Archives de Catégorie: Sorties découvertes

À l’écoute des amphibiens

Dans les carrières de Beaulieu…

Samedi 26 mars 2022 à 18h30, l’association ARBRE a donné rendez-vous au parking du théâtre des carrières de Beaulieu aux amateurs d’une découverte nocturne des amphibiens. Ce rendez-vous printanier avait été annulé précédemment faute d’eau …

30 adultes et 7 enfants ont répondu présents. Aurélia Dubois, jeune herpétologue, anime cette soirée consacrée aux petits habitants des mares de la carrière du Génie. 

Le rendez-vous au parking du théâtre des carrières de Beaulieu .

En introduction, elle interroge le public sur la signification des mots : herpétologue, amphibien, habitat, espèce, impacts sur les amphibiens et nous présente les photos des espèces que nous sommes susceptibles de découvrir sur le site, riche de sept espèces d’amphibiens :

– le pélodyte ponctué
– la rainette méridionale
– le pélobate cultripède avec ses grands yeux.  Il possède une marque noire particulière au niveau des pattes en forme de « couteaux »
– le crapaud commun et le crapaud épineux : les recherches scientifiques récentes permettent, grâce à la génétique, de différencier certaines espèces des sous espèces et des changements de noms latins et de noms vernaculaires peuvent survenir. C’est le cas pour le crapaud commun et épineux.
– le crapaud calamite qui présente une belle ligne dorsale claire
– le triton palmé qui comme son nom l’indique a des pattes palmées
– le triton marbré 

Aurélia évoque le cycle de vie des amphibiens, à la fois terrestre et aquatique pour la reproduction. La ponte en amas ou en chapelet se fait dans l’eau. Les œufs donnent les têtards dont la queue va régresser, les pattes vont sortir et permettre d’amorcer la phase terrestre. Pour les tritons on assiste à une ponte parcellaire sous des feuilles, qui va, au cours du développement, revêtir une forme larvaire avec des branchies externes. 

En réponse à une question, Aurélia précise qu’en hiver les amphibiens s’enterrent pour   se protéger du froid et qu’en cas d’absence d’eau, il n’y a pas de reproduction. 

Les spécialistes prospectent à partir principalement de l’habitat et de la période de l’année par une prospection auditive (écoute des chants) et une prospection visuelle (recherche d’individus dans les mares ou en déplacement). On découvre les amphibiens dans notre région à partir du mois de février et la période faste s’étend jusqu’au mois de juin. En fonction de la pluviométrie, il peut y avoir une deuxième reproduction en automne chez certaines espèces.

Leur habitat est fragile et leur destruction par l’ urbanisation impacte les populations d’amphibiens. Ils peuvent être victimes d’un champignon très destructeur et des pollutions (ex. les pesticides). Un autre danger les menace la nuit : les automobiles. La mortalité routière en période de fort déplacement des amphibiens quand il pleut peut être très impactante pour certaines populations. Pour tenter d’y remédier, des structures scientifiques ont créé par exemple des « crapauducs » avec des bénévoles qui leur font traverser les routes à l’aide de seaux.

Concernant les piscines, Aurélia recommande d’y laisser pendre un morceau de tissu pour permettre aux « imprudents » de remonter sur le bord.

Après ces premières informations, nous cheminons jusqu’à la carrière dite du Génie, en silence si possible, pour ne pas déranger nos petits amis d’un soir.  Aurélia nous invite aussi à examiner le sol pour y découvrir grenouilles et crapauds.  Arrivés sur place, elle est seule à être équipée de cuissardes de pêcheur pour faire un premier état des lieux de la mare. La nuit arrive tout doucement. Chacun.e s’active pour débusquer un petit habitant des mares. C’est chose faite avec une petite rainette de couleur verte qui du sol se retrouve dans un « aquarium » de fortune pour être admirée de tous. On la libère assez vite et elle part en sautillant allègrement. Il s’agit d’une rainette méridionale majoritairement verte mais pouvant arborer parfois des couleurs bleu, beige, ou encore légèrement rosé.

Dans la mare, Aurélia pêche des têtards de crapauds et des tritons adultes, mâles et femelles, à l’aide d’une épuisette et d’un mini aquarium. Avec la nuit une amorce de chant se fait entendre.

