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Éducation à l’environnement

Journée de découverte pour des élèves de CE2 à Restinclières avec une animatrice qualifiée de « Les écologistes de l’Euzière », des bénévoles de l’A.R.B.R.E., et des parents accompagnateurs.

Mardi 21 mars 2023

Qu’est qu’une Forêt ?

En classe, présentation des personnes présentes et des 27 enfants de la classe de CE2 de Nathalie Roques-Meynier (+ 3 parents accompagnateurs : Ariane, Marion, Noëmie + Myriam AVSH et Evelyne /ARBRE). 

L’animatrice Maelis des Ecologistes de l’Euzière, assistée d’Audrey (stagiaire) introduit le sujet en demandant aux enfants de dessiner ce que représente pour eux la forêt, et d’écrire des mots qui leur font penser à la forêt. (un joli mot d’enfant : « La forêt, c’est un endroit où les animaux peuvent vivre en paix » !)

Départ en sortie au Bois de la Jasse, accessible rapidement (500m de l’Ecole). Les enfants respectent parfaitement la consigne « silence » pour écouter la nature.

– Conte « le perce neige » : Les couleurs de la nature : chaque enfant choisit une carte de couleur et doit récupérer des éléments de la nature qui ont la même couleur. 

PAUSE

Composition d’un arbre

Tous assis en rond dans l’herbe, à partir d’un schéma simplifié d’un arbre sur un carton, Maelis présente et décrit les différents éléments qui constituent un arbre et son environnement, puis on vient coller les éléments récoltés sur le schéma de l’arbre en carton.

Vocabulaire : racine, tronc, écorce, branche, feuilles, lichens, thym, écailles de pomme de pin, genévrier cade, chêne kermès, chêne pubescent (blanc), pollinisation …

À quoi servent-ils ? Comment ça marche ?

PIQUE-NIQUE + Temps libre : autonomie : « dans la forêt il y a … »

Atelier de découverte des différents types de feuilles/ formes de feuilles. Classification / Identification/ Observation à la loupe. 

Herbier : Fiches empreintes d’espèces différentes. 

La chasse aux plantes ; les élèves partent (dans une atmosphère bien joyeuse) trouver dans la nature des feuilles de toutes formes, puis rassemblement pour fixer leurs récoltes sur une feuille et en dessiner les différents éléments.

Vocabulaire ; formes dentées, en écaille (cyprès), en aiguille (pin), bords lisses, folioles, positions alternées, opposées…

PAUSE Goûter

La croissance des arbres

De quoi ont-ils besoin ? Qu’est ce qui freine leur croissance ? 

En quatre petits groupes, les enfants doivent en lister les besoins et les freins.

Puis un temps de mise en commun, qui sera reprise sur la prochaine journée.

 Sur le chemin du retour : Collecte de glands : chaque enfant récolte quelques glands qui seront plantés à l’école le lendemain après une nuit de trempage. 

Retour à l’école Bilan météo (bilan de la journée).

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Compte-rendu de l’accompagnatrice Évelyne, membre du conseil d’administration de l’A.R.B.R.E.

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Regards croisés 2023

11e édition – Samedi 15 avril

Vous avez dit Nature ?

Pour sa 11e édition de Regards Croisés l’A.R.B.R.E (Association Restinclières Beaulieu pour le Respect de l’Environnement) a choisi de programmer sa soirée « Regards Croisés » au printemps :

L’association a invité deux personnalités qui proposeront chacun leur regard de spécialiste sur les notions de nature, d’écosystème, d’environnement… :

  • Fabien Anthelme (Directeur de recherche à l’IRD).
  • Pierre Plumerey (Philosophe).

L’A.R.B.R.E propose régulièrement des activités dans les écoles en lien avec ce thème avec la participation de spécialistes comme les Ecologistes de l’Euzière. Une présentation des travaux réalisés par les élèves ouvrira la soirée.

La soirée débutera à 18 heures dans la salle municipale du Pic Saint-Loup à Beaulieu et se prolongera avec un repas partagé constitué de ce que chacun aura apporté. Entrée libre.

