Samedi 23 mars 2024
ARBRE et Aurélia Dubois

- Les carrières assoiffées…
La sortie amphibiens programmée initialement le 9 mars a été reportée en raison d’une météo pluvieuse, très appréciée des grenouilles, mais un peu moins du public. Samedi 23 mars, Aurélia, technicienne en environnement, spécialisée en herpétologie (reptiles et amphibiens), nous accueille à 18h30 à l’ancien lagunage dans la plaine de Beaulieu, à proximité d’une mare naturelle et de la Gendarme, un modeste affluent de la Bénovie. Depuis quelques années, nous devons renoncer au site des carrières de Beaulieu, faute d’eau. Onze personnes sont présentes dont une fillette qui acceptera d’épauler Aurélia dans la recherche des petits habitants de la mare. Le vent contribue à rafraîchir l’atmosphère et hâtera notre balade autour de la mare et de la Gendarme.

La foire aux questions pour les curieux…
Quelques éléments de vocabulaire ouvrent la soirée :
- Pourquoi parler des « amphibiens » plutôt que des « batraciens » ?
Le vocabulaire évolue et le terme « batracien » est un peu ancien. Le terme « amphibien » exprime mieux la double vie aquatique et terrestre des espèces étudiées (amphi = double et bios = vie).
Toutefois, les deux termes continuent de s’employer. - De quelles espèces allons-nous parler, demande Aurélia ?
Les réponses fusent : des grenouilles, des rainettes, des salamandres, des tritons, des crapauds… Le cru de cette année est déjà bien expert ! - Qu’est-ce qui différencie les reptiles des amphibiens ?
Réponse : la principale différence et la plus facile à reconnaître est d’observer leur peau ! Les reptiles possèdent des écailles tandis que les amphibiens possèdent une peau lisse ou granuleuse constellée de glandes.
Attention ⚠ ne pas confondre les salamandres et les tritons avec les lézards ! Le critère de la peau est infaillible. - Et comment différencier les amphibiens ?
Aurélia précise que les amphibiens se divisent en deux groupes : les « anoures » (sans queue) comme les crapauds et les grenouilles et les « urodèles » (avec queue) comme les tritons et les salamandres. On peut les différencier par :
– La morphologie générale
Une tête plus ou moins fine, la longueur des pattes, la largeur des flans. Le crapaud a de grosses glandes derrière les yeux et ses pupilles sont horizontales alors que celles de la grenouille sont verticales.
– La taille
Certaines espèces sont de grandes tailles et d’autres plus petites.
– La peau
Les pustules caractérisent les crapauds, les grenouilles ayant une peau plus lisse.
– Le chant
C’est un élément important de distinction. La couleur des sacs vocaux est un critère de distinction chez certaines espèces de grenouilles.
– La coloration
Un élément de distinction plus aléatoire, la même espèce pouvant revêtir des colorations différentes.
– Les pontes
Trace et indice intéressants permettant de différencier les espèces, ponte en chapelet, en amas ou encore sous une feuille.
– Les têtards
Non vus ici cela sera un élément précisé lors de la prochaine sortie.
1000 et une menaces…
On aborde ensuite les dangers qui menacent la survie des amphibiens :
- Les multiples prédateurs comme les poissons et larves de libellules sous forme de têtards.
- La sécheresse accentue la diminution de l’eau dans les mares et perturbe la reproduction des amphibiens.
- L’urbanisation et les routes causent de véritables hécatombes. Pour lutter contre ce fléau, on aménage des passages, on ferme des routes la nuit et on invite les automobilistes à ralentir.
- La pollution avec notamment les pesticides qui causent une mortalité directe dans les mares. Les amphibiens ont une peau très fragile. On encourage les particuliers à ne pas utiliser de pesticides dans les jardins et à créer une mare.
- La destruction directe par coup de pelle. Pour rappel, en France, les amphibiens et les reptiles sont protégés. Il est interdit de tuer un amphibien ou de perturber son développement.
Et plouf dans la piscine …
Pour les aider à sortir d’une piscine, on peut utiliser un morceau de tissu ou de bois qu’on laisse entre l’eau et le rebord de la piscine. En dernier recours, on peut prendre une épuisette désinfectée et récupérer l’animal sans le manipuler. Le disposer dans le fond du jardin vers une souche ou une grosse pierre.
Une biodiversité riche…
Aurélia aborde ensuite les amphibiens présents dans notre région parmi les quelques 7 000 espèces recensées dans le monde :
- La Rainette méridionale à distinguer de la Rainette verte, la première se caractérisant par une ligne noire qui s’arrête à mi-parcours ;
- Le Pélodyte ponctué qui porte des tâches vert fluo et possède un petit chant caractéristique de boules de pétanque qui s’entrechoquent ;
- Le Triton palmé identifiable par ses palmures aux pieds ;
- Le Triton marbré avec ses belles marbrures vertes et noires et sa crête dorsale ;
- Le Crapaud commun absent dans notre région et présent dans le Nord à la différence du Crapaud épineux. Ces deux espèces se différencient génétiquement ;
- Le Crapaud calamite est caractérisé par une ligne dorsale et des glandes parotoïdes qui produisent des sécrétions un peu blanches si l’animal est stressé ;
- Le Pélobate cultripède présent dans d’autres communes. Il a un chant qui rappelle celui d’une poule.
Il est équipé de petits couteaux sous les pattes qui lui permettent de creuser le sol.