On change de côté en espérant un nouveau chant. Ça marche.

Elle pêche une rainette méridionale déposée dans l’aquarium temporaire. Nous entendons un chant de grenouille rieuse parmi une dizaine de rainettes méridionales. Adultes et enfants se montrent très curieux de découvrir de très près ces quelques individus. Le triton marbré est absent des mares, signe peut être d’une population en voie de diminution par manque d’eau sur cette zone. Pour en avoir une idée précise il faut effectuer des vérifications sur plusieurs années.

Il est 20 heures passées. La fraîcheur arrive. Il est temps de regagner nos habitats.

Pour conclure, Aurélia recommande deux ouvrages de vulgarisation de bonne qualité et faciles à utiliser pour le grand public.

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Régine Paris avec la relecture attentive d’Aurélia Dubois.

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Les plantes dans la ville !

Compte-rendu de sortie en milieu urbain

Dimanche 20 mars 2022

La sortie de ce dimanche était focalisée sur deux actions : les plantes rudérales et les premiers pas dans l’utilisation de l’application Pl@ntNet dans le cadre du projet d’atlas de la biodiversité communale entrepris par l’association.

Malheureusement pour la sortie, mais pas pour la nature, la pluie était au rendez-vous ! Les sept botanistes en herbes présents ont arpenté les trottoirs des rues de Restinclières à la recherche de fissures dans le béton, d’interstices aux bords des plaques du pluvial, toutes zones propices à capturer des graines, conserver de l’humidité et de la matière organique : une bénédiction pour tout un cortège de plantes que l’on nomme des rudérales. Ces plantes sont capables de germer et se développer dans les moindres petits espaces entre béton et asphalte.

Chacun des participants, armé de son téléphone mobile et de l’application Pl@ntNet, a pu dénicher et identifier plus ou moins sûrement une vingtaine d’espèces sur quelques mètres linéaires de trottoir. La diversité sur ces zones a priori ingrates surprend toujours.

Nous en avons profité pour bien donner les rudiments de l’utilisation de l’application. Nous avons créé un groupe « ARBRE_34160 » dans Pl@ntNEt afin de pouvoir échanger les observations et avoir une rapide cartographie des lieux et espèces observées.

Nous referons une initiation à l’application d’identification des plantes à chacune des sorties pour les nouveaux venus.

Prochaine sortie : samedi 26 mars à 18h30 au parking des Carrières pour l’écoute et observations des Batraciens. 

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Texte et photos : Yves Caraglio

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Le bois du Peillou

Après l’incendie du 15 juillet 2019

Dimanche 17 octobre 2021 de 10h à midi

Répondant à l’invitation de l’association, 22 personnes sont au rendez-vous fixé par Yves Caraglio, notre botaniste préféré, à 10 heures à proximité des jardins de la Belle de mai à Beaulieu. Le soleil est aussi de la partie.

Pédagogue à souhait, Yves nous explique qu’après un épisode de cette ampleur, on a souvent le réflexe de procéder à un abattage des arbres brûlés et à leur évacuation. Ici rien n’a été fait. Cela va nous permettre d’observer la manière dont la nature a réagi. Nous longeons la faille qui avait fait l’objet d’une observation avec Dominique Gayte, géologue de formation, lors d’une sortie le 13 octobre 2019. Nous sommes en présence d’une végétation de garrigue avec une forte densité de chênes verts. Le feu s’est déplacé avec le vent. Des îlots n’ont pas brûlé. Le pin d’Alep a adoré. Ses fruits ont libéré des graines sous l’effet de la chaleur qui se sont dispersées. Nous avons affaire à un colonisateur post incendie.

Le feu a dégagé les paysages. C’est un peu le retour aux années 1930 où il y avait du pastoralisme qui a été progressivement abandonné après la Deuxième Guerre mondiale. En fonction de

Il nous montre une rutacée -la Ruta graveolens- de la famille du citronnier, à feuille composée. C’est une plante abortive. Tout près un pistachier lentisque très odorant et à feuille composée qui lui aussi repousse à partir des parties basses du tronc.
C’est l’étape de remise au sol. On repart avec la base du tronc. La plante puise dans ses réserves. En fonction du niveau du feu, la combustion a été plus ou moins forte et la réaction des plantes se fait plus ou moins bas sur le tronc ou les branches basses.
Un participant recueille une grive musicienne blessée mais encore bien vive.