Atelier d’initiation à la botanique

L’utilisation de la Flore

Samedi 26/11/2022 – 17 h – Salle de réunion du gymnase Edmonde Carrère – Beaulieu (34160)

Ce troisième atelier de l’année 2022 était animé par Yves Caraglio, botaniste référent de l’association ARBRE. Il s’inscrit dans le cadre du projet d’élaboration, sur deux ou trois années, d’un atlas de la biodiversité concernant les deux communes de Beaulieu et Restinclières, avec la possibilité pour les personnes intéressées d’élaborer un herbier personnel. Il fait suite à une sortie sur le terrain le 9 avril 2022 pour observer in situ différentes plantes et à un premier atelier organisé le 24 juin 2022.

Dix personnes ont participé à cet atelier.

Yves rappelle les deux flores utilisées le 24 juin :

  • Flore de France de la Société botanique de France, ouvrage moins précis pour la région méditerranéenne. Il nous a donné la clé photocopiée.
  • La Flore méditerranéenne de Henri Michaux (Ed. Naturalia) Conservatoire des espaces naturels. Réédition prochaine. On a les espèces du bassin méditerranéen. Coût autour de 100€.

L’objet de la séance est d’apprendre à l’utiliser. Il y a une clé pour travailler les familles.

Pour faire une séance de détermination avec une flore, il faut avoir une loupe à main au minimum. 

Yves a mis à notre disposition des binoculaires de marque Paralux (coût environ de 800 euros) qui permettent un grossissement jusqu’à 100 alors que le microscope grossit 1000 à 2000 fois. 

Le réglage effectué, on prend connaissance de l’extrait de Flora Gallica (Biotope éd.) intitulé : Clé des familles d’Angiospermes de la flore française.

La clé est dichotomique : il y a une question avec deux propositions de réponses, on choisit l’une des propositions en fonction de notre échantillon de plante.

On note le numéro de la réponse – puis on passe à la question suivante et ainsi de suite : on va tracer le parcours dans la clé de la flore. 

Dans une clé il y a toujours une aide (dessin, glossaire) qui va permettre de mieux comprendre les termes de la question.

On commence par les questions p. 45 (ouvrir le document PDF), Yves nous recommande de bien lire la question, deux fois c’est mieux au début pour ne pas se tromper. Nous avons pour chaque question deux propositions. Très vite on est confronté aux difficultés inhérentes à un vocabulaire scientifique spécifique, d’où l’utilité du glossaire :

1  – plante holoparasite (holo = entièrement) – Ex. : le gui. C’est rare de tomber sur ce type de plante. 

1’ – Plante autotrophe…   oui, ex. le genet – on va au 2

2 – Feuilles munies d’une ochréa.  Petite membrane autour de la tige (stipules soudées)– chez l’oseille – famille des Polygonaceae.

Coccoloba

2’ – Feuilles dépourvues d’ochréa : on répond oui et on va vers 3.

3 – Plante +- aquatique, flottante ou fixée sur le fond de pièces d’eau   

3’ – Plante plutôt terrestre ou vivant au bord des pièces d’eau : oui donc renvoi au 4

4 – Etamines à déhiscence valvicide :  les tissus se dessèchent, les anthères vont s’ouvrir et les grains de pollen vont pouvoir s’échapper par des valves/pores. Déhiscence = ouverture.

4’ – Etamines à déhiscence non valvicide : oui, renvoi au 6

6 –  Feuilles éphémères ; plante portant des épines et des glochides fasciculées sur une aréole et à tiges aplaties en raquettes

6’ – Caractères non réunis : oui, renvoi au 7

7 – Arbre, arbuste ou plante grimpant sur un support vivant ou non 

7’ – Sous-arbrisseau ou plante herbacées non grimpante sur un support : oui, renvoi au 8

8 – Plante à feuilles composées de folioles ou divisées presque jusqu’aux   nervures : on a une feuille composée de 3 ou 4 folioles. On va à 9.

8’ – Plante à feuilles entières, non composées (ou réduites à 1 foliole), ou diversement divisées mais non jusqu’aux nervures, ou nulles

9 – Fleurs grandes, solitaires, rouges, à 5 sépales verts persistants et nombreuses étamines ….  Ex : laPivoine – non-

9’ – Fleurs petites, vert jaunâtre ou vert clair, réunies par (4)5(7) en un glomérule cubique… Non-9’’ – Caractères non réunis – Aller à la clé D (p. 55)

Clé D
1 – Feuilles opposées ou verticillées, au moins les inférieures et moyennes
1’ – Feuilles alternes ou toutes à la base – Oui , on va à 10 p. 56

10 – Plante monoïque ou à fleurs hermaphrodites,  ou toutes en capitules involucrés ; pétales nuls ou tous soudés ; gynécée à ovaire infère. « involucre » = un axe porte des fleurs. Petite feuille (bractée) à la base de chaque fleur. La tige va s’aplatir. On va retrouver les petites fleurs tassées dessus. Ex : le tournesol.