Une double vie…
Aurélia rappelle les deux phases de la vie d’un amphibien :
- Aquatique pour la ponte des œufs deux fois par an dans notre région : printemps et automne.
- Terrestre.
Les crapauds sont plus terrestres que les grenouilles.
Les pontes
Le vent qui souffle ce soir est défavorable aux déplacements des amphibiens.
Aurélia nous fait un jeu sur les pontes des amphibiens. Elle nous montre des photos d’œufs d’amphibiens et demande aux personnes présentes d’essayer de les identifier. L’exercice est difficile pour les néophytes mais il y aura quelques bonnes réponses :
- Un œuf de Triton palmé sur une feuille,
- Un chapelet/collier d’œufs en grande quantité pour le Crapaud épineux, – les œufs de Pélodyte ponctué autour d’une brindille, – entre 10 et 30 œufs de Rainette sur des brindilles.

Aurélia fait remarquer que la taille du têtard ne détermine pas sa taille adulte, comme le têtard du Pélobate cultripède. Elle nous montre une réplique de Grenouille verte, de la Salamandre et d’une dendrobate tropicale bleue… magnifique !

Déambulation…
Pendant toutes ces explications le Petit Duc scop nous a accompagnés de son chant caractéristique. La fraîcheur du soir nous invite à nous déplacer pour tenter de découvrir le petit peuple des mares. Seule Aurélia est équipée pour s’approcher doucement de la mare accompagnée de sa petite assistante qui porte un aquarium de fortune destiné à recevoir très temporairement quelques échantillons. La pêche ne sera pas très riche à la différence des années précédentes.
Aurélia identifie un triton palmé et quelques têtards de Pélodyte que l’on peut admirer. On se déplace ensuite au bord de la Gendarme où l’on pourra admirer plusieurs Grenouilles rieuses caractérisée par une ligne verte sur le dos, de grandes pattes et une tête fine. Après avoir joué la star elle nous quitte vers d’autres lieux connus d’elle seule.

Nous revenons au camp de base et avant de nous dire au revoir, Aurélia nous redit son goût et son admiration pour ces animaux du soir. Elle nous fait écouter un enregistrement du chant du Pélodyte ponctué qui fait penser au bruit de deux boules de pétanque qui s’entrechoquent. Nous lui souhaitons aussi bonne chance pour le concours qu’elle s’apprête à passer.

Régine Paris avec la relecture précieuse d’Aurélia.










