Devant une filaire buissonnante, Yves observe que les repousses ne sont pas en surface. Il gratte le sol et met à nu des racines enfoncées à 5 cm l Le système est très efficace. C’est la même stratégie qu’après une sécheresse. Il trouve que c’est une belle croissance en deux ans et qu’il n’y a pas eu de mortalité violente.

Le chêne kermès (garric) est très présent aussi. Il possède des tiges sous terre avec des bourgeons. Le feu passe, enlève des concurrents et va permettre à cet arbuste de dominer grâce à sa stratégie souterraine qui est une réponse aussi à la sécheresse. Il n’a pas perdu de temps pour fabriquer des glands en l’espace de deux ans.

Il en est de même de la garance avec ses tiges garnies de poils recourbés vers le bas. Le sanglier passe, la plante va essaimer. Ça bouture tout seul. Le pigment qui donne une belle couleur rouge est dans la tige.
La salsepareille, honnie des jardiniers, a également des tiges sous terre et en profondeur des racines tubérisées. C’est une plante hyper efficace en croissance. Avec elle on observe un phénomène de contre saisonnalité : elle développe ses fleurs et fruits à l’automne profitant de la pluviométrie.

Le genêt scorpion a bien brûlé mais pas assez pour disparaître. Le bas du tronc est très profond et peut ainsi réagir en mettant en place une profusion de rejets. La plante explose. Elle puise dans ses réserves. C’est pourtant un matériau excellent pour le feu. Il permet la mise à feu. Avec ses piquants qui le protège des grands herbivores, il a une surface d’échauffement plus faible.
On observe la présence du pistachier térébinthe qui voisine ici avec son cousin le pistachier lentisque, ce qui est rare. A la différence de ce dernier son feuillage est caduque.
Le chêne vert massivement présent en garrigue repart de la souche grâce à son système racinaire. Mais ici pour cet individu il ne s’est pas mobilisé car le feu a été trop intense alors il meurt sur pied. Il n’y aura pas de régénération.
La végétation de la garrigue revêt un aspect buissonnant qui permet difficilement le passage.
Là un gros genévrier qui ne réagit pas du tout à côté d’un petit qui réagit. Son cousin le cade pousse en zone plus sèche. Il est aussi plus rond en développement. Ce n’est pas facile pour un profane de distinguer l’un de l’autre. Le genévrier a des fruits plus bleutés.
Du côté des vignes le feu a du mal à passer. Les feuilles remplies d’eau constituent un rempart naturel. Il faut plus d’énergie pour la mise à feu. Le nettoyage du sol constitue aussi un coupe-feu d’où la présence de parcelles de vigne en garrigue.
Une surprise avec la présence d’algues qui ne sont pas que dans l’eau… Dans certaines zones de la garrigue elles constituent avec les mousses et les fougères un tapis moelleux en hiver.
Les lentisques et les oliviers font leur germination et rapidement au niveau des toutes premières feuilles se développent des petits renflements qui constituent des réserves en formant un tubercule ligneux à la base du futur tronc et permettent à la plante de se régénérer après une sécheresse ou un incendie. Ici le cas d’un chêne blanc qui repousse à partir de la base de la tige d’origine enfouie dans le sol.

Nous continuons notre promenade et Yves nous montre qu’à l’abri d’un genévrier d’autres plantes -filaire, euphorbe- bénéficient de cet ombrage pour se remettre en marche. Les plantes brûlent souvent en hauteur et les petits bourgeons qui sont situés près du sol les mettent à l’abri d’un incendie fort. Ainsi on peut en conclure qu’il y a une réponse unique de tous les végétaux que l’on soit chez nous ou en Australie ou en Afrique du sud. La présence d’une masse ligneuse constitue un mécanisme très efficace face à la sécheresse ou à l’incendie. Les pins ont une autre réponse, mourir et libérer toutes leurs graines pour coloniser la place libre après l’incendie ou après une très forte sécheresse.