Dalhia arborea – involucre de bractées.

10’ – Plante à fleurs hermaphrodites, en ombelles, ombelles d’ombellules ou pseudocapitules ; pétales libres ; gynécée à ovaire infère.   Non

10’’ – Plante monoïque ou polygame…  Non

10’’’ – Plante à fleurs hermaphrodites ni en capitules, ni en ombelles, ni en spadice ; gynécée à ovaire supère. Oui, on passe à 12 avec quatre propositions. 

12 – Fleurs gamopétales (soudéesà 5 étamines

12’ – Fleurs gamopétales  à 4 étamines

12’’ – Fleurs gamopétales  à 2 étamines

12’’’ – Fleurs à pétales nuls ou à au moins 3 pétales libres :  Oui, on passe au 16

16 – pétales +- profondément laciniés (très découpés); fruits = capsules

16’ – Pétales non laciniés, ou nuls.   Non, on va au 17

17 – 6 étamines (parfois 4, alors calice à 4 sépales) ou 2 trifides

17’ – 8-10 étamines ou 5 étamines + 5 staminodes. Oui, on va au 19

19 – Plantes pourvues de poches sécrétrices internes…

19’ – Caractères non réunies ; fruits = schizocarpe, capsules ou gousses, celles-ci devenant parfois  indéhiscentes ou lomentacées. Oui,  on va à 20

20 – Corolle actinomorphe

20’ – Corolle zygomorphe – Oui, on va au 22

Corolle zygomorphe.

22 – Androcée à 10 étamines monadelphe ou diadelphe ; 1 carpelle Fabaceae

Conclusion

On arrive à la famille des Fabaceae. C’est un très grand groupe avec des sous-familles.

La terminaison -aceae- désigne la famille, elle est nommée à partir d’un genre typique, ici Faba. Il nous faudra déterminer le genre « Faba » en utilisant à nouveau des clés. Puis on déterminera l’espèce.

Comme « Rosaceae », genre Rosa (les roses) ; « Apiaceae » pour Apium (les céleris).


Pour acquérir plus de dextérité, Yves conseille de faire l’exercice tous les quinze jours et pour développer nos compétences en botanique, il conseille deux ouvrages :

Petit Guide illustré de botanique   de Corinne Décarpentrie (Ulmer édition) 14,90€
Idéal pour se familiariser avec les termes et leur définition et peu onéreux.

La botanique redécouverte d’Aline Raynal-Roques (Belin) INRA Edition, 31 euros
Plus copieux, pour vraiment apprendre et s’investir dans la botanique.

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Régine Paris avec la relecture d’Yves Caraglio

UNA DÉCEMBRE 2022

Plantations dans le parc des Carrières à Beaulieu

Dimanche 11 décembre à 14 heures

Comme chaque année à la même saison, l’association ARBRE avait donné rendez-vous aux parents volontaires pour planter un arbre à l’occasion de la naissance de leur enfant. 14 familles ont répondu positivement, 3 ont demandé que l’on plante les arbres en leur absence et finalement 5 familles étaient au rendez-vous dimanche après-midi. Le soleil était présent aussi, ce qui fut bien agréable compte tenu des basses températures en cette période de l’année.

La présidente de l’association, Jacqueline Taillandier, a présenté aux parents les activités d’ARBRE tout au long de l’année : des animations auprès des enfants des écoles par les Ecologistes de l’Euzière, des sorties et des ateliers nature dans la perspective de la confection d’un atlas de la biodiversité en partenariat avec tous les habitants volontaires, l’opération annuelle Nettoyons la nature avec cette année l’accent mis sur le devenir des déchets, la soirée Regards croisés avec deux conférences-débat axées en 2022 sur les menaces pesant sur la biodiversité et par voie de conséquence sur l’humanité toute entière.

A l’aide de pioches et de pelles et après le traditionnel tirage au sort, les jeunes parents ont planté un cerisier bigarreau, un pommier d’ornement, un prunier « valor », un érable champêtre, un néflier sauvage et un olivier, sous le regard attentif et les conseils de Claire Atger, spécialiste du système racinaire, et d’Yves Caraglio, botaniste au Cirad.

Claire Atger a rappelé les règles simples mais indispensables pour réussir une plantation qu’elle avait déjà indiquées l’an dernier.

