PRÉCAUTIONS À PRENDRE ET RECOMMANDATIONS
ET COMMENT ÉVITER LA CONSOMMATION DE PLANTES TOXIQUES
Parmi les précautions à prendre pour prévenir les irritations ou les allergies cutanées provoquées lors d’un contact avec l’une des plantes à manipuler avec précaution :
Se munir de gants de protection lors de la manipulation ou de l’entretien de la plante.
Bien laver la partie de la peau mise au contact de la plante.
Ne pas s’exposer au soleil en cas de contact cutané avec une plante irritante ou allergisante photoréactive.
Eviction complète de la plante contenant l’allergène en cas de réaction allergique.
- Faire attention aux allergies croisées
(même principe allergisant ou toxique retrouvé dans plusieurs plantes de la même famille ou de familles différentes).
En cas d’irritation ou d’allergie cutanée sévère, consulter un médecin spécialiste ou contacter le centre antipoisons le plus proche.
Pour limiter les risques d’intoxication par confusion, l’Anses et les Centres antipoison préconisent de :
ne pas consommer la plante ramassée en cas de doute sur son identification.
cesser immédiatement de manger si la plante a un goût inhabituel ou désagréable.
- ne pas cueillir par brassées, pour éviter de cueillir plusieurs espèces et de mélanger des espèces toxiques avec des espèces comestibles.
photographier sa cueillette pour en faciliter l’identification en cas d’intoxication.
La cueillette de plantes pour la consommation n’est pas sans risques. Quelques conseils pour éviter les risques d’intoxication sur : https ://www.anses.fr/fr/content/plantes-toxiques