La manière dont la régénération s’opère (la germination des espèces) est aussi le fruit du hasard avec une distribution des graines liée à la fréquentation des disséminateurs dont les oiseaux. Ainsi les fruits des filaires et des arbousiers sont des ressources pour les oiseaux migrateurs en automne et ils participent activement à la dispersion des graines et donc à la dispersion des espèces en déféquant lors de leurs vols.
Le hasard c’est aussi un gland sur 10 000 qui va réussir à germer et se développer sur une zone rocailleuse ou le pin qui va mettre des centaines d’années pour se réimplanter dans une falaise abrupte.
Avec l’incendie, des équilibres sont modifiés. C’est difficile d’anticiper ce qui va arriver, comment telle ou telle espèce va augmenter sa population ou bien se raréfier.
Pour bien comprendre la végétation en garrigue, il faut l’observer aux quatre saisons : toutes les espèces ne sont pas visibles à chacune d’entre elle.
Après l’incendie il est bon de dresser un inventaire pour mesurer le degré d’atteinte de la végétation et notamment des arbres. Le feu a pu passer d’un côté de l’arbre qu’il a léché sans atteindre l’ensemble du pin par exemple. Celui-ci va pouvoir continuer à produire des graines. A quelques mètres on observe une situation différente, un pin est complètement calciné. A côté un poirier qui est reparti dans les parties hautes. Il a utilisé des bourgeons en réserve présents sur ses branches.
Cela change la donne du paysage à venir. Il suffit qu’il en reste un pour qu’il y ait une dynamique de la végétalisation. Le feu se propage d’abord par la présence de combustible au sol d’où l’obligation légale de débroussaillage (OLD). On cherche aussi à créer des discontinuités verticales pour éviter la propagation du feu dans la cime des arbres et ainsi réduire son intensité. La mise à distance des arbres par abattage sélectif et parcimonieux permet de créer des discontinuités horizontales, c’est pour cela aussi que l’on implante des parcelles de cultures pour freiner la propagation horizontale du feu, c’est le rôle des couloirs de déboisement moins esthétiques et moins écologiques.

Faire de la prévention coûte cher mais constitue une dépense d’énergie bien utile. Après incendie, couper le bois brûlé et l’évacuer constitue une mesure nécessaire selon la densité du peuplement d’arbres à l’origine et selon l’intensité du feu. Si on coupe : il faut absolument évacuer sinon les rémanents laissés au sol deviennent une source de danger pour la mise à feu. Dans le bois du Peillou, il n’y a pas eu d’intervention. On observe une recolonisation naturelle, la densification de la végétation favorise la recolonisation aussi par les animaux, c’est le retour des lapins. La nature s’organise. Dans les carrières, un cas extrême de perturbation car on enlève le sol et ça repousse.

On peut voir une grande diversité d’habitats. L’action de non intervention peut être profitable mais nécessite un temps long pour mettre en place la végétation et des équilibres entre les différents organismes.
Merci à Yves toujours en symbiose avec la nature et jamais avare d’explications claires et foisonnantes.


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Régine Paris avec la relecture indispensable d’Yves Caraglio.
Merci au photographe : Patrick Paris

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Sortie nature « les arbres remarquables » 

Journées du patrimoine

Samedi 18 septembre 2021

A l’occasion des Journées du Patrimoine, Yves Caraglio, chercheur et botaniste de l’association A.R.B.R.E, nous propose une balade mi-urbaine, mi-rurale à la découverte de quelques beaux arbres de nos villages. Le rendez-vous  est fixé sur le parking de la pharmacie de Beaulieu-Restinclières à 16h30. Yves est accompagné de Claire Atger, spécialiste du système racinaire et Pascal Genoyer, tous deux professionnels de l’arbre dans la ville.

Nous sommes 25 adultes et 2 enfants en quête de nouvelles découvertes.

En introduction Yves rappelle les critères intervenant dans le classement d’un arbre comme « remarquable » : sa dimension, une forme particulière, son appartenance à une espèce rare localement, son aspect historique.