Un arbre supplémentaire, un robinier, a été planté aux abords du parking du théâtre des carrières.

Avec les plantations du jour, le parc des carrières, créé il y a 8 ans, est riche d’une centaine d’arbres. Une extension est prévue pour 2023.

Les plantations effectuées, l’association a offert aux parents et aux enfants présents une collation -boisson chaude ou froide et pâtisserie maison-. Les échanges se sont poursuivis dans une ambiance conviviale et sous les regards bienveillants des promeneurs du dimanche. Un jeune couple de passage venant de St Géniès des Mourgues n’a pas hésité à venir découvrir le parc et l’association.

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Régine Paris, secrétaire de l’ARBRE


Plantations dans le parc de la Roselière à Restinclières

Dimanche 11 décembre à 10h30

Une matinée de plantations pour les bébés nés en 2022

Une quinzaine de familles avaient bravé les températures glaciales en cette matinée de dimanche pour rejoindre au parc de la Roselière les bénévoles de l’ARBRE venus les aider à planter l’arbrisseau offert pour leur enfant né dans l’année.

Sans doute en raison du report de l’opération d’une semaine pour cause de pluie, le maire Geniès Balazun habituellement présent avec sa famille n’avait pu venir. Après quelques mots de la présidente Jacqueline Taillandier pour présenter l’association de protection de la nature créée en 2011 et son fonctionnement, en insistant sur l’importance des adhésions qui la font vivre, les familles étaient invitées à tirer au sort le petit papier portant le nom de l’arbre dévolu à leur bébé. A noter que ce geste symbolique s’adresse à tous les parents habitant le village, adhérents ou pas.

Comme toujours, les arbrisseaux principalement choisis par Yves Caraglio, notre référent scientifique (botaniste au CIRAD) sont des espèces bien adaptées au climat de notre région. Sa collègue Claire Atger, Docteure en botanique, chargée d’études à Pousse Conseil, spécialiste des systèmes racinaires, remettait les arbres aux familles avec les explications nécessaires à leur installation réussie.

Munis de pelles et de pioches, les parents secondés par nos bénévoles, ont ensuite trouvé leur emplacement et procédé aux plantations. Certains qui n’avaient pu venir ont eu leur arbre planté par nos soins.

Au total, 136 arbres, dont 25 ce dimanche, ont été plantés en 9 ans, ce qui oblige l’association à trouver désormais une extension au parc de la Roselière.

Pour réconforter les jardiniers improvisés, les membres de l’association avaient apporté le traditionnel vin chaud et boisson épicée à la pomme, et confectionné leurs spécialités pour l’apéritif (pissaladière de Jacqueline, houmous aux avocats de Louise) ; un moment convivial qui permet aux jeunes parents de se rencontrer et d’échanger dans une ambiance bucolique.

A noter que plusieurs animations sont organisées au parc chaque année, notamment avec l’école ou les associations de parents d’élèves. Et les familles sont bien sûr toujours les bienvenues pour venir entretenir et arroser les plantations en période de sécheresse.

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Louise Achard, vice-présidente de l’ARBRE

Regards croisés 2022

Samedi 22 octobre 2022 à 18h – Salle du Pic Saint-Loup à Beaulieu (34160)

L’Humanité face au déclin de la biodiversité

La salle du Pic Saint-Loup, mise à disposition par la commune, accueille une cinquantaine de personnes.  

En introduction, Jacqueline Taillandier, présidente de l’association, rappelle brièvement l’historique, les objectifs et les activités poursuivis depuis dix ans par l’ARBRE : animations par des spécialistes dans les écoles des deux communes, sorties botaniques, géologiques, ornithologiques et batraciens, plantations d’espèces méditerranéennes dans les deux parcs botaniques à l’occasion des naissances, création d’un sentier botanique dans les carrières de Beaulieu, conférences-débats, déplacements doux. 

Yves Caraglio, botaniste et chercheur au CIRAD, référent scientifique de l’association, présente les deux intervenants de la soirée : Mickael HEDDE, Directeur de Recherche à l’INRAe[1] et Alix Cosquer, chercheuse du CNRS[2] au Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive de Montpellier.


