Sortie botanique
Cette promenade conduite par Yves Caraglio, botaniste, en complément de l’inauguration du nouveau quartier du Renard a attiré une petite trentaine de personnes dont 8 enfants. Le rendez-vous était fixé samedi 15 octobre 2016 à 17h la hauteur du nouveau rond-point sur la D 118.
On emprunte un ancien chemin des carrières en direction de Restinclières et passons à côté d’un bassin de rétention qui collecte les eaux pluviales, à l’emplacement d’une ancienne parcelle cultivée plutôt riche. Au point bas on procède au recollement de l’eau, un « ourlet » permet de conserver l’eau qui va s’écouler lentement. Nous sommes sur un sol remanié sur lequel des plantes s’installent.
Yves nous fait sentir une fleur jaune, la fausse roquette (un Diplotaxis), de la famille du radis et de la moutarde. Elle dure quelques mois et se ressème, creuse le sol avec sa racine et le fait éclater. Il nous montre une autre plante originaire d’Amérique du nord, proche de l’épinard et qui a tendance à envahir.
Le chiendent, de la famille du blé, empêche l’érosion. Il tient le sol et le colonise. Il est vert quand il pleut et jaune quand il fait sec. L’herbe à chat ou cetaria, de la famille du blé, colonise bien aussi. Elle possède une sorte de velcros sur toutes ses faces. Toutes ces plantes font « sale » mais il ne faut pas forcément les arracher car quand elles meurent et elles constituent de la matière organique. Une autre plante de la famille des gueules de loup est semi-parasite.
Chemin faisant, Yves nous montre une plante de la famille des myosotis qui se décompose au froid et à la pluie et dont les fleurs passent du bleu au rose. Il attire notre attention sur le fait que nous sommes dans un paysage de garrigue (nom d’un chêne en occitan, le Garric), ouvert et pas très haut et sans recouvrement total du sol. Dans la garrigue on trouve le chêne kermès qui produit de très beaux glands qui mettent deux ans à pousser et cet arbuste a la faculté de bien repousser après un incendie. Il se différencie du chêne vert à feuilles persistantes et dont le dessous des feuilles est blanc. Plus loin Yves nous montrera une plante parasite du chêne vert, l’osiris, de la famille du bois de santal, et qui produit des baies rouges. Le pistachier térébinthe a beaucoup d’odeur, produit des baies roses et constitue un « bon combustible » pour les incendies. Le cornouiller sanguin se présente en petit buisson et comme son nom l’indique il passe du vert au rouge à l’automne. Ses baies ne doivent pas être consommées. On ne peut ignorer la salsepareille, plante épineuse sur les tiges qui s’accroche partout et produit de belles grappes de fruits rouges.
Yves s’attarde sur le lichen constitué d’un champignon et de bactéries qui s’installe sur du sédiment (calcaire coquiller dans notre région) et sur les arbres. Il est tendre et poreux et souple après la pluie. Il participe à la dégradation de la roche. Il y a une sorte de symbiose : les deux organismes s’associent pour réussir.
Les promeneurs apprécient l’odeur de la sariette et du thym, la première fleurissant plus souvent que la seconde (printemps et fin d’été).
L’incendie qui est un élément fort de la région méditerranéenne existait aussi quand l’homme était encore peu présent, on a pu retrouver des traces d’incendie qui remontent à 30 000 voire 40 000 ans Sur le chemin on observe des traces plus récentes : celles des charrettes et des sabots des chevaux qui transportaient les blocs de pierre jusque dans les années 1950.
Nous sommes sur la limite entre Beaulieu et Restinclières et pouvons admirer une capitelle reconstituée par le propriétaire des lieux et qui autrefois constituait un abri pour les bergers. Ce petit bâti sera au programme de la soirée Regards croisés le samedi 5 novembre.
Nous opérons un virage à gauche sur un sentier bordé de murets constitués de pierres horizontales et verticales pour empêcher les moutons de les détruire. Avec la fin du pastoralisme ces murets ne sont plus entretenus et ont tendance à disparaître.
Yves nous fait découvrir le genêt scorpion, une plante sans feuilles de la famille du petit pois, qui produit des fleurs jaunes et qui pique …
A proximité d’une ligne électrique nous pouvons admirer des chênes blancs à feuilles caduques. Cet arbre préfère les terrains humides et est plus efficace l’été que le chêne vert. Le défrichage à proximité des lignes électriques et la fin du pastoralisme ont porté un coup dur à l’habitat des oiseaux.
En poursuivant notre balade, Yves attire notre attention sur l’asperge puis sur une petite liane de la famille du laurier rose très toxique (le Dompte venin), puis une plante à latex une Euphorbe de la famille de l’Hévéa qui fournit le Caoutchouc. Concernant le lierre qui enserre des arbres, Yves nous explique qu’il est seulement gênant pour les plantes qui ont du mal à pousser. Ses racines crampons restent en surface.
Sur interrogation d’un promeneur, Yves nous parle de la « guéguerre » que se livrent le pin d’Alep et le chêne vert qui sont tous deux des espèces méditerranéennes. Le pin d’Alep peut vivre 100 à 200 ans et a la faculté de repousser très vite après un incendie. Il nous parle aussi du pin pignon connu depuis l’antiquité. A cette époque, les autres pins étaient appelés « sylvestres » (ceux de la forêt).
Pour terminer la promenade car le jour baisse, Yves nous montre une « déchetterie » des fourmis où tout est recyclable avec un substrat très aéré. S’ensuit une description minutieuse du vol nuptial des fourmis adultes volantes qui laisse plus d’un(e) promeneur(euse) perplexe !
Il est 18h30, nous rejoignons notre point de départ.
Merci à Yves pour toutes ces explications en contact direct avec la nature.
Ce fut effectivement une tres agréable balade .. merci à Yves de nous partager sa passion et nous ouvrir les yeux sur les petits details de la nature .. j’ai retenu la roquette sauvage au gout poivré prononcé pour agrémenter les prochaines salades…