Une association dénommée ARBRES (https://www.arbres.org/) classe, étiquette les arbres dits remarquables. Cela offre un statut de protection et des précautions d’usage à des fins de conservation.

Nous cheminons sur la route de Restinclières et pouvons observer une chênaie verte de hauteur moyenne sur la partie droite de la route avec un chêne blanc plus clair qui se détache de l’ensemble. On aperçoit à distance sur le trottoir de gauche une silhouette massive, plus claire. On peut voir à travers. En approchant on constate qu’il s’agit de deux arbres avec des densités de feuillage différentes, le gros cache le petit. L’un d’eux comprend plein d’axes morts. On peut parler de « dépérissement » pour des questions climatiques ou d’âge. Une météo très sèche va activer la mortalité. Il est mal parti. C’est sans doute un rescapé de la garrigue dans laquelle on utilisait autrefois certains arbres pour assurer de l’ombre aux moutons. Les constructions d’habitations ont entamé la garrigue mais certains arbres ont été épargnés quand ils se trouvaient en limite de parcelles. Le chêne vert que nous avons sous les yeux a subi des coupes de racines dans le cadre des aménagements de voirie à l’origine peut-être de ses difficultés actuelles. Les jours de ce bel arbre sont comptés…

Chêne vert

Sur le trottoir de droite nous sommes devant un chêne multi-troncs. Cet arbre a subi plusieurs coupes notamment pour récupérer du bois de chauffage. On a affaire à une cépée.

Arrivés près des écoles, nous traversons pour nous rapprocher du stade et là on observe une filaire qui appartient à la famille des oliviers, elle est chargée de petits fruits noirs.

La balade se poursuit le long du ruisseau du Mas du Lauriol. Là, les arbres ont davantage de ressources. On devrait trouver des gros diamètres mais ce n’est pas le cas ici. Peut-être y-a-t-il eu des coupes et des remplacements d’arbres ? Des frênes sont présents. Par suite de rabotages et étêtages successifs des branches sèchent. L’arbre résiste bien néanmoins aux coups de vent du nord qui assurent une pression constante mais moins bien aux coups de vent du sud plus rares. Un risque de fragilisation de l’arbre existe avec de la casse et du déracinement. En revanche, l’arbre peut pousser en position inclinée sans dommage particulier. On observe qu’après un « ravalement de tête », le lierre a disparu. Yves en profite pour revenir sur des idées préconçues à propos de cette plante que l’on s’évertue souvent à couper.  Le lierre ne rentre pas dans le tronc, il reste en périphérie. Ainsi l’écorce de l’arbre est à l’abri du soleil et garde l’humidité. Si l’arbre pousse correctement, le Lierre ne dépasse pas l’arbre. Si l’arbre dépérit le lierre passe au-dessus. Ici certains arbres ont environ 70 ans. Le caractère remarquable peut aussi concerner  les soudures des rejets après des coupes. On peut trouver de beaux exemples dans la forêt de Tronçais dans l’Allier.

Au bout du chemin qui serpente le long du Lauriol nous arrivons devant le joli pont de pierre sur la route départementale 610 qui a fait l’objet d’un réaménagement pour en faciliter le franchissement par les piétons. Cette route est plantée d’un alignement de platanes. Cet arbre introduit en France vers 1780 a des origines géographiques diverses. Le platane d’Orient natif de Grèce est arrivé en Italie via Rome. Le platane d’occident vient des États-Unis et s’est acclimaté en Europe. C’est un hybride de ces deux espèces que l’on trouve le long des routes. Bien qu’hybride, il est propagé par bouture mais a aussi un petit potentiel de colonisation naturelle par graine. Ce type de plantations en alignement routier assurait de l’ombre et une visibilité d’approche. C’est un bois dur qui permettait la fabrication des étals de boucher. Il a d’autre part une très forte capacité à fermer ses plaies. Les racines se soudent entre elles et peuvent former à l’occasion une sorte de trottoir. Après une coupe il refait du bois de chauffage en deux/trois ans d’où la pratique de faire des coupes basses. Il est aussi remarquable par sa hauteur (30m et plus). Enfin il présente parfois l’originalité d’absorber ce qui l’entoure comme les pieds des bancs de la promenade du Peyrou à Montpellier.  Ses racines peuvent faire la taille des troncs précise Claire comme on peut le voir à Fontmagne au bord du Bérange.