Mickael Hedde a centré son propos sur la vie du sol à travers un diaporama disponible sur le site Internet d’ARBRE : Présentation de Mickael Hedde.pdf

Les premières images nous sensibilisent sur la notion de sol qui à première vue se présente comme une surface plate, uniforme et artificialisée. Quand on décape les premiers centimètres on découvre un volume complexe et très diversifié, organisé en horizon : dans 90 % des cas un sol c’est ça avec une formation sur des milliers d’années. Les deux photos suivantes montrent un ours blanc, un loup, un éléphant, un papillon… perçus par le plus grand nombre comme la biodiversité terrestre alors que dans 99,9 % elle est constituée d’algues, amibes, mille pattes, tardigrades, vers de terre, bactéries et champignons… Ainsi un quart des espèces vit dans le sol. Elles sont de tailles diverses, de la mégafaune à la microfaune.

A partir des années 1970 les scientifiques ont décrit les organismes du sol. Mais l’intervenant rappelle que Darwin à la fin du 18ème siècle passait plus de temps à observer les vers de terre qu’à construire sa théorie de l’évolution.

L’objectif était de repérer toutes les espèces de vers de terre. Au fil des années on en a dénombré une centaine dans la région de Montpellier mais seulement 22 en Guyane avant 2010 et 144 depuis ce qui fait un total de 166 espèces pour ce seul département ultramarin. Plus c’est petit, moins on connaît. Un graphique montre les espèces connues et les espèces probables à découvrir en fonction de la taille des organismes. 20 nouvelles espèces ont été décrites en France depuis 2019.


[1]    Institut National de la Recherche Agronomique et Ecologique[2]    Centre National de la Recherche Scientifique

Au début des années 1970, un chercheur montpelliérain, Marcel Boucher, a parcouru la France avec un camping-car pour faire des repérages de vers de terre qu’il notait sur une carte (1400 points au total). Ce serait intéressant de revenir sur ses pas pour voir ce qu’il en est cinquante ans plus tard. Les changements de pluviométrie en forêt ont des effets sur les vers de terre. Le climat a modifié leurs communautés qui doivent s’acclimater. Ainsi dans le Massif Central, entre 1972 et 2022 des espèces sont remontées en altitude. On constate aussi des invasions biologiques avec des espèces non indigènes.

A la suite des grandes glaciations anciennes, l’Amérique du Nord était dépourvue de vers de terre. Ils sont arrivés plus tard par les bateaux lestés avec du sol ce qui a entraîné des modifications au niveau des cultures et la volonté des américains, à la différence des européens, de tuer les vers de terre…

La biodiversité est menacée par le travail du sol et l’utilisation de pesticides qui modifient les réseaux trophiques des sols agricoles.

Avec l’urgence de l’anthropocène on continue à découvrir de nouvelles espèces de collemboles dans les névés des Pyrénées mais les névés vont disparaître…

Un dessin montre les facteurs d’appauvrissement des sols: changement d’affectation des terres, espèces envahissantes, perte de la biodiversité de surface, pratiques non durables de la gestion des sols, pollution, changement climatique, imperméabilisation des sols et urbanisation, feu sauvage, dégradation des sols.

Il est difficile de dire quand le système commence à s’écrouler. Il y a un capital à conserver pour ce que l’on connaît et ce que l’on ne connaît pas. Il faut repenser l’agriculture, faire un pas de côté, limiter les intrants et pour arrêter cette érosion, sensibiliser, plaider pour la biodiversité cachée, gérer durablement.

On peut consulter sur le diaporama des documents produits par la FAO[1] sur les causes d’appauvrissement des sols et les remèdes proposés ainsi qu’une vidéo.

En complément Mickael Hedde évoque une étude menée en Allemagne sur une durée de 50 à 70 ans concernant la perte des insectes (nombre et fonction). Aujourd’hui on a identifié environ 4 000 espèces de vers de terre connues. Il y en aurait 6 000 à 10 000. Pour cela on fait appel à la modélisation. Jusqu’ici on sacrifiait des animaux pour les identifier. On dispose aujourd’hui des méthodes moins invasives (scanners et signatures génétiques).


[1]    Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture

A la fin de ce premier exposé, Yves Caraglio assure l’intermède avec la seconde intervenante en observant que nous marchons sur le sol en ignorant sa composition alors que tout le système est peut-être en train de s’effondrer.


Alix Cosquer prend la parole pour parler des aspects humains et environnementaux suite aux bouleversements climatiques et de dégradation de la biodiversité. Son diaporama est également disponible sur le site Internet d’ARBRE : Présentation de Alix Cosquer.pdf

Elle propose de penser notre lien à la nature. Il va falloir changer nos manières de vivre avec des actions rapides et de grande envergure (cf. le rapport du GIEC[1] de juin 2021).

