Sortie à Beaulieu le dimanche 4 juillet 2021
Pour faire suite à la sortie avec Claire Adger – la botaniste spécialiste du développement du système racinaire des arbres – sur l’aspect des racines des arbres, ce rendez-vous qui était à 18 h au centre du village avec Yves Caraglio – ingénieur de recherche au Cirad-UMR de Montpellier – avait pour but de découvrir les contraintes rencontrées par les arbres face à l’urbanisation.
Une quinzaine de personne a suivi Yves Caraglio au son des cigales, et n’ont pas manqué de poser différentes questions au botaniste de l’association.

L’arbre développe sans cesse son système de branches et de racines. Durant ses premières années, il investit dans la construction du tronc. Pour réussir, il doit s’enraciner et mettre en place suffisamment de branches pour capter l’énergie du soleil. Des branches ne poussent plus et meurent, c’est le résultat d’équilibres qui se mettent en place : c’est lui qui est le plus apte à décider des parties qui sont favorisées ou abandonnées.
L’arbre : une composante majeure du village
Sur la place du village trônent de vieux arbres, et des jeunes individus plantés récemment
Par exemple, près de la fontaine et du terrain de boule, avec ce micocoulier natif du milieu (bien avant l’enrobage du sol par le bitume). Sa hauteur est un indicateur qu’il trouve de la ressource dans le sol. Yves explique que les racines de l’arbre se sont très certainement étendues jusqu’au stade (30 mètres d’envergure).
Autre exemple d’un arbre ancien qui a trouvé sa nourriture dans le sol (malgré les travaux de voirie notamment) avec ce magnifique tilleul près du restaurant sur la place. D’autres arbres ayant trouvé moins de ressources dans le sol (ou ayant subit des dommages de racines sectionnés lors de différents travaux de voiries) se sont moins développés en hauteur mais se sont adaptés, comme on le voit avec cet Ailante qui lui aussi a été planté (espèce introduite pour l’élevage des vers à soie).
Micocoulier ancien sur la place du village. Tilleul ancien à l’arrière plan derrière le restaurant. Plusieurs adaptations possibles au milieu urbanisé, ici l’ailante qui avait été planté pour le ver à soie.
• Et ces jeunes tilleuls plantés lors de l’aménagement du parking des commerces tout le long du stade, semblent eux aussi trouver de la ressources dans le sol bien que certains aient pris des coups de soleil (une échaudure : écorce qui s’effrite, et des petites tiges qui poussent sur le tronc pour compenser le phénomène)..

Le botaniste a expliqué que les épisodes de pluies conditionnent la croissance des arbres. Cette nuit il y a eu 15 mm de précipitation sur le village. C’est bien, mais ce n’est pas suffisant au regard de la sécheresse installée.
Dans le temps il y avait beaucoup plus de précipitation qui remplissaient les nappes à l’automne, aujourd’hui les nappes ne sont plus assez alimentées, il y a moins de précipitations et de plus le réseau d’eau pluvial canalise l’eau ailleurs, et le sol est de plus en plus imperméabilisé et de ce fait l’eau de pluie n’arrive pas dans sa totalité jusqu’à la nappe phréatique.






Sur cette rue du stade, Yves nous fait découvrir des arbres qui se sont adaptés aux blessures de l’urbanisation, des incidents climatiques aussi, et il nous explique comment le découvrir en observant les troncs, les branches, les cimes des arbres, et les racines, plus difficiles à localiser mais il y a parfois des indices de leur présence avec des soulèvements du sol.
Ici un micocoulier dont l’origine de l’implantation nous montre qu’il colonise le domaine public et le domaine privé « les arbres ne lisent pas la réglementation ! ». On voit bien le côté calcaire coquillier (type de roche calcaire constituée de restes d’organismes marins).
Yves aborde également les rejets mis en place, un reflex de survie de l’arbre quand il subit un traumatisme. L’idéal c’est de les lui laisser mais dans l’espace public on a tendance « à faire propre » à la demande de la population et de fait, ces pratiques de « nettoyage » des rejets sont généralisés. Cette réaction des végétaux est une réponse naturelle de l’arbre aux modifications de son milieu de vie, ce n’est pas « sale » comme on l’entend trop souvent.












Sur cette partie du parcours Yves montre un mûrier à papier qui, d’une racine, a repris sur le bord de la route. Des espèces s’installent naturellement. Et selon l’état de ressource du sol ces arbres auront des croissances différentes. En évoquant toujours le problème du domaine public et du domaine privé « où met-on la priorité ? ».
Que fait-on des arbres en place ? Il faut bien considérer cet questionnement dans un aménagement des réseaux, et le sujet a été abordé sur cette portion du parcours.
L’arbre ne peut pas compenser une importante section de racines. Yves précise qu’au niveau national il y a actuellement une réflexion réseaux v/s racines.
« Plus l’arbre est haut, plus il a des chances de tomber. » C’est faux explique Yves. Rraccourcir un arbre c’est le mettre en danger de périr. Si une espèce atteint une certaine hauteur c’est uniquement grâce à la ressource qu’elle trouve dans le sol.
Selon que les arbres se trouvent sur le réseaux aériens (on constate les contraintes de tailles avec les rejets) ou le long de l’enfouissement des réseaux (cf. article Midi Libre 1 – article 2) les espèces s’adaptent, souffrent, ou parfois meurent. Les racines peuvent se construire autour des réseaux enfouis.
Autre exemple avec un peuplier qui a des cicatrices de tailles. Des fentes de croissances. Il se dégrade depuis une quinzaine d’année : sécheresse, travaux, et peut-être un arrosage de jardin régulier au début et puis stoppé par la suite… Un olivier en contrainte de compétition avec d’autres individus.
En passant devant la cour des écoles on constate un changement de niveau de terrain, et une différence d’adaptation des arbres, comme avec les chênes verts pour lesquels ont découvre les racines en surface qui s’emmêle aux gros cailloux.
Sur le parking des écoles il y a les traditionnels mûriers platanes qui eux aussi trouve à s’épanouir dans ce milieu urbanisé, certainement en raison du sol à cet endroit humide en profondeur.
Fin de balade instructive en revenant sur le lieu de départ Yves nous montre un des jeunes tilleuls plantés sur le parking le long du stage. Celui-ci a pris des coups de soleil (écorce qui s’effrite, et tiges qui poussent sur le tronc pour compenser le traumatisme).