Les platanes sur la D 610 qui traverse Restinclières.

Nous circulons sur une voie piétonne aux abords du nouveau lotissement. Petit clin d’oeil à une aubépine à ne pas confondre avec l’azérolier, preuve à l’appui après examen de la baie rouge par Yves qui compte le nombre de style restant sur le fruit (un seul : aubépine, plusieurs : azérollier).

Après les jeux pour enfants très fréquentés ce samedi après-midi, nous arrivons à un carrefour qu’orne un très beau peuplier blanc généreux qui ne ressemble pas au peuplier noir habituel en faisceau ou cylindrique (port fastigié). Yves indique que le peuplier est un arbre qui forme une large couronne. On peut voir de beaux peupliers noirs au bord de la Mosson. 

Peuplier blanc.

Sur le chemin du château menant chez Louise Achard, nous nous arrêtons devant un frêne à feuilles étroites dont le tronc héberge un champignon marron. Yves nous explique que ce champignon s’est d’abord développé à intérieur du tronc puis il a sorti ses fructifications. Entre l’arbre et le champignon s’opère un échange mutuel : l’arbre fournit les produits de la photosynthèse et le champignon l’eau et des éléments minéraux qui alimentent les racines de l’arbre. En cas de déséquilibre, l’arbre peut dépérir.

Le clou de la sortie est un magnifique platane dans la propriété de la vice-présidente d’A.R.B.R.E. Nous nous plaçons à l’aplomb de sa couronne qui mesure quelques 24 mètres de diamètre (haut-pied). Le tronc mesure 80 cm de diamètre environ. Yves nous signale un platane à Lamanon (Bouches-du-Rhône) dont la couronne mesure 50 mètres de diamètre. Normalement le platane « marcotte » en émettant des racines sur les branches qui touchent le sol. Quand on ramasse ses feuilles tombées au sol on le prive de nourriture, on interrompt le cycle naturel en empêchant des insectes et des bactéries de se développer. Yves décortique une boule de platane (ensemble de fruits) pour en extraire un fruit contenant une graine minuscule à l’intérieur. S’agissant d’un arbre hybride, cela ne donnera rien. Il nous montre les petits poils qui provoquent de l’allergie quand les fruits sont mûrs à l’automne et au printemps sur les jeunes pousses.

Nous arrivons à la fin de la promenade « remarquable » pour toutes les petites découvertes que nous avons faîtes sous un ciel clément avec une température des plus agréables. Il y aura une suite nous promet Yves.

Il nous reste à remercier chaleureusement notre guide toujours très pédagogue et ses deux collègues, Claire et Pascal, qui ont complété ses explications.

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Régine Paris 
Merci aux photographes Sylvie et Patrick

Les arbres en milieu urbanisé

Dimanche 4 juillet 2021

Pour faire suite à la sortie avec Claire Adger – la botaniste spécialiste du développement du système racinaire des arbres – sur l’aspect des racines des arbres, ce rendez-vous qui était à 18 h au centre du village avec Yves Caraglio – ingénieur de recherche au Cirad-UMR de Montpellier – avait pour but de découvrir les contraintes rencontrées par les arbres face à l’urbanisation.

Une quinzaine de personne a suivi Yves Caraglio au son des cigales, et n’ont pas manqué de poser différentes questions au botaniste de l’association.

Lieu du rendez-vous pour découvrir l’adaptation des arbres en milieu urbanisé à Beaulieu.

L’arbre développe sans cesse son système de branches et de racines. Durant ses premières années, il investit dans la construction du tronc. Pour réussir, il doit s’enraciner et mettre en place suffisamment de branches pour capter l’énergie du soleil. Des branches ne poussent plus et meurent, c’est le résultat d’équilibres qui se mettent en place : c’est lui qui est le plus apte à décider des parties qui sont favorisées ou abandonnées.