Elle déplore une forte inertie face aux enjeux environnementaux. Cette détérioration serait due à la diminution du contact avec la nature, un éloignement physique et psychique. Elle s’interroge sur les relations que nous entretenons avec le vivant compte tenu des transformations sociales (sédentarité, transports, urbanisation, multiplication des écrans…). La nature serait de moins en moins présente dans notre vie. Plus de la moitié de la population mondiale vit dans les villes et en France cette proportion atteint les trois quarts. L’expérience serait de plus en plus indirecte et procurerait moins d’émotion. Elle évoque une amnésie générationnelle environnementale.

Elle tempère son propos en constatant que les enjeux environnementaux sont mieux connus surtout par les jeunes. On a pu constater pendant l’épidémie de Covid un phénomène d’attrait maintenu pour la nature et l’émergence d’un mouvement de fond avec le désir pour une partie de la population de s’installer ailleurs que dans les villes.

Il faut aussi s’interroger sur les effets de la nature sur notre santé et le bien être humain. Des études très documentées ont émergé ces dix dernières années. On relève un grand nombre d’effets positifs :

  • un effet physiologique bienfaisant sur l’activité cérébrale, la diminution du stress et des troubles anxieux,
  • une amélioration de l’humeur, de l’attention, de la mémoire et de la créativité,
  • des bénéfices sociaux avec une baisse des inégalités sociales, de santé.

La sylvothérapie permet une expérience multisensorielle et une meilleure connaissance des arbres. 


Le public prend la parole.

En milieu scolaire il y a un réaménagement des cours d’école. Alix Cosquer a constaté que les enfants avaient des relations plus faciles avec les insectes qu’avec les végétaux.

Des auditeurs questionnent : Il faudrait peut-être commencer par s’interroger sur ce que c’est que la nature ? Fait-on partie de la nature ?  La nature parle à tout le monde mais il faudrait apprendre aux jeunes comment une graine pousse.

Les discussions se poursuivent autour d’un apéritif dînatoire offert par l’association.


[1]    Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat

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Régine Paris
avec la relecture d’Yves Caraglio

Sortie champignons

Suivie d’une mini conférence

Samedi 19 novembre 2022

C’est une première pour l’association A.R.B.R.E ! Le rendez-vous est fixé à 15 heures devant la mairie de Restinclières après inscription pour limiter le groupe à 30 personnes. Ce sont quelques 40 personnes qui sous un beau soleil d’automne ont emprunté le chemin de Galargues pour se rendre dans le petit bois de la Jasse en lisière de la départementale 118 sous la conduite d’Yves Caraglio, botaniste et référent scientifique de l’association, accompagné de Franck Richard, professeur à l’Université de Montpellier dans le département Biologie, Ecologie et Evolution. 

Après une petite mise en jambes, nous nous arrêtons dans le bois. Franck Richard propose de découper l’après-midi en trois séquences : d’abord quelques conseils de base avant de procéder à la cueillette puis un atelier dans une clairière voisine pour examiner les champignons ramassés et en fin d’après-midi la poursuite de l’observation dans la salle des Rastincles, à proximité du stade.

Installés en cercle autour de l’intervenant et pour certains précautionneux munis de paniers et de sachets, les participants se montrent attentifs aux conseils prodigués pour effectuer une cueillette efficace.

De prime abord Franck Richard indique que la microscopie a permis de grands progrès dans la connaissance scientifique de la mycologie et l’identification des familles de champignons. Il a en main le Guide des champignons en France et en Europe de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux édité chez Belin. C’est la bible pour utiliser les clés de détermination des différentes espèces de champignons à partir des odeurs, du goût et des caractères morphologiques.

Pour effectuer une cueillette utile il préconise de collecter l’intégralité du champignon pour ne pas se priver des caractères utiles. On peut toucher les champignons sans risque pour la santé. Seule l’ingestion peut se révéler dangereuse. Il faut aussi se servir du nez pour les champignons frais. Eviter les coups de pied qui brutalisent ainsi que le piétinement du mycélium. Il suffit de détacher le champignon du sol à la main ou avec un couteau. Il évoque une expérience effectuée sur 30 ans dans un champ partagé en deux parties : sur l’une on cueille tout, sur l’autre on ne cueille rien. La cueillette n’a pas compromis la repousse de la première partie bien au contraire. Seul le tassement est dangereux.

