Vendredi 16 mars 2018
Les carrières de Beaulieu (34160)
A l’initiative de l’association ARBRE (Association Restinclières-Beaulieu pour le Respect de l’Environnement) et après une inscription sur Helloasso (un site Internet dédié aux associations), une trentaine de participants dont six enfants se sont retrouvés à la nuit tombante sur le parking du théâtre des carrières à Beaulieu pour une découverte des petits habitants peuplant en cette fin d’hiver les mares des carrières du génie.
Equipés d’écouteurs fournis par Yves Caraglio, chercheur au CIRAD et bénévole de l’association, et guidée par deux jeunes naturalistes, Jérémy Jalabert et Karline Martorell, la petite troupe s’est dirigée tranquillement vers le lieu de reproduction des grenouilles, crapauds et tritons présents sur le site.
Chemin faisant nos guides ont expliqué qu’après un hiver au chaud, la période de reproduction était arrivée. Le niveau d’eau est satisfaisant. Equipés de lampes frontales ou de lampes de poche, les participants, grands et petits, étaient invités à scruter l’eau pour découvrir les hôtes de ces mares temporaires, tout en tendant l’oreille pour distinguer, parmi les mâles chanteurs, les vocalises de différentes espèces. Il s’agit en effet de signaux acoustiques destinés à charmer les femelles.
Sur plus de 30 espèces d’amphibiens présentes en France, 17 vivent dans notre région et 8 ont été identifiées à Beaulieu.
Jérémy et Karline rappellent que les amphibiens ont de tous petits poumons et respirent aussi par la peau qui, de ce fait, est très sensible. Il faut donc éviter de les manipuler avec les mains. C’est la raison pour laquelle ils ont apporté des petits bacs en plastique transparent dans lesquels, après les avoir remplis d’eau, les amphibiens seront déposés pour être observés puis relâchés. Ils rappellent qu’au même titre que les serpents, les amphibiens font partie des espèces protégées. Nos jeunes animateurs font circuler des fiches documentaires colorées pour permettre au public de se familiariser avec les espèces présentes sur le site.
En tendant l’oreille, on peut distinguer deux espèces : le Crapaud calamite dont le chant est régulier et la Rainette méridionale dotée d’un son plus aigu. A la différence de ces derniers, les tritons ne chantent pas. Quant à la salamandre, elle vit dans l’arrière-pays. On n’en verra donc pas.
Pour chanter, les mâles gonflent leur sac vocal. Le chant permet d’identifier chaque espèce. Notre présence va peut-être limiter la force vocale des petits habitants des mares mais nous restons confiants et nous ne serons pas déçus. Les enfants sont aux aguets.
Jérémy et Karline chaussés de grandes bottes et d’épuisettes partent à la pêche aux batraciens dans les deux mares. Jérémy nous fait découvrir rapidement sur une pierre une ponte de crapaud calamite qui se présente comme un long ruban que l’on s’empresse de prendre en photo. Les enfants se précipitent. Puis c’est au tour d’un Triton palmé femelle de faire escale dans l’épuisette : il existe deux espèces de tritons chez nous, le Triton palmé et le Triton marbré, trois fois plus gros.
Bonne pêche : une Rainette et un Crapaud calamite mâle avec des bras costaux et sous les doigts des tâches noires, callosités nuptiales destinées à attraper les femelles… Au tour de Karline de pêcher trois crapauds calamites, dont deux mâles, qu’elle installe dans une boîte remplie d’eau. Un Crapaud commun mâle vient nous faire la révérence : il a des callosités sur les deux ongles. Il est ordinairement deux fois plus gros que le crapaud calamite et présente un aspect plus granuleux. A la différence du crapaud calamite qui a les yeux verts, il a des yeux rouges (orangés plus on remonte vers le nord de la France).
La soirée se révèle propice à la découverte, avec un Triton marbré femelle, caractérisé par une ligne orange sur le milieu du dos puis un Triton marbré mâle, reconnaissable à sa crête dorsale, formée à partir d’un repli de peau. Les tritons, dotés d’une queue, avancent plus vite et sont de ce fait plus difficiles à attraper. Les femelles pondent 2 à 3 œufs dans la végétation. De mai à octobre/novembre ils mènent une vie terrestre. Ils sortent plus facilement en milieu humide.
Au jeu on dirait bonne pioche ! Nous avons pu observer 5 espèces sur les 8 répertoriées dans les carrières de Beaulieu. Les enfants se sont révélés de fins observateurs passionnés. Ils ont pu voir de près et toucher délicatement les grenouilles, crapauds et autres tritons. Espérons qu’à la manière de ce que préconisaient Célestin et Elise Freinet, promoteurs d’une pédagogie active, ils garderont un souvenir durable de leurs découvertes.
Jean-Pierre Fels, président de l’association organisatrice de la soirée, propose aux participants de poursuivre leur découverte en consultant sur le site de l’ARBRE la documentation déposée par Jérémy et Karline.
À 20h30 nous regagnons les voitures un peu plus savants et dans un concert que notre présence n’a pas trop perturbée au final.
Merci à Jérémy et à Karline pour leurs explications et leur disponibilité et à Yves Caraglio pour la fourniture des écouteurs.
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Régine Paris
avec la relecture de Jérémie Jalabert
Jérémy JALABERT
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