L’arbre : une composante majeure du village 

Sur la place du village trônent de vieux arbres, et des jeunes individus plantés récemment

Par exemple, près de la fontaine et du terrain de boule, avec ce micocoulier natif du milieu (bien avant l’enrobage du sol par le bitume). Sa hauteur est un indicateur qu’il trouve de la ressource dans le sol. Yves explique que les racines de l’arbre se sont très certainement étendues jusqu’au stade (30 mètres d’envergure).

Autre exemple d’un arbre ancien qui a trouvé sa nourriture dans le sol (malgré les travaux de voirie notamment) avec ce magnifique tilleul près du restaurant sur la place. D’autres arbres ayant trouvé moins de ressources dans le sol (ou ayant subit des dommages de racines sectionnés lors de différents travaux de voiries) se sont moins développés en hauteur mais se sont adaptés, comme on le voit avec cet Ailante qui lui aussi a été planté (espèce introduite pour l’élevage des vers à soie).

• Et ces jeunes tilleuls plantés lors de l’aménagement du parking des commerces tout le long du stade, semblent eux aussi trouver de la ressources dans le sol bien que certains aient pris des coups de soleil (une échaudure : écorce qui s’effrite, et des petites tiges qui poussent sur le tronc pour compenser le phénomène)..

Jeune tilleul planté en milieu urbanisé.

Le botaniste a expliqué que les épisodes de pluies conditionnent la croissance des arbres. Cette nuit il y a eu 15 mm de précipitation sur le village. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant au regard de la sécheresse installée.
Dans le temps il y avait beaucoup plus de précipitation qui remplissaient les nappes à l’automne, aujourd’hui les nappes ne sont plus assez alimentées, il y a moins de précipitations et de plus le réseau d’eau pluvial canalise l’eau ailleurs, et le sol est de plus en plus imperméabilisé et de ce fait l’eau de pluie n’arrive pas dans sa totalité jusqu’à la nappe phréatique.

Sur cette rue du stade, Yves nous fait découvrir des arbres qui se sont adaptés aux blessures de l’urbanisation, des incidents climatiques aussi, et il nous explique comment le découvrir en observant les troncs, les branches, les cimes des arbres, et les racines, plus difficiles à localiser mais il y a parfois des indices de leur présence avec des soulèvements du sol.

Ici un micocoulier dont l’origine de l’implantation nous montre qu’il colonise le domaine public et le domaine privé « les arbres ne lisent pas la réglementation ! ». On voit bien le côté calcaire coquillier (type de roche calcaire constituée de restes d’organismes marins).

Yves aborde également les rejets mis en place, un reflex de survie de l’arbre quand il subit un traumatisme. L’idéal c’est de les lui laisser mais dans l’espace public on a tendance « à faire propre » à la demande de la population et de fait, ces pratiques de « nettoyage » des rejets sont généralisés. Cette réaction des végétaux est une réponse naturelle de l’arbre aux modifications de son milieu de vie, ce n’est pas « sale » comme on l’entend trop souvent.

Aparté sur une cigale venue rejoindre le groupe par hasard.

Sur cette partie du parcours Yves montre un mûrier à papier qui, d’une racine, a repris sur le bord de la route. Des espèces s’installent naturellement. Et selon l’état de ressource du sol ces arbres auront des croissances différentes. En évoquant toujours le problème du domaine public et du domaine privé « où met-on la priorité ? ».

Que fait-on des arbres en place ? Il faut bien considérer cet questionnement dans un aménagement des réseaux, et le sujet a été abordé sur cette portion du parcours.
L’arbre ne peut pas compenser une importante section de racines. Yves précise qu’au niveau national il y a actuellement une réflexion réseaux v/s racines.

« Plus l’arbre est haut, plus il a des chances de tomber. » C’est faux explique Yves. Rraccourcir un arbre c’est le mettre en danger de périr. Si une espèce atteint une certaine hauteur c’est uniquement grâce à la ressource qu’elle trouve dans le sol.

Selon que les arbres se trouvent sur le réseaux aériens (on constate les contraintes de tailles avec les rejets) ou le long de l’enfouissement des réseaux (cf. article Midi Libre 1article 2) les espèces s’adaptent, souffrent, ou parfois meurent. Les racines peuvent se construire autour des réseaux enfouis.