Il conseille également de ramasser des champignons à différents stades de développement et d’observer la couleur des spores notamment sur les individus les plus âgés. Différents individus à des degrés de maturation différents permettent de préciser la détermination. Sur ce point, la période hivernale est intéressante car il y a moins de cueilleurs.

Aujourd’hui on constate un déficit de connaissances par rapport aux générations passées lié sans doute à une déconnexion de la population, de plus en plus urbanisée, avec la nature. De surcroît l’enseignement de la mycologie est assuré que dans une faculté de pharmacie sur deux d’où un recours plus incertain au pharmacien exerçant en officine. On se contente de cueillir quelques espèces. On a ainsi perdu l’usage de 90 % des espèces pour n’en vendre qu’une dizaine. En 1904 on connaissait 104 espèces comestibles. Cela peut expliquer aussi les accidents de plus en plus nombreux. 

Les champignons vivent plusieurs milliers d’années. Certains champignons parasites, avec le mycélium dans le sol, peuvent dévorer des forêts entières. Ils vivent très vieux, quelques 2 000 ans. Certains se mettent en sommeil comme l’armillaire et d’autres comme la truffe déménagent en cas de gêne.

Après cette première présentation, Franck Richard nous invite à procéder à une cueillette pendant une vingtaine de minutes puis à se retrouver dans la clairière voisine pour bénéficier de la chaleur et de la lumière du soleil. Les participants s’égayent dans le petit bois à la recherche du précieux butin.

De retour dans la clairière, chaque cueilleur est invité à déposer sa récolte au sol où Franck Richard procède à un tri par types de quelques 40 espèces.  Il propose un atelier olfactif autour de sept catégories d’odeurs les plus fréquentes. Pour cela il demande aux participants de sentir quelques champignons en essayant de mettre des mots sur les senteurs et en faisant appel à notre bibliothèque mentale d’odeurs. Il procède du plus facile au plus difficile. Ainsi circulent le clitocybe odorant à l’odeur d’anis et bon comestible, l’amanite ovoïde à l’odeur d’iode, fréquent sur le bord des routes et consommé au 19ème siècle, à distinguer de Amanita proxima toxique. Le mycène pur, petit champignon violet, évoque la rave, le navet ou le radis noir.  Il est toxique. Il faut se méfier de la couleur pour faire un diagnostic. Le marasme à odeur de choux brûlé sent mauvais. Le Clitocybe gibba a une odeur d’amande.

Les spécialistes distinguent ainsi trois types d’odeurs : farineuse, ravanoïde et de rose. Mais attention il n’y a pas de règle sûre. Claire Atger, spécialiste du système racinaire, fait préciser qu’en matière de chimie organique il y a une grande diversité de composés pour identifier les champignons.

Franck Richard nous met en garde contre certaines espèces d’amanites qui peuvent être mortelles certaines après une longue incubation. On n’est pas malade immédiatement mais 7 à 8 heures plus tard. On ressent d’abord des frissons et des courbatures puis cela se calme et la deuxième crise est mortelle faute d’avoir vomi le champignon vénéneux. De plus en plus, le commerce de certains champignons est interdit pour des raisons de sécurité.

En France on dénombre quelques 12 000 espèces dont les trois quarts sont présentes dans la région méditerranéenne. L’antolome livide présent dans les chênaies est toxique. Idem pour le clitocybe.

C’est l’heure du goûter. Notre spécialiste propose de croquer dans les champignons… On sent quelques hésitations parmi les personnes présentes mais certaines n’hésitent pas à croquer un petit morceau pour sentir le goût puis à le recracher… on ne sait jamais ! Le Lactarius evosmus ou lactaire à odeur de pomme a comme son nom vernaculaire l’indique une odeur de pomme. Séché et réduit en poudre il devient un condiment pour relever les potages. Il peut être extrêmement amer. Le goût sert dans les clés de détermination des espèces de champignons.

On passe aux caractères morphologiques. Pour cela il faut gratouiller. Pour les bolets on gratte le pied pour chercher le bleuissement. Dans la famille des champignons de Paris, se méfier de Agaricus xanthodermus qui est toxique. On le reconnaît car en froissant la chair il jaunit. Les bons sentent l’anis, les mauvais le phénol !

Il faut apprendre à regarder les détails :

  • les petits bolets, on les retourne, sous le chapeau on voit des tubes avec de la mousse,
  • d’autres champignons ont des lamelles ou des aiguillons : familles des hydnes et des agarics.
  • d’autres en forme de poire ont besoin des animaux pour disperser leurs spores.

La chair peut être fibreuse (le pied) comme pour l’amanite ou grenue pour le lactaire. On parle de la famille des Russulaceae pour la chair grenue. Ce ne sont pas de grands toxiques. Ce sont même d’excellents champignons sans compétiteurs car méconnus aujourd’hui. Il faut regarder la couleur des lames qui vire du blanc au noir avec l’âge.

L’amanite possède quelques 100 millions de spores mais rencontre des difficultés pour se reproduire. Comme les autres champignons, elle présente deux types de formes sexuées. Quand les mycéliums des deux formes se rencontrent, elles fusionnent et forment un couple inséparable et platonique, on note une absence de senescence du mycélium. Après fusion seulement, le mycélium peut former une fructification (le champignon). Si le mycélium d’une forme sexuée ne rencontre pas l’autre forme, le mycélium meurt au bout de quelques jours.

Chez la truffe, au contraire le mycélium d’une forme sexuée se développe fortement même s’il ne rencontre pas l’autre forme sexuée. Quand il rencontre l’autre forme, il l’incorpore a son mycélium. La truffe a la vie d’une baudroie des grandes profondeurs. 

L’après-midi se poursuit dans la salle des Rastincles vers 17h 15. On passe de la pratique à la théorie pour retenir quelques principes fondamentaux dans la connaissance des champignons.

Franck Richard reprend les différentes catégories :  bolets (une centaine d’espèces),  hydnes (5 espèces) et agarics. Il faut regarder sous le chapeau et examiner la chair qui peut être fibreuse ou grenue (famille des Russulaceaavec en déclinaison les genres Russula et Lactarius).

Pour les bolets, on regarde la réaction à l’oxydation. La chair peut être immuable ou changer de couleur. On fait le test systématique : on gratouille partout. Se méfier du bolet satan qui est toxique.

Le pied creux du Gyroporus (compressible au toucher) se décline en deux espèces castaneus non comestible et cyanescens -comestible-.

Les champignons s’associent aux arbres (mycorhization): l’amanite panthère fréquente tous les arbres alors que d’autres champignons sont liés à un seul type d’arbre comme le mélèze. Ainsi les arbres constituent des collectifs d’échange.

Circule dans la salle un bolet à mycelium rose. C’est le Suillus collinitus.

Encore quelques conseils pour les cueilleurs : 

  • couper les pieds proprement au couteau pour permettre la repousse,
  • manger les champignons dans les 2/3 jours suivant la cueillette,
  • ne pas faire sécher les girolles car on ne peut plus les réhydrater,
  • sous les chênes verts, on ne ramasse pas les meilleures girolles.

Du côté des agarics, il faut regarder la couleur des lames. On distingue :

  • les lames décurrentes,
  • les lames libres
  • les lames échancrées,
  • les lames adnées.

On fait circuler le Lactarius atlanticus puis un second appelé le pied bleu qui est comestible.

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Pour conclure cet après-midi découverte in situ et en salle, Franck Richard nous recommande quelques ouvrages scientifiques pour nous aider à identifier les champignons à partir des clés de détermination :

– Guide des champignons en France et en Europe de Guillaume Eyssartier et Pierre Roux édité chez Belin.

https://www.belin-editeur.com/guide-des-champignons-france-et-europe-4e-edition

– Champignons de France par Marcel Bon, appelé communément « Le Petit Bon » avec des aquarelles édité chez Flammarion.

https://editions.flammarion.com/champignons-de-france-et-deurope-occidentale/9782081288218

– Les champignons de France et d’Europe de Régis Courtecuisse chez Delachaux Niestlé.

https://www.delachauxetniestle.com/livre/champignons-de-france-et-deurope-2

Nous remercions chaleureusement Franck Richard pour ses explications très claires à l’attention des cueilleurs de champignons et des curieux en général.

Il existe aussi un site de description des champignons en ligne : https://www.mycodb.fr/

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Pour les cadeaux de Noël, Yves Caraglio recommande l’achat de l’ouvrage suivant  en deux volumes : https://leclub-biotope.com/fr/librairie-naturaliste/1358-les-champignons-deurope-temperee-2-volumes

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Régine Paris avec la relecture précieuse d’Yves Caraglio
Reportage photos : Patrick Paris