Autre exemple avec un peuplier qui a des cicatrices de tailles. Des fentes de croissances. Il se dégrade depuis une quinzaine d’année : sécheresse, travaux, et peut-être un arrosage de jardin régulier au début et puis stoppé par la suite… Un olivier en contrainte de compétition avec d’autres individus.

En passant devant la cour des écoles on constate un changement de niveau de terrain, et une différence d’adaptation des arbres, comme avec les chênes verts pour lesquels ont découvre les racines en surface qui s’emmêle aux gros cailloux.

Sur le parking des écoles il y a les traditionnels mûriers platanes qui eux aussi trouve à s’épanouir dans ce milieu urbanisé, certainement en raison du sol à cet endroit humide en profondeur.

Fin de balade instructive en revenant sur le lieu de départ Yves nous montre un des jeunes tilleuls plantés sur le parking le long du stage. Celui-ci a pris des coups de soleil (écorce qui s’effrite, et tiges qui poussent sur le tronc pour compenser le traumatisme).

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Observer les oiseaux

Matinée dans la plaine

Samedi 22 mai 2021 l’A.R.B.R.E. proposait une sortie matinale à la découverte des oiseaux dans la plaine de Beaulieu-Restinclières au printemps, une période de nidification. Une belle façon de commencer la journée en ce jour de fête internationale de la biodiversité

La balade à commencer par le chant du coq de 7 h du matin ! Très vite le groupe des 12 participants a pu entendre, et/ou observer aux jumelles les variétés suivantes dans les espaces ouverts de la plaine riches d’une mosaïque de milieux agricoles alternant friche ou pâtures, luzerne et colza :

Bruant proyer (Photo : Yves Caraglio)

 Fauvette mélanocéphale – Rossignol Philomèle – Étourneau Sansonnet 

Faucon crécerelle (Photo : Yves Caraglio) 

Milan noir – Buse Variable (observée au sommet d’un pin) – Hirondelle de cheminée – Sterne Hansel en vol, venue du bord de la mer (10 km) pour chasser les criquets en plongeant dans le blé. 

On a pu entendre et/ou observer aux jumelles les variétés suivantes dans les parties boisées de la plaine (espaces fermés) les oiseaux suivants : une Huppe Fasciée – un couple de Pie Grièche à tête rousse.

Couple de Pie Grièche à tête rousse (Photo : Yves Caraglio) 

Yves Caraglio, qui conduisait la sortie à la place du spécialiste qui n’a pas pu venir, expliquait au groupe le plancton aérien qui est l’équivalent aérien (atmosphérique) du plancton marin. Ce « plancton » alimente notamment les hirondelles et martinets. La nuit, il alimente les chauves-souris et les araignées. Le plancton aérien est la principale source de nourriture des oiseaux.

Aussi en bon botaniste, il a informé que la population d’insectes a bien chutée en raison de la sécheresse de l’été dernier notamment.

L’observation s’est terminée avec l’écoute et la vue des oiseaux suivants : le Loriot d’Europe, le Serin Cini, le Geai des Chênes que le groupe a eu la chance d’observer de près sur les branches basses d’un pin.

Le Serin Cini (Photo : Yves Caraglio)
Le Geai des Chênes (Photo : Yves Caraglio)

Et nous n’avons pas eu la chance d’observer les oiseaux suivants et présents habituellement sur le site comme l’ outarde canepetière une espèce menacée qui fait l’objet d’un programme de conservation au niveau national. Le groupe aurait aussi apprécié d’observer le Rollier, la tourterelle des bois, le Garde-Bœuf aussi !

L’outarde Canepetière (Photo : Yves Caraglio)

Tous ces oiseaux étaient en activité de chasse, de conservation de leur territoire, et même d’apprentissage du chant. La richesse du biotope de la plaine est favorisé par les espaces ouverts (la plaine) et les espaces fermés (les bois). Le cours d’eau « La Gendarme » qui traverse ses deux espaces, fermés et ouverts, enrichit, lui aussi, la biodiversité locale. 

Maintenant écoutez 🐦 🌳 🎶

Lien vers la vidéo publiée sur la page Facebook de l’A.R.B.R.E : https://www.facebook.com/ARBRE34160/videos/828511897769760

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